Épisode 1 : Masterpiece - Jazmine Sullivan

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« À NOUS LA FAC LES GARS ! » M'exclamai-je intérieurement.

Terminale enfin terminée. Que du bonheur, je pouvais enfin dire que j'étais libérée de ce poids qu'on appelait le BAC. Vous savez le baccalauréat cette épreuve qui durait une semaine -enfin pour les épreuves écrites- cette épreuve qui nous privait de sommeil presque toute l'année, car on avait cette violente envie de réussir ? Enfin cette torture était finie et réussie avec succès. Et oui, j'avais obtenu la mention que je désirais, ainsi que les félicitations des parents, de la famille et des amis... DONE WITH THIS FINALLY !

C'était enfin le jour des inscriptions à la FAC et j'avais tellement hâte ! Le seul problème était que je n'avais pas terminé la paperasse administrative. Mais bon, ici n'était pas le souci. En effet, j'allais vers de nouveaux horizons, UN en particulier. Comme le disait ma mère, c'était comme revivre une nouvelle fois l'épreuve qu'était la maternelle, sauf que cette fois-ci, ce ne serait pas avec une vingtaine d'élèves, mais avec environ sept cents élèves. Ce qui était beaucoup mieux... ironie quand tu nous tiens.

« Pourquoi me suis-je engagée en droit ? » Je me posais encore la question. Il était vrai qu'au début ça n'avait pas été mon premier choix, mais je m'étais dit pourquoi pas ? De toute façon, ce n'était pas comme si les conseillers d'orientation m'auraient convenablement ... orienté.

J'avais toujours eu cette envie de devenir psychologue mais je n'avais reçu aucun soutien. Dans mon entourage on disait que les psys étaient des escrocs faisant semblant d'écouter tes problèmes et qu'ils gagnaient leur argent de la faiblesse de leurs patients. Puis l'idée de professeure m'avait traversé l'esprit, mais je savais que mon caractère n'allait pas de pair avec cette profession. Donc j'avais suivi, si je puis dire, la populace.

J'étais tellement pressée de rejoindre ce monde de grands. Peut-être serait-ce la plus grosse erreur de ma vie ou la meilleure ?

En arrivant à l'université, j'étais un petit peu perdue, car je ne savais pas où se déroulaient les inscriptions. En effet, en arrivant à la FAC, le premier endroit où je m'étais rendue était à l'accueil pour demander mon chemin. On m'expliquait qu'il fallait sortir d'un bâtiment, continuer tout droit et tourner sur ma gauche jusqu'à voir une banderole INSCRIPTIONS – un lot de directions. LOL ! C'était bien moins précis que la carte de Dora. Je remerciais tout de même la secrétaire et tentai de suivre le chemin qu'elle m'avait indiqué.

La salle des inscriptions était remplie de stands pour les activités universitaires, sécurité sociale étudiante... Bref, des stands où on te monopolisait la moitié de la journée pour t'expliquer le fonctionnement de chaque chose. Le seul qui m'intéressait était celui du sport. Je n'étais pas très sportive, je l'avoue, mais bon, il le fallait pour la santé disaient-ils.

Je me retrouvais face à deux secrétaires. Il fallait leur montrer notre dossier pour vérifier s'ils étaient complets, le mien l'était. On connaissait déjà l'administration, j'étais PRÊTE. Je n'aurais pas supporté qu'on me demande de rebrousser chemin alors qu'on ne payait même pas mon Navigo.

Montant quelques marches, je longeais un long couloir aux murs bleus dont le bout de ce dernier menait à la salle des inscriptions. J'avançais jusqu'au moment où toutes les personnes présentes devant moi s'arrêtèrent. Mais pourquoi ? J'écoutais la conversation d'une femme d'origine hispanique qui expliquait à son mari que les ordinateurs avaient un petit problème. Évidemment petit comme il était, nous avions dû attendre plus d'une heure, alors que l'on nous avait dit QUINZE minutes. L'administration avais-je dit !

Et oui, étant bilingue espagnol, j'avais immédiatement compris ce qu'elle disait.

