Le trente-troisième

517 71 58
                                    

La lumière du matin vient éclairer la peau de son dos. Abigaël répond à mon sourire. On vient de refaire l'amour. Et c'était encore mieux qu'hier soir. Il vient m'embrasser et repose sa tête sur mon épaule. Je lui caresse le bras. Son ventre grogne et il rit.

— Ça creuse toutes ces activités.

Il m'abandonne sur le lit et prend ses vêtements pour se changer.

— Je vais prendre une douche. On se retrouve en bas.

Je l'interpelle avant qu'il ne quitte la pièce.

— Je suis vraiment heureux avec toi Abi.

Son sourire est éclatant.

— Moi aussi.

Il referme la porte et je m'habille afin de nous préparer un petit-déjeuner.

Dans la cuisine, Tristan ricane derrière sa tasse de café. Il se pousse légèrement du meuble contre lequel il est appuyé pour que je puisse prendre des mugs.

— Tu sens le sexe à plein nez, me charrie-t-il.

Je lui cogne le bras.

— Je ne dis que la vérité ! s'offusque-t-il faussement.

— Et bien tu ferais mieux de te taire. Ma vie intime avec Abigaël ne regarde que nous maintenant.

Je mets du café au fond de ma tasse et remplis le reste avec du lait et du sucre. Abigaël nous rejoint quelque temps après et m'embrasse rapidement avant de s'asseoir autour de la table. Il observe mon frère et se pince les lèvres. Heureusement qu'il ne fait aucune remarque. Tristan risquerait de le prendre extrêmement mal si elle venait de lui. L'avantage, c'est que Tristan me pardonne assez facilement.

— Ulysse te plaît ?

Tristan avale de travers et se met à tousser. Son visage s'empourpre.

— Il a ton âge !

–Ça ne répond pas à ma question. Est-ce qu'il te plaît ?

Il laisse sa tasse dans l'évier et soupire lourdement.

— T'occupes pas de ça.

Tristan nous abandonne et Abigaël sourit.

— Pourquoi tu fais cette tête ?

— Attends-toi à voir régulièrement Ulysse venir chez vous, me prévient-il.

Je l'observe avec attention. Il semble sûr de lui.

— Tu crois qu'ils vont finir ensemble ?

Il hausse les épaules.

— Vu leur échange de regards et la façon dont ils s'empourprent quand on implique l'autre dans une conversation, c'est fort probable. Mais bon... Il y aura des beaux-frères sexy dans la famille.

Mon petit-ami semble assuré avec son sourire dont il a le secret. Si cela doit arriver, cela arrivera. Mais j'espère ne jamais tomber sur l'un de leur futur échange langoureux. J'ai entendu assez de choses pour imaginer comment ils se passeraient. Et je n'ai qu'une envie. Oublier cela.

*  *  *

Sept mois. Je m'observe dans le miroir et soupire. Je crois que je suis prêt. Cela fait sept mois que j'attends.

— Je suis content que tu puisses venir.

Abigaël se lève de mon lit et me serre fort dans ses bras. Sept mois qu'Abigaël est avec moi, à me soutenir et à me promettre le monde.

— J'aurai pas supporté que tu doives l'affronter seul.

Il embrasse ma tempe et prend ma main dans la sienne pour m'emmener au rez-de-chaussée. Louise et Marc vont nous emmener pour l'audience. Sept longs mois se sont écoulés depuis la fameuse soirée. Sept longs mois que nous attendons de savoir ce qui nous attend. Tout le monde est persuadé que Simon sera puni. Mais moi, je doute.

Tout le monde est présent pour moi, mais tout le monde ne sera pas admis à l'intérieur du tribunal. Seuls Ulysse et Abigaël seront présents, étant des témoins de ce qu'il s'est passé.

La route jusqu'au tribunal se fait dans un silence oppressant. La main de mon petit-ami dans la mienne me rassure quelque peu. Ulysse me sourit. Je ne suis pas seul.

Louise et Marc nous attendront dans le couloir devant la salle, tandis que je rentrais avec mon avocat, Abigaël et Ulysse pour affronter Simon.

Mon ami part s'asseoir et Abi m'embrasse la joue.

— Je suis là et je resterai là, promet-t-il. Jusqu'au bout.

Il s'assoit à son tour et accompagne l'homme qui me défend.

Une femme défend aussi Simon.

Ulysse témoigne. Il ne s'énerve pas et garde un ton calme en prenant soin de décrire tout ce qu'il a vu. Abigaël fait de même peu après, mais avec plus de vivacité. Il est bien plus en colère.

Nos regards se croisent et il se calme un peu. Nous sommes devenus des meilleures personnes grâce à l'autre.

Les mots reviennent et me percutent. Simon a voulu abuser de moi. Si Ulysse ne m'avait pas vu, Abigaël n'aurait pas pu intervenir et Simon serait allé au bout.

Je gratte mon index avec mon pouce.

Ils m'ont sauvé.

Simon donne sa version des faits, utilisant l'alcool comme justificatif de son acte. Il n'était pas conscient de ce qu'il faisait.

Sam me revient soudainement en tête. L'alcool a fait de lui un homme mauvais. Il ne boit plus du tout. Peut-être que je pourrais le revoir. Juste quelques minutes.

Le juge prend en compte ce que tout le monde dit. Et enfin, le verdict tombe.

— Simon Lefort, la justice vous condamne à 2 ans d'emprisonnement et de 50 000 euros d'amende pour tentative d'agression sexuelle sur la personne de Noé Asselin. La séance est levée.

Simon est définitivement emmené loin de moi. Je souris en sortant du tribunal.

Louise et Marc me sourient.

Je prends Louise dans mes bras.

— Maman...

— Noé...

Elle m'aime et je l'aime si fort. Je serre Marc aussi contre moi. J'ai choisi de faire ma vie avec eux.

Abigaël me sourit. Je pleure dans ses bras.

Je suis enfin libre d'être celui que je suis et de pouvoir être heureux.  

Le chant du cygneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant