花樣年華 : The Notes pt.2 [FR]

TH | 11 Avril, Année 22

Taehyung, 11 Avril, Année 22

« Namjoon, tu crois que nous avons tous eu le choix de devenir ceux que nous sommes aujourd'hui ? Ou... »
Nous étions à Songjoo ce jour là, dans une de ses nombreuses petites ruelles. La lumière du lampadaires clignotait de temps à autre. Le portrait de Seokjin que j'avais fait sur le mur se tenait devant nous, dans toute sa triste gloire. Son visage maigre et impassible, ses lèvres immobiles, ses cheveux en bataille et ses yeux vides de toute vie...

J'avais fait un cauchemar la nuit dernière. Mes camarades de lycée étaient là. Et des choses horribles leur arrivaient. Et Seokjin était là pour contempler la scène, son visage vide de toute émotion. Mon coeur s'était empli d'une si grande peur que cela me réveillai. Je m'étais décidé à venir dans cette petite ruelle pour peindre son visage à ce moment là. C'était le seul moyen que j'avais de me débarrasser du mal qui flottait au-dessus de moi.

J'allai voir Namjoon juste après et avant même que l'on ne s'échange un bonjour, il m'annonça ceci : « Seokjin est de retour. »

C'était si soudain. Mon cauchemar n'était il qu'une coïncidence ? Deux ans plus tôt, il était parti pour les Etats-Unis et depuis je ne l'avais jamais revu.

« Il a beaucoup changé tu sais, Namjoon continua, Enfin, j'veux dire... Il n'a pas beaucoup changé mais il y a quelque chose de différent chez lui. Quelque chose en lui a changé, un peu comme si il avait perdu une part de lui même... Comme si quelque chose s'était soudainement dévoilé, comme un noeud qui se serait défait. »

Après avoir entendu ces mots, j'avais attrapé le bras de Namjoon et l'avais emmené dans l'allée où j'avais laissé ma peinture. Je lui posai tant de questions une fois sur place. Il ne répondit à aucune d'elles. Il se contenta de rester là, sans un mot, à contempler le graffiti.

Par la suite, il ne me demanda jamais pourquoi ses yeux étaient toujours dépourvu de pupilles. J'étais sûr que Namjoon ne s'était pas posé la question lui-même parce que c'était comme cela que Seokjin lui avait semblé être lorsqu'il le vit pour la première fois.

« J'avais trop peur pour rajouter des pupilles à ses yeux. » J'avouai un jour avec hésitation.
La vérité c'était que je me souvenais des yeux de Seokjin dans les moindre détails. Je n'avais aucune difficulté pour me souvenir des sentiments que portait son regard, ni des couleurs et de la tristesse et des tragédies secrètes qu'il renfermait. Mais à l'instant où j'essayai de redonner cette même émotion à ma peinture, tout ce dont je me souvenais c'était le regard froid de Seokjin. Un regard qui était différent du précédent qui était juste vide d'émotions.

Je pris de nouveau une bombe de peinture en main dans l'espoir de redonner vie à ces yeux vides, mais je n'y arrivai pas.

« — Tu as le numéro de Seokjin ? Je finis enfin par demander,

— Pourquoi faire ?

— Je dois lui demander quelque chose.

— A propos de quoi ?

— Je ne suis pas encore sûr, mais je dois le rencontrer, la question me viendra après. » Je répondis.

Le téléphone de Namjoon sonna, c'était Hoseok.
« Pourquoi t'es pas encore arrivé Namjoon ? Yoongi, Jungkook et moi t'attendons chez toi ! » J'entendis Hoseok demander.

Il était l'heure de partir.

|| A/N : Le graffiti en question est fait par Taehyung dans Stigma. On le voit peindre une silhouette semblable à Abraxas. Dans le BU, Abraxas est intimement lié au livre Demian écrit par Hermann Hesse (cf. Demian, dans le tome 1 de livre). La couverture la plus connue de ce livre (édition de 1972) comporte un visage sans pupille, vide de toute émotion.