Chapitre 31

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On rejoint alors la voiture pour rentrer à l'institut.

Ce lieu m'avait en réalité fortement fatiguée. Il avait puisé toute mon énergie et je me demandais si Saul se trouvait dans le même état que moi.

Une fois au chaud dans sa voiture, je décide de lui poser la question.

— Comment est-ce que tu supportes tous ces lieux en tant qu'invocateur et empathe? J'ose alors demander.

Ma question était peut-être intrusive, voire déplacée. Mais, j'avais en réalité intimement besoin de comprendre certaines choses. Et, le fait qu'un empathe ait pu devenir invocateur me laissait dans l'incompréhension la plus totale.

Contre toute attente, Saul reste calme. Il ne semble pas se fermer et réfléchit même pendant quelques secondes à la réponse qu'il va me livrer.

— Il faudrait que je te résume comment tout ça a commencé pour que tu comprennes, et c'est très long, me répond-il alors, d'une voix neutre.

Ça tombe bien, le chemin est un peu long jusqu'à l'institut. Ça permettra de meubler les silences gênants du trajet.

— Je me sens prête à écouter, je déclare alors.

Saul ralentit la voiture. Il maintient son regard devant lui qui semble pourtant se perdre dans ses pensées les plus profondes.

— J'ai déraillé après la mort de mon père. Ça, ce n'est un secret pour personne. J'imagine que tous te l'ont rabâché depuis son arrivée, lâche-t-il, avec une pointe de mépris dans la voix, qui, je sais, ne m'est pas destinée.

Je ne réplique pas. Je reste silencieuse, un peu mal à l'aise face à ça.

En même temps, il avait raison. Tous m'avait mis en garde contre le méchant Saul: Aurore, Phil, David, et même Kaï. Je ne cautionnais pas ce qu'il avait fait, mais je ne pouvais ne pas ressentir une pointe d'empathie à son égard.

Tous le monde le détestait et le fuyait, à l'institut. Tous voulait que je fasse de même, sans que j'ai pu, moi, me faire ma véritable idée du jeune homme. Le fait qu'il soit isolé me faisait en réalité de la peine. L'exclusion quelqu'elle soit m'a toujours fait mal au cœur.

J'ai beau me mettre facilement en garde contre certaines personnes, je ne suis pas de celles qui suivent aveuglément le troupeau. Il n'y avait en réalité ni gentil, ni méchant, mais que des âmes saines et des âmes égarées.

Saul appartenait à la deuxième catégorie.

Mon interlocuteur poursuit alors son récit.

— Les émotions qui m'ont envahi suite à la perte de mon principal repère m'étaient bien trop fortes pour que je puisse réfléchir convenablement. Même si je ne m'entendais pas vraiment avec mon père, il m'apportait le cadre nécessaire pour apprendre à les gérer. Une fois parti, j'ai complètement perdu pied.

Saul marque à nouveau une pause dans son discours.

Pour la première fois, je ressens distinctement ses émotions, pourtant cachées d'habitude. Beaucoup de détresse, et de tristesse...Tout semble se confondre en lui, comme s'il revivait la scène en boucle.

Par précaution, je décide de ne pas l'interrompre et de le laisser mener la conversation afin de ne pas y occuper une place trop importante.

— ...A ce moment là, j'étais devenu très influençable, en recherche de marques, en recherche de repères. J'ai rencontré un gars de mon âge qui m'a alors parlé d'une certaine communauté qui s'engageait à accueillir en son sein les âmes perdues pour les faire évoluer, puis s'élever.

Les Veilleurs d'OslavalonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant