Le sommeil me quitte. J'observe le ciel ensoleillé à travers la grande baie vitrée du plafond. Le bras d'Abigaël encercle avec possessivité mon ventre. Nous sommes encore nus sous les draps. Nous avons fait l'amour hier soir. Ma main se pose contre ma poitrine et je m'assois sur le lit pour le contempler. Allongé sur le ventre, sa main n'a pas bougé du mien. Je me penche vers le bord du lit pour ramasser mes vêtements. Je repousse son bras, tentant de ne pas le réveiller et il geint un peu avant de se retourner sur le dos, me laissant la liberté de quitter le lit. Je me change rapidement avec des vêtements propres, Range le reste de mes affaires dans mon sac et attrape mon casque avec mon téléphone.
Je descends à l'étage et me rends sur la terrasse qui offre une vue sur le lac. Je mets mon casque, lance une musique et m'assois sur un siège, ramenant mes jambes contre moi. J'ai besoin d'une pause. Une longue pause avant de revenir vers lui. Tout ce que j'ai avoué hier à remonter trop de mauvais souvenirs. Et du fait de ce que nous avons partagé par la suite, mon cœur en souffre. J'aurai dû le repousser, lui dire que c'était trop. Mais il en avait envie et au fond, moi aussi. Et je voulais lui plaire. Mais ce matin, tout me revient en pleine face.
Je m'essuie la joue et appelle Tristan. Je n'ai besoin que de lui. Et il décroche rapidement.
— Tu as intérêt à avoir une bonne raison pour m'appeler à sept heures un dimanche matin, marmonne-t-il, la voix fatiguée.
Je n'ose rien dire et me contente de baisser la tête.
— Noé ?
Ma main essuie mon autre joue et un sanglot entrave ma voix.
— Noé, qu'est-ce qu'il se passe ? C'est Abigaël ?
J'éclate en pleurs. Je suis stupide. Tout était de trop.
— Donne-moi l'adresse, je viens de te chercher. Promis, je suis là rapidement, me rassure-t-il.
Je raccroche pour lui envoyer l'adresse par message. Je me renferme dans ma bulle. Abigaël va me détester.
Je l'entends descendre les escaliers et il me rejoint sur la terrasse avec le sourire.
— Tu veux manger quoi ce matin ?
Je ne réponds rien et plonge mon visage entre mes jambes pour me couvrir la tête de mes bras. Il va me détester et me demander de partir de sa vie.
— Noé, ça va ?
Il se rapproche et je le sens s'accroupir devant moi.
— Parle-moi. Qu'est-ce qu'il se passe ?
La seule raison pour laquelle je ne l'ai pas encore repoussé, c'est que l'air extérieur m'entoure. Sans ça, je lui aurais hurlé dessus pour ne pas qu'il vienne près de moi.
— Bon... Je sors des trucs dans la cuisine. Rejoins-moi si tu as faim, me propose-t-il doucement.
Il n'embrasse pas mon crâne, ne pose même pas sa main sur moi. Il aurait toutes les raisons de me détester. Je suis fait pour être seul. L'amour, ce n'est vraiment pas pour moi. Mon cerveau me le fait bien comprendre.
Je sais qu'il s'écoule plusieurs heures durant lesquelles je ne bouge pas de mon fauteuil. Abigaël marche sur la terrasse, tente de me ramener vers lui en me parlant, mais je ne bouge pas d'un millimètre. Je veux juste rentrer chez moi.
J'entends une voiture vers le devant de la maison. Tristan est venu.
Mon frère entre dans la maison et me rejoint sur la terrasse. Il se penche vers moi, entrant dans ma bulle, mais il ne me touche pas. Il sait qu'il ne doit pas.
— Je suis là, Noé... Je vais te ramener à la maison.
Il va me ramener et je vais pouvoir respirer.
— Qu'est-ce que vous avez fait ? s'adresse-t-il à Abigael.
J'aimerai tellement lui dire que je m'excuse. Mais j'en suis incapable.
— Rien, ment mon ami.
— Abi, je suis sérieux, qu'est-ce que tu as fait à mon frère ?
— Mais rien je te dis ! On a juste parler et-
— Vous avez parler de quoi ? le coupe-t-il sèchement.
— Tristan...
— Si tu me réponds pas tout de suite, je te jure que je t'en colle une, le menace mon aîné.
— On a parlé de vos parents...
— Putain...
Je m'en veux tellement de leur faire du mal.
— Et après on a... On est allé dans ma chambre pour... Hum... avoue Abigaël à demi-mot. Je te promets que je ne lui ai pas fait de mal !
Tristan ramasse mon sac et je sais que c'est l'heure pour moi de partir et de voir Abigaël pour la dernière fois.
— T'approches plus de lui.
— Tristan...
— Je suis sérieux. Si tu t'approches encore de lui, je te file une baigne.
Tristan repart à l'intérieur, je le suis et Abigaël me rattrape.
— Noé... Tu comptes rien me dire ? Juste partir comme ça ?
Je regarde mes chaussures et je sais qu'il pleure. Je me déteste.
— Je t'en prie, parle-moi. Dis-moi ce que j'ai fait de mal, me supplie Abigaël entre deux sanglots.
Tristan se met entre nous et j'avance jusqu'à l'entrée.
— Tout. T'as tout fait de travers Abigaël. T'approches plus de mon frère, lui ordonne Tristan.
J'entends encore ses pleurs quand je quitte la maison. Tristan ouvre sa voiture et je m'assois à la place passagère, sans regarder la maison. J'ai honte de moi et de ne pas pouvoir lui donner d'explication.
Tristan se frotte le front et allume son téléphone. Il appelle quelqu'un.
— Salut... Désolé, je pourrais pas venir ce matin. Ouais, je sais. Désolé... Non, moi, je vais bien. Mon frère a juste un petit souci... Peut-être... Je te laisse, faut que je le ramène chez nous. Ok. À cet aprèm'.
Il raccroche et démarre. Un véritable sourire se dessine sur son visage. Quelque chose ou quelqu'un le rend heureux. Je n'ai pas la force de lui demander pourquoi. Je suis juste fatigué.
Mon téléphone sonne entre mes mains. Abigaël.
— Réponds pas. Faut qu'il comprenne qu'il t'a fait du mal.
Je le range au fond de mon sac et repose mon bras contre la portière. Il a raison. Je jette un coup d'œil dans le rétroviseur. Abigaël se tient devant la porte d'entrée, le téléphone encore dans la main, à tenter de m'appeler. Je sais qu'il pleure.
J'aimerais juste oublier ma vie. Oublier que je suis moi. Oublier que j'ai fait souffrir Abigaël.
Mon portable sonne toujours quand nous nous éloignons.
Je ne mérite pas quelqu'un comme lui.
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Le chant du cygne
RomanceTome 2 // Monde plus beau 《 L'amour est une bombe à retardement que l'on dépose entre nos mains. 》 Noé ne se pose plus la question. Il sait que sa différence lui vaut d'être écarté des autres. Personne ne tient à rester près de lui. Le garçon est...