Le vingt-neuvième

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Nous sommes tous mis dehors par le propriétaire de la maison. Ulysse est obligé de retenir encore Abigaël quand il aperçoit Simon. Moi, je resserre mes bras contre moi. Je veux juste rentrer chez moi et dormir. Dans la rue, Ulysse nous demande de l'attendre le temps qu'il appelle un taxi. Je m'assois sur le rebord du trottoir avec Abigaël. Ses mains abîmées tremblent devant lui.

— S'ils m'avaient pas retenu, je crois que j'aurais pu lui casser la mâchoire...

Il s'est arraché la peau et saigne un peu.

— Mais je pense que mon coup de pied dans les bourses le dissuadera de recommencer.

Ses coudes se reposent sur ses genoux.

— Dès que je ferme les yeux, je ne vois que toi, complètement amorphe et l'autre qui te monte dessus pour assouvir son besoin. J'imagine ses mains se balader sur toi, soulever ton haut et baisser ton pantalon. Je n'arrive pas à oublier le fait que si j'étais arrivé une minute plus tard, je vous aurais trouvé dans une position différente...

— Ce n'est pas arrivé.

— Je sais. Mais simplement y penser me donne envie...

Ses poings se serrent jusqu'à rendre ses jointures blanches.

— J'ai vraiment eu envie de le tuer.

J'entrelace ses doigts avec les miens et repose ma tête sur son épaule. Il tressaute à ce simple contact.

— T'as pas peur de moi ?

— Sur le coup, oui, j'ai eu peur. Parce que j'ai peur de la violence. Je ne pourrais rien faire contre ça. Mais tant que je sais que tu ne le seras pas envers moi, je n'aurais pas peur de toi.

Il embrasse mon front et son pouce caresse le dos de ma main.

— Je n'oserai jamais te faire de mal Noé.

— Je sais tout ça.

Ulysse revient vers nous et annonce que le taxi est déjà là. Je me lève et Abigaël s'accroche à ma main pour se mettre debout à son tour.

Il dépose un autre baiser sur mon front et nous montons dans la voiture avec Ulysse.

Nous arrivons en premier chez lui après une dizaine de minutes. Il sort de la voiture, mais se tourne vers nous avant de fermer la portière.

— Bonne soirée les gars... Et je suis désolé.

— T'excuse pas, le rassure Abi. Je dois te dire merci.

— Merci Ulysse, ajouté-je.

Il sourit.

— Appelez-moi si vous avez besoin.

Il referme la portière et le taxi repart rapidement. Je me presse contre Abigaël qui m'entoure de ses bras. Je crois qu'il a tout aussi peur que moi de ce qu'il se passera par la suite.

Nous arrivons devant chez Louise et Marc. Abigaël paie le chauffeur et nous sortons pour que je puisse rentrer chez moi.

Louise m'accueille dans le salon et me sourit, me demandant si j'ai passé une bonne soirée. Mon regard dévie sur mes chaussures.

— Noé ? Tout va bien ?

Abigaël câline l'intérieur de mon poignet.

— Il s'est passé quelque chose... avoue-t-il à ma place.

Nous nous asseyons dans le salon et Abigaël raconte pour moi. Les visages des deux adultes se décompensent peu à peu. Je m'en veux d'avoir été si naïf. Je ne me suis même pas méfié une seule seconde. Marc se lève du canapé et je le vois se retenir de crier.

Le chant du cygneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant