Les Veilleurs d'Oslavalon

Chapitre 20

16h30.

Les sorties de classe sont toujours un moment partagé entre excitation et nervosité.

Les voitures stationnent près des passages piétons et les enfants courent sur le bord de la route, tout en riant aux éclats, accompagnés de leurs parents qui portent leurs cartables dix fois trop larges pour eux.

Je n'ai jamais fais de baby-sitting.

J'appréhende un peu mais l'amour que je porte aux enfant tend à me rassurer davantage.

Tout devrait bien se passer, après tout.

Je sors de ma poche le petit papier que Saul m'a confié, récapitulant toutes les informations importantes.

L'heure, l'adresse, sa signature, et son numéro de téléphone au cas où il y aurait un problème.

Je m'avance près du bâtiment réservé aux maternelles. Les enfants attendent leurs parents à l'intérieur du bâtiment, agrippées aux fenêtre à la recherche de leur adulte préféré. Une petite tête se dessine dans la foule.

Un petit visage mangé de deux grands yeux bleus, couvert par une touffe de cheveux châtains un peu en bataille.

Aaron me fixe, le visage inexpressif. Seul ses yeux presque exorbités semblent communiquer. Il pose sa toute petite main sur la vitre, me suivant de d'un regard très silencieux.

— Bonjour, je viens chercher Aaron, je déclare à la jeune femme qui semble garder la classe.

— Bonjour, vous êtes? Me demande-t-elle, douteuse.

— Une collègue de son oncle, je réplique alors en lui montrant le mot de Saul et mon badge de Veilleur.

La jeune femme hoche la tête et appelle Aaron.

Le petit garçon arrive vers moi clopin-clopant un dessin avec un gros cœur rose dessus, en clignant d'étonnement ses grands yeux azurs.

L'institutrice nous laisse alors, déjà accaparée par un autre parent d'élève.

Je m'accroupis alors et adresse au petit frère de Saul un sourire chaleureux.

— Salut, Aaron! C'est moi qui te ramène ce soir, je lui lance alors gaiement.

Le petit garçon balaie la pièce du regard, visiblement surpris, avant de le planter à nouveau dans mes yeux.

— Saul ne viendra pas? Finit-il par répliquer, d'un regard rempli de déception.

J'humidifie alors mes lèvres, un peu embarrassée par la situation, cherchant instantanément un moyen de rassurer le petit garçon.

Je pose mes yeux sur le dessin d'Aaron. Ce dernier commence à corner nerveusement les coins du papier.

— C'est pour lui? Je demande alors.

Le petit garçon hoche la tête, continuant de me fixer droit dans les yeux, en attendant ma réponse.

Un pincement au cœur me fait alors frémir et une montée d'émotion s'empare alors de moi. Je passe ma main délicatement sur la joue du petit garçon et lui sourit à nouveau.

— Il va nous rejoindre un peu plus tard. Mais en l'attendant, on va aller jouer tous les deux au parc. Est-ce que ça te va? Je renchéris alors plus joyeusement.

Aaron opine alors d'un geste de tête et je lui attrape la main pour traverser la route en direction du parc.

Je lui tends son goûter et lui pose alors quelques questions sur sa journée, sur l'école, auxquelles il me répond à la manière du petit garçon de quatre ans qu'il est.