Chapitre 8

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26 novembre 2021

- C'est un verre.

- Parfait et ici ? Enchaîna le neuropsychologue en poussant une nouvelle image.

- Hum... Un... Une table ?

- C'est ça ! Vous faîtes d'incroyables progrès et c'est très positif Annie. Vous vous rappelez de la plupart des objets que je vous montre même si, pour les photos personnelles, cela reste encore difficile. Mais vous êtes sur la bonne voie. Continuez à vous exercer avec l'aide de votre mari sur les photos puis... Si vous avez le moindre souvenir, n'hésitez pas à le noter dans votre carnet, d'accord ?

Annie hocha la tête et se leva pour sortir du bureau. Elle fut accueillie par Armin qui l'attendait de l'autre côté et prit son bras qu'il lui offrit. Elle avait retrouvé l'usage complète de ses jambes mais avait toujours un équilibre fragile et à surveiller. Voilà pourquoi le kiné était passé à quatre séances par semaine.

- J'ai une surprise pour toi, sourit Armin en lui tendant son manteau.

- Quoi ? Demanda-t-elle en regardant son mari qui était d'une placide exemplaire.

- Tu me fais confiance ?

La blonde sourit et le suivit à travers les couloirs. Elle devint confuse lorsqu'ils s'approchèrent de la sortie.

- Armin...

- J'ai obtenu une sortie de trois heures, sourit le blond en posant sa main sur la sienne.

Son cœur se remplit de bonheur et elle suivit son mari, hors de cette prison pour goûter à trois heures de liberté. Le vent était assez frais et fouettait avec douceur son visage. Armin conduisait très prudemment et elle pouvait distinguer l'océan au loin. Elle ne se rappelait pas vraiment de la ville dans laquelle, elle avait vécu. Armin lui avait expliqué qu'ils vivaient dans une maison en campagne, sur le chemin du Marais à Pornichet en France. Cependant, le blond voulait d'abord l'emmener sur un lieu marquant où ils avaient échangé leur premier baiser. Il espérait fortement que ce lieu allait être déclencheur d'un souvenir.

- Tu penses qu'un lieu peut me faire remémorer des choses ?

- Regarde Proust avec sa madeleine, sourit Armin. Plaçons nos espoirs sur cette théorie.

Annie reporta son attention sur le paysage qui défilait sous ses yeux. Il se gara sur la place du Boulevard des Océanides, donnant une magnifique vue sur l'énorme océan qui se dessinait sous leurs yeux. A peine sortie, Annie sentit le vent gifler son visage mais elle s'en fichait. Elle aimait cet air frais. La côte était immense et elle s'étendait de Pornichet au Pouliguen. Une côte bordée d'immeubles anciens mais aussi modernes qui rendaient le paysage moins séduisant. Cependant, l'océan rattrapait tout. Une étendue d'eau colossale s'étendait à perte de vue. Il y avait peu de monde sur la plage à cause du vent glacial, cependant, quelques courageux venaient se prélasser sur le sable. Annie imita Armin et s'assit près de lui avant de reporter son attention sur les vagues qui vinrent s'écraser sur la plage.

- C'est sympa.

- Oui, sourit Armin en contemplant la douceur du paysage.

- On s'est embrassé ici ?

- Oui et nous avons fait de nombreuses soirées avec nos amis. On parlait de tout et de rien. Je donnerai tout pour les revivre.

Annie ferma les yeux, respirant l'odeur de la mer. Une odeur salée qui taquinait ses narines. Une odeur douce qui, soudain, la plongea dans le noir. Armin disparut accompagné des autres personnes qui se prélassaient elles aussi sur la plage. Elle était seule face à la mer quand elle entendit une voix. Une voix féminine qui semblait lointaine et qui se rapprochait de plus en plus.

- T'es là depuis longtemps ? Ricana la jeune femme en s'affalant à ses côtés avant de lui tendre une glace à la vanille. Quoi ? On dirait que tu as vu un fantôme.

Annie fixa la jeune femme aux cheveux châtain clair et aux yeux de couleur noisette.

- Tu es ?

- Qu'est-ce que tu me fais ? Ne me dis pas que tu es bourrée à seulement 17 heures ? Hitch, ta meilleure amie depuis toujours. Je suis offensée que tu m'aies oublié... Bref, ça avance ?

- Avec... ?

- Ne me le cache pas imbécile ! J'ai bien vu comment tu matais le petit cul d'Arlert à la bibliothèque.

- Et alors. J'ai le droit.

- Je ne conteste pas mais c'est quand que vous faites le premier pas ? On a qu'une vie. Tu as dix-neuf ans. Bouge-toi ma vielle. La vie passe à une vitesse. Demain, tout peut s'arrêter. Comme on le dit, la vie est un flambeau toujours prêt à s'éteindre !

- Tu tiens ça de qui ?

- Je ne sais pas, j'ai trouvé ça sur internet pour ma dissertation en philosophie, ricana Hitch. Comme phrase d'accroche. Bref. Si tu aimes ce garçon, dis-lui avant qu'il ne soit trop tard. Ça se trouve, l'amour de ta vie est devant tes yeux depuis le début.

Elle disparut.

- Annie ?

La blonde sursauta et se tourna vers Armin qui avait un regard rempli d'inquiétude. Il posa une main sur son épaule, tentant de capter son attention.

- Je me suis rappelée d'un souvenir...

Il se tut, la fixant de ses yeux bleus.

- Hum... Hitch ? C'est ça ?

- Oui, sourit Armin. Continue.

- On était là et... On parlait de toi et de mes sentiments.

- Oh. Intéressant.

Annie le regarda et poussa son visage à l'opposé pour camoufler ce sourire béat sur ses lèvres.

- Arrête, je n'arrive pas à me concentrer, gronda-t-elle en sortant son carnet pour commencer à écrire ce souvenir avant qu'il ne disparaisse à nouveau. On parlait de toi.

- Plus précisément?

- De ton cul.

- Plus précisément ?

Elle ne répondit pas quand elle sentit une forte douleur dans son crâne.

- Rentrons, je t'emmènerai voir notre maison une prochaine fois, rassura le blond en caressant sa joue du revers de sa main.

- Rentrons, je t'emmènerai voir notre maison une prochaine fois, rassura le blond en caressant sa joue du revers de sa main

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[Aruani] Remember meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant