Le vingt-cinquième

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Nous sommes assis sur un banc, les gens vaquent à leur occupation dans le reste du parc. Eliott a les doigts et la bouche tartinés de chocolat. Ulysse l'essuie avec une lingette et cela fait sourire le petit garçon.

— T'es un vrai petit cochon.

L'enfant retourne à sa crêpe avec le sourire.

— Est-ce que c'est difficile ?

— Tous les jours. Mais j'ai appris à faire avec.

— Comment tu fais avec les cours ?

— Qu'est-ce que tu es curieux !

Ulysse caresse les cheveux de son fils. Je devine sans mal la tristesse dans ses yeux.

— Mes parents le gèrent la majeure partie du temps. Je crois que ça leur manque d'avoir un enfant en bas âge. Et ils me font souvent comprendre que je suis un mauvais père.

Eliott termine son goûter et Ulysse finit de le nettoyer.

— Au fait, il s'est passé quelque chose avec Abi ?

— Quoi ?

— Fait pas l'imbécile. Vous devriez être en train de roucouler à l'heure qu'il est.

— On... On s'est disputés, avoué-je à demi-mot. Enfin, je crois.

— Oh ! Bah, ça arrive à tout le monde. C'est quand on se dispute jamais qu'il faut s'inquiéter.

— C'est si facile que ça ?

— Quoi ? Être en couple ?

Il rit.

— J'ai la chance d'avoir un enfant pour m'éviter de penser à me lancer dans une relation sérieuse.

Le petit garçon grimpe sur les genoux de l'étudiant et entoure son cou avec ses bras pour lui faire un câlin.

— T'es fatigué mon ange ?

Il secoue la tête, mais baille.

— On va rentrer. Tu dis merci à Noé pour le goûter.

Il tourne le visage dans ma direction.

— Merci Noé.

Ulysse me laisse sur le banc et Eliott m'offre un signe de la main. L'amour que porte Ulysse à son fils me fend le cœur. Ses parents osent dire de lui que c'est un mauvais père.

Je prends mon skate et roule en direction opposée de chez les Bellegarde. Je sais où mon envie me mène.

Je descends de ma planche et sonne au grand portail en fer blanc. Personne ne vient. Je n'ai pas mon téléphone pour le prévenir et de toute manière, je crois qu'il ne voudrait même pas me répondre. Je fais part de ma présence une seconde fois et une jeune femme m'ouvre.

— Bonjour, je peux vous aider ?

— Bonjour je suis Noé, me présenté-je poliment. Un ami d'Abigaël. Nous sommes dans la même classe. Nous devions nous voir pour un devoir.

Elle m'invite à rentrer avec elle dans la maison et referme la porte derrière moi.

— Il est à l'étage avec un ami. Je vous laisse ici.

Elle part dans une autre pièce et je monte jusque dans sa chambre. Abigaël est avec quelqu'un d'autre. Je toque à la porte et il m'autorise à entrer. Il est assis sur son lit, torse nu. Sa peau brille et j'ai envie d'y glisser les doigts. Il est beau.

Quelqu'un est vraisemblablement dans sa salle de bain, l'eau de sa douche coule. Son regard me fait comprendre qu'il n'est pas particulièrement heureux de me voir.

Le chant du cygneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant