Le douzième

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Je me réveille avec une sensation de bien-être. Pas un seul cauchemar durant ma nuit. Mon téléphone vibre et je me penche pour voir qu'Abigaël m'a envoyé un message. Ou une photo pour être plus précis. Un doigt d'honneur qu'il fait au tableau de notre salle de cours.

"T'as de la chance que ce soit toi, sinon j'aurai fait un scandale 😊🖕" "Profites de tes jours de repos et reviens en forme💪"

Son message me fait sourire et je décide de lui en envoyer une. Un bout de mon visage avec Ruwann endormi en boule à côté de moi en lui disant que je profite. Je n'ai pas envie de lui parler de la soirée de la veille. Ni d'autre chose terrible sur ma vie pour le moment. Peut-être même que je ne le ferai jamais. Il me répond vite.

"À qui est ce chat ? Que je le kidnappe ! 😱"

"Mon frère."

"Alors oublies ! Je vais me concentrer sur mon cours et t'imaginer en train de papouiller ce chat 🐱🥰 "

Je quitte mon lit, heureux de ce simple échange. Voyant l'heure sur le micro-onde de la cuisine, je décide d'aller voir comment vont Tristan et Loïk. Je toque doucement à la porte et l'ouvre pour les voir sur le lit de mon frère.

Ils ont dormi ensemble, dans les bras l'un de l'autre. Tristan paraît apaisé et Loïk le tient fort, comme s'il avait peur de le voir partir. Leur affection ne disparaîtra jamais et personne ne pourra rivaliser. C'est certain.

Le téléphone de Loïk sonne sur la table de nuit et le chanteur commence à émerger, lâchant peu à peu mon frère pour récupérer l'appareil et voir qui est son interlocuteur.

— Merde.

Il me regarde, encore à l'entrée de leur chambre et il quitte le lit pour se rhabiller. Il n'est pas complètement nu et ça me rassure.

Nous savons tous les deux qu'il va partir rejoindre Priyanka en dépit de la nuit qu'il vient de passer dans le lit de mon frère, bien qu'ils n'aient rien fait d'intime. Je n'ai pas envie de faire un commentaire, car ce sont leurs histoires. Mais savoir que Tristan va être abandonné une fois de plus, me met en colère, car je sais qu'il va en souffrir.

Loïk s'excuse pour tout et quitte l'appartement. Je le suis rapidement. J'aimerais lui crier de rester, me mettre en colère contre lui, lui dire qu'il est le seul à pouvoir aider Tristan et que sans lui, mon frère sombrera définitivement. Mais quand je vois les larmes sur son visage, je m'arrête. Il bloque l'ascenseur avec sa main et essuie ses joues de l'autre.

— Il sait que je l'aime, annonce-t-il comme une évidence.

— Alors reste... Pour lui, le supplié-je.

— Je ne peux pas.

— Je t'en prie. Il ne s'en remettra pas. Pas cette fois.

— Dis-lui que je suis désolé. Pour tout.

Les portes se referment et je retourne auprès de Tristan. Il est assis sur le lit, le regard plongé sur la place qu'avait pris Loïk dans son lit.

— Il est parti... chuchote-t-il en caressant le drap.

Ce n'est pas une question. Il sait parfaitement que c'est le cas et qu'ils ne se reverront pas avant un long moment. Mon frère baisse la tête, abattu, et commence à pleurer.

Je grimpe sur le matelas pour le serrer dans mes bras et il se raccroche à moi, pleurant plus fort contre mon torse. J'aimerais tellement être capable de l'aider davantage. Je nous allonge et je n'entends plus que ses pleurs étouffés. Ma main caresse ses cheveux tandis que ses sanglots se tarissent et que sa respiration se fait plus lente.

Le chant du cygneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant