BITTERSWEET IDYLL (Partie 1)

Épisode 33 : Onenight - Musiq Souldchild

Curtis et moi nous relevions, gênés.

Je remis mon t-shirt tandis qu'il posa un coussin sur son entrejambe afin de camoufler ses ambitions. Je me dirigeai vers la cuisine pour prendre un verre d'eau, bien frais, avec des glaçons, pour me ressaisir. Bella m'y suivit, accoudée au comptoir. Aucune de nous n'osait se regarder tant nous étions gênées. L'une d'avoir interrompu le moment et l'autre d'avoir été retrouvée dans une telle posture. Je m'étonnais moi-même, j'étais en état de choc. Je ne m'étais pas préparée à vivre ça. Du moins, pas de cette manière.

La situation était si gênante. Au moins, ce n'était pas la matriarche.

Je ne connaissais pas la raison de la venue de nos meilleurs amis et je ne voulais le savoir non plus, mais il s'agissait des cinq minutes les plus étranges, gênantes, silencieuses et malaisantes de toute ma vie. Le calme était si pesant qu'on aurait pu entendre les coccinelles voler et même les araignées marcher.

Avant que la porte se referme, Bella tenta de m'adresser un regard encourageant. Je me retrouvais donc nez à nez avec l'homme. Silence radio. Seules nos iris s'exprimaient « il s'est passé ce qu'il s'est passé, là ? ». J'étais plus dépassée que Curtis qui avait dû se retrouver dans des situations similaires un nombre incalculable de fois. Ça n'était pas mon cas et j'étais encore confuse quant à ce qu'il s'est passé et ce qui allait se passer.

Subitement, ses bras se refermèrent autour de moi comme pour me rassurer. Je retrouvai ainsi ce cocon qui me consolait, bien que mon corps se contracta. Je le repoussai délicatement, les deux mains plaquées contre son torse. Mon cerveau nécessitait deux minutes de répit pour reprendre ses esprits.

- Sorry babe, dit-il brisant enfin la glace.

Je ne savais pas quoi répondre. Tout ce que je savais était qu'il n'avait pas à être désolé.

- Y'a rien à pardonner. Mettons tout ça sur le dos de la chaleur, lâchai-je au bout de quelques minutes accompagné d'un petit rire nerveux.

- Je m'excuse surtout du fait que j'ai failli te prendre ta virginité comme un vagabond, sur un canapé. Tu mérites que ce soit fait dans les règles de l'art.

Anw, that was so cute ! N'est-il pas grandiose ? Même dans les moments les plus délicats, il pensait à mon bien-être et à ce que je pouvais ou aurais pu ressentir. Un amour !

- Non mon bébé ne t'en fais pas, répondis-je une main sur sa joue. Ne te sens pas coupable.

- Si, il fallait que je le dise. J'ai trop de respect envers toi pour que ce soit le fruit d'une simple impulsion. Et j'aurais regretté, si tu avais regretté. Je ne veux pas que ce soit le cas.

- C'est moi qui t'ai tiré vers moi, lui rappelai-je, donc j'en avais envie. Don't worry ! C'est pas grave.

Le voir aussi inquiet de mon bien-être créa de nouvelles secousses dans mon bas-ventre. Et toute crainte s'évapora. Les questionnements que j'eus plus tôt furent remplacés par ce réconfort apporté. Finalement, j'étais prête ! Enfin, je crois.

- Okay, déclara Curtis en se détachant de moi. Retiens que je veux que tu sois prête et que les choses se fassent correctement.

- T'es vraiment un amour, mais là clairement j'ai envie qu'on reprenne là où on s'est arrêté, mais...

- ... mais non, reprit-il. Profitons du reste de la soirée. Autrement, insista-t-il.

Quel self-control ! Il était vraiment sérieux en plus. Il se rassit sur le canapé et remis son film comme si de rien était. Il y tenait à son « que les choses se fassent correctement ».