Langueur de septembre

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Les silhouettes crochues des arbres, encore teintées des ombres de la nuit, se détachaient sur le bleu doux du ciel. Elles étaient si noires qu’elles semblaient bleuir. Des écharpes de brume se nouaient autour des troncs, envahissaient les creux du relief en coulées laiteuses.

L’air avait fraîchi durant la nuit mais gardait cette pesanteur lourde et enveloppante de canicule qui vous prend à la gorge quand vous revenez du sommeil.

Je m’étais éveillé dès l’aube. Je regardais le soleil naissant, filtrant à travers les rideaux, marbrer de veinures dorées le plancher...

Cette lumière trop douce, mon corps presque dénudé enroulé dans les draps, le tas de mes vêtements de la veille au sol, qui dégageait une odeur poivrée de transpiration, ma peau déjà moite…

Tout cela était d’une sensualité insolente; affolante même, qui renforçait encore ma solitude.

La sensation de chaleur m’écrasait. Elle provoquait - et provoquerait dans toutes les journées à venir - un vide énorme qui n’aspirait qu’à être rempli par l’oisiveté.

Comme un animal, je ne me préoccupais que de mes besoins vitaux, sans aucune forme d’élévation de pensée. Je ne prenais plus la peine d’alimenter ni mon esprit, ni mon coeur, qui s’enfonçaient dans une torpeur paresseuse.

Je restais des heures allongé sans même penser; plongé dans la contemplation muette de la chute d’une feuille, des remous des nuages dans l’immensité du ciel.

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