C'était simple

D'être là, avec toi

Papa, tu es malade, je vois bien que ça ne va pas... Mais tu ne me dis rien. Pourquoi ? Je ne le mérite pas ? Pourtant, je voudrais être le premier à savoir si tu vas mourir ou non. Je ne sais pas, ça m'intéresse. Désolé. Désolé d'être encore intéressé par toi, malgré tout ce que tu me fais subir. Enfin intéressé par toi... par ta mort, plutôt. Mais malgré ça, justement, je reste ton fils. Le fils que tu détestes. Je m'en veux d'être comme je suis, faut pas me haïr pour ça. Si j'avais pu changer, crois moi, je l'aurai fait. Je serai un tombeur de filles, je coucherai à gauche à droite comme le font les mecs de mon âge. Peut-être que ma copine serait enceinte. Et là, vous m'auriez détesté pour avoir fait ça. Vous n'êtes jamais contents. Alors pour une fois, une fois dans ta vie et dans ce qu'il en reste peut être, fais moi confiance et dit moi ce que tu as, bordel !

James entra en voiture et Théodore démarra. Ils étaient partis pour le magasin et iraient ensuite au restaurant. James avait merveilleusement bien dormi, dans les bras de son aîné, mais il s'était réveillé seul car ce dernier était à la douche. Ce réveil l'avait donc laissé sur sa faim. Au début, il avait eu peur. Il avait pensé qu'il avait trop rêvé, ou que Théodore avait changé d'avis et était rentré. Mais non.

  La voiture commença à rouler, c'était la première fois que James pouvait admirer le paysage de l'île car il dormait la veille. Tout était beau, il y avait du soleil et des gens qui riaient. Il trouvait vraiment cette ville charmante. Mais il préférait tout de même Melbourne malgré les souvenirs qui s'y apparentaient. Melbourne avait quelque chose en plus mais James ne savait pas vraiment quoi.

  Les deux garçons roulèrent pendant dix minutes avant d'entrer dans la grande ville. Des immeubles extravagants leur faisaient face, ils se sentaient comme écrasés sous leur taille. C'était impressionnant. James réalisa alors qu'ils n'étaient rien. Que s'ils le voulaient, des gens supérieurs pouvaient détruire facilement les êtres humains, ne serait-ce qu'en faisant écrouler ces immeubles. Théodore regarda James et lui expliqua :

- Le magasin se trouve dans la périphérie, à l'autre bout de la ville puis on reviendra au centre pour le restaurant.

James hocha la tête comme simple réponse, trop occupé à détailler le paysage dans lequel il se trouvait. Il avait l'impression d'avoir plongé net dans un film se passant dans une ville moderne. Il prenait en photo mentale ce qu'il voyait, gardant ainsi ce paysage et ce moment précieux dans sa mémoire. 

  Le noiraud ouvrit sa fenêtre pour laisser l'air entrer dans la voiture. Il se sentait léger et heureux alors, sans vraiment savoir pourquoi, il posa sa main sur la cuisse de son aîné. Ce dernier frémit légèrement et posa à son tour sa main sur celle de James qui sourit. Leurs gestes en restèrent là, aucune main ne s'aventura plus haut ou plus loin mais c'était un contact particulier et suffisant.

  Ils continuèrent leur route pendant quelques minutes avant de se garer devant un supermarché. Il y avait peu de gens, certainement préféraient-ils la plage au magasin, ce qui était compréhensible.

  James descendit en premier de la voiture. Il partit directement chercher un cadis tandis que Théodore le rejoignit en sautillant.

- Je suis heureux ! sourit le châtain.
- Moi aussi, James lui rendit son sourire. Merci pour ces vacances.

Théodore haussa les épaules doucement, sans perdre son sourire puis attrapa le cadis avant d'avancer dans le magasin. James le suivait en souriant bêtement, regardant partout autour de lui.