A travers le temps

Chapitre 20

Elya regarda par la fenêtre de la calèche les rues du centre de Unissia défilées. L'ocelot se prélassait sur le fauteuil lui faisant face tandis que le phénix sortit son carnet de son sac avec un crayon. A l'entente de la mine grattant le papier, le Protecteur se releva et essaya de regarder ce que faisait Elya. Cette dernière leva les yeux vers lui et écouta ses pensées avec quelques difficultés.

-Elle fait quoi ?

-J'essaie de dessiner ce qui me passe par la tête. Le carnet que m'a offert Cyannea m'est très utile en fin de compte. Et ce que je dessine, enfin essaie, est la personne qui me parle depuis quelque temps. Bon, ce n'est qu'un brouillon mais...regarde.

Elle tourna le carnet vers le métamorphe qui pencha sa tête sur le côté. Son dessin n'avait rien de ressemblant, on pouvait seulement voir des figures géométriques s'entrecroiser.

-Oui, je sais que ça ne ressemble à rien mais au moins ça vide la tête.

Elle se renfrogna sur son fauteuil en regardant par la fenêtre.

-Ce que j'aimerai... C'est comprendre la raison de la migration des phénix et l'invasion des démons. Voir ce que nos ancêtres nous ont légués. J'espère pouvoir continuer au palais...quand je ne serai pas garde du corps....

Être garde du corps... Ce n'est pas ce qu'elle voulait à la base, certes il y avait des avantages mais avait-elle fait le bon choix ? Karore lui faisait de l'œil mais Unissia était sa première option. L'ocelot sauta sur la banquette de sa protégée et ouvrit le carnet par curiosité avant de tomber sur un dessin représentant l'humanoïde à la tête de canidé, Phobos.

-Je voudrais aussi rencontrer Phobos, il est le seul à connaître mes parents. Tu sais...je fais encore des cauchemars de mon enlèvement... Tu as dû le remarquer quand je me réveillais en pleine nuit.

Elle n'entendit plus les sabots des chevaux qui tractaient le carrosse, cela signifiait donc qu'ils étaient arrivés au palais. Le chauffeur ouvrit la porte et fit sortir Elya et l'ocelot. Ils se trouvaient derrière le palais... Un nouveau chapitre s'écrivait.

-Elya !

Un rouquin l'enlaça faisant sursauter l'ocelot ne l'ayant pas vu venir, du moins aussi vite.

-Salut Arno !

-C'est moi qui me charge de te faire visiter le palais et de dire ton rôle ici. Et dire qu'il y a trois ans, c'était pareil mais à l'académie.

Le palais d'Unissia était entouré de commerces, c'était là où toutes les transactions s'effectuaient et étaient faites par Alain, le Représentant de cette capitale. Arno aida Elya à porter ses bagages suivis par l'ocelot. Elya raconta tout ce que son ami a raté à l'académie. Tout d'abord, il lui montra la chambre de la jeune fille qui se trouvait près des chambres de la famille "royale". Arno posa également un livre sur le bureau de son amie.

-Ce livre t'indiquera tout ce que tu dois faire en tant que garde du corps. Demain matin, tu commenceras ton tour avec Alain puis l'après-midi tu seras avec Christian, un mercenaire qui s'y connaît en magie noire. Tu voudras manger dans ta chambre ce soir ? Le temps que tu te fasses à tout ça ?

-Oui, ce sera parfait.

-Parfait. On va aller voir les dames de chambre, elles ont une tenue de travail pour toi.

Elya se redressa et suivit Arno dans les couloirs. Les pièces, les couloirs, tout était immense. Et un vrai labyrinthe quand on ne connaissait pas les lieux.

-Tu te feras à tout ça. J'ai encore du mal à certaines ailes, moi aussi.

-Et sinon, tu fais quoi ici ?

-Je suis dans l'aile de l'économie, vois moi comme un assistant financier.

Elle affirma de la tête alors qu'il la fit entrer dans une salle où plusieurs tenues étaient accrochées un peu partout. Des femmes travaillaient d'arrache-pied sur les vêtements, que ce soit pour le repassage ou pour recoudre les tissus.

-Mesdames, je vous présente Elya. La nouvelle garde du corps de la famille "royale".

Elya était restée deux heures avec les couturières et Arno a dû s'absenter, ce qui fit que la jeune fille se promenait dans les jardins. Son objectif ? Retrouver la licorne noire sans sa corne. Le phénix s'inquiétait pour la créature alors quand un faucon lui indiqua une écurie, elle s'y dirigea. Quelques chevaux étaient dehors alors que d'autres se trouvaient dans leur box. Elle devait trouver un cheval noir avec une longue crinière. Un cheval se mit à taper son sabot contre le portillon avant de hennir. Le Protecteur s'avança jusqu'au cheval et aboya pour appeler Elya. Cette dernière fit face au fameux cheval d'ébène avec une mèche cachant une partie de sa tête. Le phénix approcha sa main pour repousser la mèche et voir l'endroit où devait se trouver la corne.

-Ça faisait longtemps... N'est-ce pas ?

***

Dans le Grand Nord, un jeune homme aux cheveux gris posa sa main sur une stèle dont les symboles perdaient de leur brillance.

-Qu'est-ce qu'il se passe ?

Son regard bleu clair s'attarda sur les ondes boréales avant qu'il ne reprenne sa route en traînant un cerf mort pour le clan.