Épisode 11 : 4 minutes - Avant

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- Tu comptes rester comme ça encore longtemps ? Demanda-t-il.

Il était assis en face de moi. J'agissais comme s'il n'existait pas en envoyant plusieurs messages à Bella afin qu'elle me sorte de ce calvaire. Alors que c'était la situation rêvée pour discuter, pour... Je me rendais compte que l'instant d'une seconde j'avais louché sur ses lèvres pleines. La honte !

Et l'autre qui ne me répondait pas. La belle affaire !

Je relevais la tête vers lui et... Il me toisa face à mon silence. Non mais attendez ! Genre moi Éloïse Lacroix, on me toise ? Encore une fois en plus ? Ça m'avait ressaisi bien vite. Que le jeu commence.

- Ouais.

- T'es vraiment une gamine, en fait.

- En tout cas, c'est à la gamine que tu parles.

Gros blanc, pendant une quinzaine de minutes. On ne parlait pas, je voulais seulement sortir d'ici.

- Bon, tu sais quand est-ce qu'elle revient ? Parce que j'en ai marre de voir ta face, bougonnai-je.

- Tu fais vraiment trop la meuf, pour une fille qui pleurait mon absence, ajouta-il me prenant au dépourvu.

Boxe ? Judo ? Karaté ? Dites-moi, parce que là j'étais prête à tout.

- Mais d'où te vient autant de prétention ? T'es pas fatigué ? À ce que je sache ton père n'est pas jardinier pour que tu te lances des fleurs comme ça.

- Bah écoute, je dis la vérité, tu me trouves séduisant et tu me pleurais. Si c'était un mensonge je me serais tu. Deux minutes plus tôt, tu matais mes lèvres comme une femme affamée. Y'aura un moment où tu devras affronter la réalité Mademoiselle Lacroix.

Je ne savais pas quoi répondre. Je ne pouvais même pas lui dire « comment tu sais ? » au risque de paraitre faible devant lui, alors je me contentais d'un simple « en tout cas ». Cette phrase passe partout.

Zut ! Pas de répartie !

Il était lourd. Qu'il m'attire ou non, sa prétention m'exaspérait au plus haut point. Je décidais de faire ce que j'avais initialement prévu de faire : travailler. Je n'arrivais pas à me concentrer, sa présence me dérangeait. Alors, je sortis les différents arrêts de la Cour de cassation de mon sac pour en faire des fiches. Il fallait que j'avance de toute façon.

Parcourant l'arrêt, je commençais par lire la décision rendue par la Cour. L'arrêt m'avait blasé encore plus que ce qui se déroulait dans cette pièce. Un enfant devenu handicapé à cause d'une erreur médicale commise par un médecin. Super...

- Bon Elo, on peut discu-...

- Hep, hep, hep ! Le coupai-je. Évite de dire Elo, c'est réservé aux intimes, aux proches. Pour toi, ce sera Éloïse, comme tout le monde, merci.

J'étais peut être concentrée sur une autre discipline mais j'étais suffisamment lucide pour le rembarrer.

- M D R, répondit-il en prenant le soin de prononcer chaque lettre distinctement, mais t'es cinglée ma parole ! Tu te prends pour qui ?

Je lui lançai un regard noir de sens. Il l'ignora.

- Sérieusement, on est tous les deux dans la même pièce, autant discuter de tout ce qui s'est passé. J'ai parlé à Bella y'a pas longtemps et...

- Je t'écoute, le coupai-je impatiente.

- Bah laisse-moi terminer punaise !

Il souffla. Il avait l'air épuisé par ce qu'il s'apprêtait à dire et dépassé par la situation. J'avoue que j'aurais moi-même abandonné depuis longtemps si j'avais été à sa place.

BITTERSWEET IDYLL (Partie 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant