Épisode 8 : Lions, tigers, bears - Jazmine Sullivan

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- Tout pour faire monter ma tension celui-là, bougonnai-je en marchant.

Argh ! J'éprouvais deux émotions. La première était la rage et l'autre la joie. En fait, quand on parlait à ce garçon, c'était assez troublant. Je m'empressai de raconter la scène à Rubis par message. Et, elle se moquait de mon attitude. Elle me dit que s'il y avait des chances d'une possible relation, j'avais tout fait tomber à l'eau avec mon mauvais caractère et ma tendance à être constamment sur la défensive.

C'était vrai qu'il fallait que je change, mais c'était plus fort que moi. Par contre mes copines étaient trop investies et en faveur de Curtis. Comment pouvaient-elles penser à la possibilité que je me mette en couple alors que je n'avais même pas encore pris le temps d'avoir une discussion sérieuse avec ce jeune homme. Je ne connaissais même pas son poids ! Non, j'abusais. Je ne connaissais même pas son nom de famille. On ne se mettait pas en couple avec le premier venu !

Il fallait que j'apprenne à connaitre la personne, ne serait-ce que d'avoir une première discussion avec, voir si nos comportements matchaient, s'il y avait un feeling. J'essayais toujours d'envisager un homme, aussi attrayant fût-il, pour sa personne et sa qualité en tant qu'individu, plutôt que directement me voir en couple avec.

Je l'expliquai aussi à Tania qui avait le même discours que Rubis. Bon peut-être que Bella, ma meilleure, ma number one, ma best of the best, avait un autre avis.

- Mais t'es bête ou quoi ? S'exclama-t-elle, y'a un beau garçon, gentil, qui s'intéresse à toi et la seule chose que tu fais est de le repousser. Mais t'es sérieuse ?

Bon finalement peut-être pas. J'aurais dû attendre d'être à la maison pour convoquer tout le monde. Ca m'aurait éviter de prendre l'ascenseur deux fois et entendre le même discours.

Je me préparais à répondre lorsque je vis la grosse tête de Curtis arriver. Un énervement de plus. Il ne lâchait pas l'affaire celui-là ! Pourquoi était-il à l'étage des étudiants en lettres ?

- C'est chaud hein. T'as vu comment ta copine s'énerve pour rien ? Intervint-il.

Eh, mais lui, hein ! Il me cherchait, il allait me trouver. Qui l'avait interphoné ?

- Orh laisse-moi non ! Je suis en face de toi, si tu veux me dire quelque chose, tu t'adresses directement à moi, compris ? Ordonnai-je. Donc, évite de dire « ta copine » parce que sa copine a un nom et son nom, c'est Éloïse. Et puis, tu parles, tu t'incrustes, mais à part savoir que Bella est la petite copine de ton meilleur ami, est-ce que tu la connais même ? M'excitai-je.

J'étais à fleur de peau.

- Chut, lâcha la bibliothécaire.

- Eh meuf ! Tu vas baisser d'un ton ! Répliqua Curtis sur le même ton que moi, en évinçant la femme qui nous avait demandé de nous taire. Je ne suis pas ton pote donc parle correctement. De même, je ne suis pas ton bouffon, on n'a pas élevé les cochons ensemble, ok. Et puis MDR, poursuivit-il, « sa copine a un nom » alors que la dernière fois tu ne pouvais même pas le prononcer correctement. Évite de faire la maline tu seras mignonne.

C'était la première fois que je ne le voyais plus sourire. Ah ! Bah Monsieur ressentait d'autres émotions on dirait ! L'adrénaline coulait dans mes veines.

- Mais tu gazes trop ! Tu...

- Eh ! Fermez vos bouches, nous coupa Bella impatiente, vous ne vous connaissez même pas et on dirait déjà un vieux couple – Curtis et moi nous sommes lancés un regard froid, en en jetant un à Bella, au passage. Sérieusement arrêtez de vous disputer pour une broutille. Vous faites pitié franchement.

- Nous ne sommes pas dans une cours de récréation messieurs dames, lors soit vous vous installez tranquillement soit vous réglez vos différends à l'extérieur, nous réprimanda la bibliothécaire.

- Pas de soucis, moi je m'en vais. À plus ! Je vous laisse avec cet insolent-là !

Je quittais les lieux. Ce que Curtis pouvait m'énerver. Il avait une assurance et une arrogance qui me mettait hors de moi. Tout ce qui avait un jour rendu un homme sexy à mes yeux devenait exaspérant quand il s'agissait de Curtis. Pourtant, il était si agréable à regarder. Comment pouvait-on être une si belle contradiction ? Je ne le connaissais même pas et mes émotions étaient éparpillées. Joie, Colère, Dégoût, Peur et Tristesse en aurait marre si elles étaient à l'intérieur de moi. Vous savez, Vice Versa ?

Je ne me comprenais plus. Et ça m'insupportait. Il m'insupportait.

Rentrant à la maison, Alvin regardait un match de tennis couché sur le canapé. Je m'assis à ses côtés, imitant quelques soupirs, qu'il daigne enfin s'intéresser à moi.

- Bon qué pasa ? Questionna-t-il nonchalamment.

- Mauvaise journée, soupirai-je.

- Raconte tout à Tonton.

C'est parti.

- ... et je suis partie.

- Bien fait. J'espère même qu'il est vénère contre toi parce que tu fais trop la maligne. C'est ouf ça. T'aimes trop faire la fille impulsive pour rien et penser qu'il y aura aucune conséquence. Ça te coûte quoi de laisser quelqu'un t'approcher ? Tout le monde ne s'appelle pas Stan. Perso, on se serait battu.

- Mdr toi, dans ce cas-là pourquoi tu ne l'as pas fait lors de notre première rencontre alors ?

Le jour de notre première rencontre, à dix ans, on avait failli se battre pour un mot de travers. En tout cas, moi, j'avais été prête.

- C'est le sujet ?

- Peut-être pas. Mais hors de question que tu évoques Stanley. Lui, c'était un cas différent. S'il a voulu dormir avec une autre fille -avec qui il avait couché une fois que j'avais décidé de rompre- c'était son problème. De toute façon lui et moi ne sommes plus ensemble, alors peu importe. Et j'aimerais qu'on arrête de le comparer à chaque potentielle conquête ! Stan, c'est Stan, les autres, c'est les autres. MERDE ALORS !

- Mais pourquoi tu ne veux tout simplement pas assumer que cette histoire t'a marquée ? Pourquoi tu refuses de ressentir ? Pourquoi tu restes toujours de marbre ?

Je balayais ses multiples questions de la main et m'interrogeais sur une chose.

- Pourquoi vous défendez tous Curtis ? C'est un inconnu, avec qui je partage quelques cours. Je trouve que vous agissez tous comme si je devais sauter dans ses bras et me marier avec lui. Je ne veux rien avec lui. Tôt ou tard vous allez vous rendre compte du genre de personnage que c'est et changer d'avis sur lui.

C'est vrai quoi, je ne comprenais pas cette obsession qu'avait mes amis à le défendre alors qu'ils ne le connaissaient même pas.

Cette histoire me prenait la tête alors que je devais finir le travail que j'avais en suspens. Il ne fallait pas que je cesse d'être une bonne élève à cause d'un garçon, et puis quoi encore ?! Tous les jours des « Éloïse, laisse-toi aller ». Non, j'avais envie de rester là où j'étais. Je n'avais pas envie de perdre le contrôle et encore moins de tomber amoureuse.

Je ne tombais pas et ne tomberais pas amoureuse !

Après ma réflexion, je dressai une liste de ce qu'il nous manquait pour la fête qui allait se dérouler dans quelque jours. Et oui ! Le temps passait vite, bientôt Noël. J'avais déjà fait mon plein de cadeaux. J'avais dépensé la moitié ce qui restait de mes économies.

Ça me faisait du bien de penser à autre chose. Unmoment de répit dans cette jungle sentimentale.

BITTERSWEET IDYLL (Partie 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant