花樣年華 : The Notes pt.2 [FR]

SJ | 3 Août, Année 22

Seokjin, 3 Août, Année 22

Je décidai de rentrer chez moi.
Les photos étaient toujours éparpillées sur le sol de ma chambre. Je les ramassais une à une. Yoongi et Jungkook assis épaule à épaule en jouant du piano, Namjoon assis à la fenêtre, et Hoseok et Jimin dansant et jouant ensemble...
J'avais toujours affreusement mal au crâne, mais je savais que cette douleur était la preuve que ce que je cherchais et ce dont j'essayais de me souvenir était important pour moi.

J'installai la Map of The Soul de mon père sur la table. Si c'était vraiment le condensé de toute son expérience, à quoi ressemblerai la mienne ?
Mes erreurs, mes fautes, tous les choix que j'avais fait et les décisions que je n'avais pas prises, et tout ce que ces choses là avaient engendrées, ma Map of The Soul les recensait.

 Soudainement, les silhouettes sur les photos se mirent à bouger. J'eus l'impression d'entendre Hoseok et Jimin rire, et je vis Jungkook se tourner dans ma direction. J'entendis Yoongi jouer du piano et Namjoon et Taehyung courir dans le sable en riant. Tous ces moments s'élevèrent dans les airs et continuèrent de vivre, comme des vidéos que j'aurai enregistrées.
Une mélodie résonnait en fond, j'entendais des rires et le soleil brillait. Les images se superposèrent et quelque chose sembla surgir du plus profond de mon cœur. Je sentis cette chose parcourir mes veines et s'emparer de mon corps. J'avais l'impression que mon esprit était brumeux et que ma conscience était entrain de m'échapper alors que mes souvenirs se déversaient dans la pièce et explosaient tels des feux d'artifice. Mes souvenirs se mirent à danser autour de moi, c'était un spectacle à couper le souffle, je nageais en plein rêve. Toute la pièce se mit à briller de milles feux alors que des moments tristes, d'autres pleins d'espoir, ou de désespoir, ou même des instants heureux m'enveloppaient.
Je n'arrivais pas à en croire mes yeux, comment avais-je pu oublier toutes ces choses ? En baissant les yeux, je réalisai que quelque chose brillait dans ma poche.
Je plongeai ma main dans ma poche et en sortis un polaroïd. La photo était froissée mais j'avais l'impression d'entendre la voix de Jungkook en sortir. 

« Prenons une photo ici ! » Je me retournai et vis la mer s'étendre jusqu'à l'horizon. Mes amis étaient entrain de courir vers mon pick-up. Chacun s'installa et prit la pose.
Clic.
J'immortalisai le moment. Non, ce n'était pas ça. Nous avions pris et repris cette photo un nombre incalculable de fois. Mais je n'avais pressé le bouton qu'une seule fois : lors de la dernière boucle que j'avais traversé. Cet instant, c'était la première fois que les six d'entre-eux étaient présent sur la photo, sans moi. Avant cette boucle, j'avais toujours été sur la photo parce que nous avions mis un retardateur.

Soudainement, les images qui flottait dans la pièce autour de moi disparurent et la scène figurant sur le polaroïd que je tenais se mit à bouger. La brise marine caressait mon visage, il faisait chaud et mon cou était collant à cause de ma sueur. Le sable dans mes chaussures me chatouillait. « Seokjin, dépêches-toi ! » Namjoon me fit signe de la main. « Vite ! Cours ! » Taehyung s'exclama à son tour. Je déclenchai le compte à rebours et couru vers mes amis. Mes pieds s'enfoncèrent dans le sable et alors que je me relevai, j'entendis le déclic de l'appareil photo. Quelqu'un se mit à rire. Il n'y avait pas vraiment de raison de rire, mais nous nous mîmes tous à rire en nous pointant du doigt les uns les autres alors que nous essayions de comprendre qu'est ce qui était si drôle.
Nous riâmes si fort que nous nous roulions par terre dans le sable. Nous avions l'air bête, mais bêtement heureux. Lorsque la scène se dissipa, je réalisai que j'étais toujours dans ma chambre.

J'étais seul, planté au milieu de photos éparpillées sur le sol. Je jetai un autre coup d'œil à la photo dans ma main et vis la scène changer. Désormais, j'apparaissais aux côtés de mes amis sur la photo. Je me souvins alors de ce que le chat m'avais dit. 

« Il y aura un prix à payer. »

C'était donc ça depuis le début. Les souvenirs les plus heureux allaient disparaître un à un de ma mémoire mais aussi de celle de ceux qui m'entourent. Je réalisai alors l'atrocité du contrat que j'avais accepté. Le vent s'engouffrait dans la pièce par la fenêtre. Je regardai autour de moi, je n'avais aucune idée de combien de temps s'était écoulé mais le soleil était haut dans le ciel dénué de nuage. Ce n'était que le matin, un nouveau jour avait commencé. Le vent rafraîchit la chambre et s'enveloppait autour de moi.

« Tu penses être capable de rectifier toutes les erreurs que tu as commises et de sauver tout le monde ? » 

J'étais enfin capable de répondre à cette question. Et maintenant je savais pourquoi j'étais de nouveau pris dans une boucle alors que je pensais m'être extirpé de cette folie. La question elle-même était fausse. Il n'avait jamais été question de sauver tout le monde. Je n'avais pas besoin de corriger quoique ce soit. Tout ce que j'avais à faire, c'était admettre mes erreurs et accepter qu'elles font partie de qui je suis. La seule personne que je n'avais pas été capable de sauver était moi-même, je n'avais pas su me pardonner, m'accepter et m'aimer. Là était le seul défi. Le vent s'estompa lentement jusqu'à disparaître. 

Je réalisai : toute cette souffrance allait enfin prendre fin.