Je m'assis sur le sol, dans le couloir en attendant mon tour, parlant avec mon amie Rubis par message. On ne se verrait plus aussi souvent, elle était partie vivre à Bordeaux faire ses études en administration des entreprises. Son teint ébène faisait rayonner sa beauté, notamment les traits de son visage. C'était une fille qui mesurait le mètre soixante-dix. Elle était grande et élancée, avec une taille fine, de mannequin. C'était ma sœur, du moins, je la considérais tout comme. Elle était toujours présente pour moi. On avait fait les quatre cents coups ensemble. Je ne voyais point de quelle manière je pouvais me passer d'une amie comme. C'était mon bijou.

Elle s'était déjà inscrite à l'université avant moi et m'expliquait alors sa fierté d'être étudiante.

Pendant que nous étions en train de parler, j'écoutais de la musique, Impossible de James Arthur. Cette chanson représentait la puissance de l'amour qu'on pouvait ressentir. Un amour aussi bon que destructeur. Ainsi que la difficulté de quitter cet amour aussi bon ou mauvais soit-il, et d'oublier cette relation. J'aimais cette chanson car elle me rappelait les relations passionnelles entre humains. Elle y abordait la confiance, la trahison, les cœurs brisés, l'amour quoi ! Il était préférable que je m'arrête ici avant d'entamer la sociologie de ce sujet.

La musique constituait une grande partie de ma vie. C'était un de mes moyens de communication. Toutes les situations me rappelaient une musique. Des références à toute épreuve.

Au moment où j'arrivais à ma partie favorite de la chanson, j'entendis une personne avec un volume sonore plus fort que celui de ma musique. Je me retournais, bien évidemment, pour voir qui était ce grossier individu. On ne pouvait même pas écouter de la musique en paix !

WOW ! Frissons et chair de poule. Les mêmes qui m'atteignaient lorsque j'écoutais I have Nothing de Whitney Houston ou And I Am Telling You de Jennifer Hudson. Je restais bouche bée. Pourquoi les personnes qui ne devaient pas se faire remarquer se faisaient toujours remarquer ?

C'était un jeune garçon qui devait probablement avoir entre dix-huit et vingt ans, avec une peau hâlée et de magnifiques yeux verts teintés de quelques nuances de marron. Il était très grand, dépassant éventuellement le mètre quatre-vingt-dix. Nous nous regardâmes quelques instants. Je restais hypnotisée par son regard et ne regardai même pas son physique ; seules ses iris avaient attiré mon attention.

Il avait attiré l'attention car une dispute avait éclaté entre lui et une des secrétaires en charge des bourses universitaires. Je ne comprenais pas avec exactitude de quoi traitait le conflit mais croyez-moi, quand on devenait étudiant les problèmes de bourse et les colères créées et poussées par celles-ci étaient parfaitement compréhensibles et justifiées.

Bien sûr, cela n'empêchait pas le fait qu'il m'ait dérangé ! En plus, un jour d'inscription quand même ! Qu'il attende au moins de démarrer sa scolarité pour faire du boucan, non ?

Tout à coup, ceux qui patientaient devant moi avancèrent de nouveau et je me levai afin d'entrer dans cette salle où j'allais enfin recevoir cette fameuse « carte étudiante ».

Je transmettais mon dossier complet et le fameux chèque qui paierait tous nos droits universitaires : scolarité, sport, accès à la bibliothèque universitaire. La fameuse B.U... Une inscription en deux étapes.

Une femme me tendit finalement ma carte étudiante, avec ma photo ainsi que mon certificat de scolarité : « Enfin étudiante » me dis-je. Il était temps ! Je m'empressais d'envoyer un message à Rubis afin de lui exprimer ma joie.

Au fait, je vous ai fait un CV de mon début de vie étudiante, mais je ne me suis même pas présentée. Que d'impolitesse ! Je vous prierai de bien vouloir m'excuser 😉

Je m'appelle Éloïse, j'ai dix-huit ans, et je viens enfin d'intégrer la FAC parisienne de mon choix. Prestigieuse qui plus est.

Durant trois ans, j'allais effectuer une double licence de droit français et droit espagnol/latino-américain.

Ces années universitaires seraient mouvementées et remplies de surprises. J'entrais enfin dans « le monde des Grands », ce monde remplit des différentes couleurs qui donneraient vie à une toile, la toile de ma vie, mon œuvre d'art, my Masterpiece.

BITTERSWEET IDYLL (Partie 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant