Dès que je me retrouve face à eux, je n'arrive pas à leur dire ce que je souhaite pour mon avenir. Car je sais qu'ils me demanderont si je suis sûr de moi, si je ne veux pas revoir mon choix et les possibilités qui me sont offertes. Le numéro de l'avocat traîne encore sur mon bureau, dans l'attente que je passe un appel. J'en suis incapable. Pas si je dois annoncer à voix haute l'avenir qui m'attend.
Inès continue de jouer avec ses chevaux et m'en donne un, en rien inquiète par ma réflexion silencieuse.
— Lui, il s'appelle Black. Il est très rapide.
— Il devrait faire la course alors.
— Non ! Il aime pas la course. C'est un paresseux.
La petite fille récupère un chevalier et me le tend.
— Lui, c'est Tom. Il est gentil.
— C'est le cavalier de Black ?
— Oui. Et c'est l'amoureux de Lucie.
Elle me montre une princesse Playmobile.
— Mais elle peut pas monter à cheval parce qu'elle est pas souple. Du coup, et bah, Tom, il la prend dans ses bras.
Elle place la princesse dans les bras du chevalier et fait tenir le tout en équilibre sur le cheval noir. La mémoire d'un enfant de sept ans est impressionnante quand il s'agit de retenir le nom de ses jouets. Son petit doigt caresse la crinière sombre de l'animal et elle soupire tristement.
— Tu crois que ma Maman m'aimait ?
— J'en suis sûr.
Je lui souris et elle reprend son jeu en imitant des hennissements et des petites voix de personnages. Est-ce que des personnes que l'on n'a pas connu peuvent nous manquer à ce point ?
Quelqu'un monte dans les escaliers et se dirige vers la chambre. J'aide Inès à pousser ses jouets sous son lit et elle grimpe sur la chaise de son bureau où est ouvert son cahier d'écriture. Je me place à côté d'elle et me penche pour donner l'impression de l'aider à travailler. Louise toque doucement à la porte de la chambre et passe la tête dans l'embrasure.
— Tout va bien mes chéris ?
— Oui ! J'ai presque fini.
— D'accord. Tu vas pouvoir réussir sans Noé ? Parce que son ami est là.
Le regard d'Inès jongle entre ses lignes et moi puis elle hoche la tête.
— Oui !
— Ok ma puce.
Louise m'invite à sortir et je me tourne une dernière fois vers Inès. On fait semblant de fermer nos bouches avec nos doigts. Chacun a ses petits secrets.
Je descends vers le rez-de-chaussée juste derrière Louise pour découvrir Abigaël dans l'entrée qui discute de sport avec Marc. Caleb l'observe depuis le canapé avec un regard curieux. Il voulait voir mon ami de ses propres yeux.
Mon ami qui m'aperçoit aussi et sourit.
— Vingt-deux heures maximum les garçons, prescrit Louise tandis que je mets mes chaussures.
— D'accord.
— Et pas d'excès, prévient Marc. Sinon...
— Sinon plus de sortie. Oui.
Le père passe sa main dans mes cheveux et nous jette presque à la porte. Abigaël fait danser ses sourcils et éclate de rire.
— T'as des vrais parents poules !
Je me retiens de lui dire que ce ne sont pas mes vrais parents. Bien que je puisse parfaitement les qualifier ainsi. Abigaël déverrouille sa voiture et ouvre la portière du côté passager pour m'inviter à entrer d'une belle révérence.
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Le chant du cygne
RomanceTome 2 // Monde plus beau 《 L'amour est une bombe à retardement que l'on dépose entre nos mains. 》 Noé ne se pose plus la question. Il sait que sa différence lui vaut d'être écarté des autres. Personne ne tient à rester près de lui. Le garçon est...