Non, c'est facile à dire, non

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Comme on collectionne des posters
J'ai collectionné les coups bas
Mais je les ai pas affichés sur mon mur, moi
Non, je les ai affichés sur mon corps par paires
J'ai pas auditionné pour cette pièce, mais si j'avais su
Peut être aurais-je eu un meilleur rôle, qui sait ?
Si je retournais dans le temps, peut être aurais-je pu me sauver

James était allongé sur le sable. Il faisait noir. C'était la nuit totale. Il pleurait. Il avait le cœur brisé, lourd et sa cage thoracique était comme compressée, l'empêchant de respirer convenablement.
  Eren avait parlé à Théodore. Théodore lui avait révélé des choses... Des choses horribles. Et Eren lui avait évidemment dit.
  Le téléphone du noiraud reposait dans sa main. Il ne savait pas ce qu'il devait faire. Il se sentait anéanti. Devait-il appeler Théodore ? Faire comme s'il n'en savait rien ? Après tout, si son meilleur ami ne lui en avait pas parlé, c'était peut-être car il voulait garder ça pour lui. James ne savait pas s'il le comprenait ou non. Il n'avait pas d'avis.
  Comment Théodore pouvait-il vivre ça ? Était-ce réellement possible ? Comment pouvait-il se lever chaque matin ? Comment pouvait-il se sentir vivre après ça ? Comment pouvait-il supporter sans avoir envie de se foutre en l'air ?

**

Deux heures plus tôt, la partie de bowling de Eren et de Théodore s'était achevée dans la joie et la bonne humeur. Mais Eren avait remarqué que Théodore ne marchait pas bien, qu'il avait le poignet gonflé et avait remarqué des traces sur son corps. Elle n'avait rien dit. Pour ne pas paraître impolie, pour ne pas paraître indiscrète. Pour ne pas lui faire peur.
  Théodore avait gagné, comme bien souvent. Eren avait su par James que le jeune homme était fort au bowling, alors elle avait fait exprès de l'y emmener. Pour qu'il s'amuse et qu'il se vide la tête. Pour qu'il se sente heureux au moins quelques heures. Par pure gentillesse mais également par ruse, évidemment.

- Qu'est-ce que tu as fait à tes cheveux ? avait demandé la jeune femme en commandant un verre de bière.
- Oh, je les ai simplement rasés. J'aimais plus.
- Pourtant ta couleur était belle... Et tu y tenais.

Théodore s'était mordu la lèvre. Tout avait failli lui échapper, il avait failli tout dire. Mais avant de faire cela, il avait rapidement pesé le pour et le contre.
  Pourquoi lui dire ? Parce qu'elle le dirait à James. Et que peut être que le jeune homme lui apporterait de l'aide, au moins mentale. Que quelqu'un serait au courant, qu'il n'aurait plus à supporter ça seul.
  Pourquoi ne pas lui dire ? Parce qu'il ne voulait pas que James sache. En fait, il avait peur de sa réaction. Son ami le jugerait.
  Pourquoi ? Ça, il ne le savait pas.  James ne le jugerait pas, c'était une certitude pour n'importe qui, mais pas pour Théodore.
  Le jeune homme s'était mordu la lèvre et avait fini par dire :

- Lucas. Lucas me frappe.

**

James arriva sur le répondeur de Théodore. C'était la sixième fois qu'il l'appelait. Il ne laissa pas de message et s'assit sur le sable froid.
  Son regard se perdit au loin, sur les vagues qui remuaient le sable humide. Il laissa échapper un soupire et remonta son plaid sur ses épaules. Cette nuit était la plus sévère depuis qu'il était arrivé. Comme si elle traduisait ce qui se passait actuellement.
  Il espérait pouvoir emmener Théodore ici, un soir. S'allonger avec lui, quelques minutes, quelques heures ou toute la nuit et regarder les étoiles. Lui parler, de tout et de rien. De rien, surtout. Éviter de dire des choses débiles et absurdes, éviter de gaffer et écouter Cigarette after sex sans l'embrasser malgré ses désirs les plus fous.
  Mais ce n'était pas lui qui était là. James entendit le grincement familier de son portail et il fut rejoint par Kuy qui s'assit à ses côtés.
  Le plus grand passa ses bras autour des épaules de James qui se blottit contre lui.

C'était simpleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant