Chapitre 11

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2 décembre 2021

Levant ses yeux sur la petite maison de campagne, Annie se tourna vers Armin. Il avait à nouveau réussi à lui obtenir une sortie et comme promis, il l'avait ramené chez eux. Leur chez eux. C'était une jolie longère en pierres avec de la verdure qui bordait les fenêtres. A l'intérieur, elle avait été totalement restaurée. Des poutres en bois, quelques murs blancs dans certaines pièces comme le salon ou marrons pour la salle de bain. Une immense bibliothèque se trouvait dans le bureau de son mari mais aussi le sien et leur chambre.

Caressant le bois où reposait d'après son mari, son ordinateur, elle regarda son bureau qui restait étranger à ses yeux. Elle trouva une photo dont elle se souvint avoir vu durant son séjour à l'hôpital : Armin et Annie sur un banc, face à la mer, mariés. Le salon était accueillant et chaleureux avec son canapé en cuir et ses sièges de la même matière. Il y avait une vielle petite cheminée qui était l'un des seuls éléments non restaurés. Décorés de cadres photos et de bibelots.

- C'est joli, dit la blonde en caressant le canapé.

- C'est toi qui as choisi la décoration du salon, sourit Armin en déposant un disque vinyle sur le support. Et ça... C'est une musique que tu aimais beaucoup qui a été revisité.

- Comment s'appelle la musique ? demanda-t-elle après avoir retiré son manteau.

- 3SEX, sourit-il. C'est de Indochine qui l'a réalisé avec Christine and the Queens.

- Mh mh.

La chanson débuta et la blonde tandis l'oreille afin de tenter de se rappeler d'un souvenir. Étrangement, elle sonna familière et elle tourna son regard vers Armin qui commençait à danser devant elle. Il lui tendit la main et après un moment d'hésitation, elle l'attrapa.

On se prend la main

Et on se prend la main

Un garçon au féminin

Une fille au masculin

Et on se prend la main

Et on se prend la main

Un garçon au féminin

Une fille au masculin

Elle sourit, laissant le blond prendre les commandes. C'était étrange car le refrain était très familier. La musique était puissante pour refaire vivre des émotions personnelles. Un pouvoir apaisant, jouant avec la régulation des sentiments. La musique était comme une drogue. C'est vrai. Vous vous voyez vivre sans écouter une seule fois de la musique ? Moi, je ne peux pas. Annie redécouvrait se plaisir d'écouter cette mélodie qui divergeait selon les genres. Elle permettait de fermer les yeux et de s'imaginer dans un autre monde, s'excluant de ce quotidien anxieux.

Annie laissa son mari prendre ses mains et venir coller son front contre le sien tout en se berçant au son de la mélodie. Si elle le pouvait, elle danserait encore des heures à ses côtés. Sa chaleur l'apaisait d'une impressionnante manière comme ce souvenir où elle se voyait sur un cheval.

- Armin.

Il éteint la musique et revint vers elle.

- Je me suis souvenue de quelque chose. Je ne sais plus l'année mais je crois que... C'était après la mort de ma mère, c'est ça ?

- En 2010 ?

- Je crois... J'étais sur un cheval... Je galopais dans un grand champ...

- Tu montais à cheval, sourit Armin en prenant sa main pour qu'elle vienne s'asseoir sur le canapé. Tu étais passionnée par le monde équestre et tes parents t'ont payé des cours quand tu étais petite. Lucifer était un Selle français de robe noir. Tu l'avais en demi-pension depuis tes quatorze ans d'après ce que tu m'avais raconté. Cependant, tu avais mis fin à la pension quand tu avais commencé à étudier à Paris. Faute de temps, raconta Armin. Mais, le week-end, tu m'emmenais le voir et on allait le panser.

- Il est encore en vie ?

Il baissa les yeux et hocha négativement la tête.

- Colique. Il a été piqué en... 2015 je crois. Je suis désolé.

Annie ne répondit pas et resta silencieuse quelques secondes tout en contemplant le salon d'un regard placide.

- Tu as une photo ?

- Ne bouge pas, sourit le blond en posant une main réconfortante sur son épaule avant de disparaître.

Il revint avec une boîte assez ancienne et la posa sur ses genoux avant de l'ouvrir. Annie découvrit une quarantaine de photos où elle réussit à s'identifier.

- Ce sont des photos que ton père m'a donné pour tes exercices. Toi petite jusqu'à tes dix-huit ans.

- Tu figures dessus ?

- Non.

- Quand nous nous sommes rencontrés ?

- 2012, rappela Armin. A la bibliothèque de l'Université de Rose à Paris.

- Désolée de te faire répéter, se maudit la blonde en passant son visage dans ses mains.

- Regarde, sourit le blond. Là, tu avais...

Il retourna la photo.

- 13 ans.

- C'est quoi ce costume de... d'arbre ?

- Tu avais fait du théâtre, ricana Armin. Ton rôle c'était de jouer un arbre.

- Passionnant.

- La passion se lisait sur les traits de ton visage. Regarde la tête que tu tires.

Annie sourit. Effectivement, elle semblait « très ravie » d'être ici. Une autre photo où c'était une photo de classe individuelle, prise en maternelle. Elle était petite, des cheveux blonds détachés et toujours ce regard puissant qui soulignait son fort caractère.

- Tu étais le genre de femmes où, quand tu marchais dans les couloirs de la faculté, tout le monde se retournait.

- Ah bon ?

- Je ne te dis pas le nombre de personnes que tu as mise dans la friendzone. Tu dégageais une certaine aura, une confiance en toi...

- Dis, tu ne te vantes pas là ? taquina la blonde, en se reculant de la photo

- Un peu, ricana Armin d'un haussement des épaules. Encore aujourd'hui, je me demande pourquoi moi.

La blonde perdit son sourire.

- J'aurai voulu te répondre mais... Je ne me souviens pas...

- Hey, ça va, rassura Armin en caressant sa joue.

- Mais sûrement parce que tu es quelqu'un d'attachant. Tu le prouves avec tout ce que tu fais pour m'aider, répondit-elle en glissant sa main sur la sienne. Sans toi, je ne saurai où je serai aujourd'hui.

C'était tellement important d'avoir une personne dans sa vie qui vous tirait vers le haut. Armin était cet ange. Cet ange gardien qui la protégeait de ses ailes blanches. Annie sursauta quand il déposa un baiser sur sa joue avant qu'il ne referme la petite boîte en bois et ne la range. Passant sa main sur sa joue, elle reporta son attention sur la cheminée en face d'elle. Ses joues rougirent.

[Aruani] Remember meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant