Soupe à l@ Grim@ce

34 4 0
                                    

Lisa


Le dimanche midi, le quartier Brigode à Villeneuve d'Ascq ne voit passer que les sportifs de la petite balle blanche et les familles impeccablement vêtues qui vont déjeuner au Restaurant du Golf. Les lieux doivent leur tranquillité au prix du mètre carré du terrain.

Après avoir descendu ma vitre, je tape le code permettant à la grille en fer forgé de s'ouvrir lentement sur l'allée qui mène au manoir des Bartoli. De la rue, on ne peut apercevoir que l'extrémité du toit de la tourelle qui fait office d'entrée à l'immense demeure. Cette ancienne maison de maître, de style Art déco, que mon père a fait restaurer et moderniser est à son image.

Imposante.

Intimidante.

Ostentatoire.

Plus de terrain arboré qu'il n'en faut, une piscine couverte ou non selon la saison, un point d'eau avec des canards et des poissons, au-dessus duquel passe un petit pont de bois, tout cela entoure la demeure des Bartoli. C'est ici que j'ai grandi, dans ce magnifique endroit. Vu de l'extérieur, un château pour une princesse. Et je l'ai été, une princesse. Pendant exactement six ans. Ensuite, j'ai enchaîné les nounous, les précepteurs, puis les pensionnats en Suisse dès que j'en ai eu l'âge, ne revenant ici qu'à de très rares occasions.

Une fois garée sur une des deux places de parking, je ne sors pas tout de suite et fais quelques exercices de respiration dans l'espoir que ma nervosité s'estompe, à défaut de disparaitre. Dans mon rétroviseur central, je capte le mouvement de la porte d'entrée en bois sombre à deux battants. Deux petites têtes blondes apparaissent, certainement attirées par mon arrivée.

J'ai à peine claqué ma portière que Romuald et Sacha se jettent sur moi. J'ai juste le temps d'ouvrir mes bras pour les accueillir.

— Lisa, Lisa !

Leurs cris de joie sont un baume pour mon cœur. D'eux, j'en suis sûre, je suis aimée. Alors que je les embrasse et les chatouille en même temps, leur mère patiente dans l'encadrement de la porte, souriante et bienveillante.

Blonde, comme ma mère.

Belle, comme ma mère.

Les yeux bleus, comme ma mère.

Mais Cassandre n'est pas ma mère.

— Il p-p-pa...parait q-q-q...que c'est v-v-vo...vo-tre a-a-a...anniv-v-v...versaire ?

— Ouiiiiiiii ! s'écrient-ils.

— Tu nous as fait un gâteau ? s'enquiert Sasha.

— P-p-peu...peut-être...

— Je suis sûr que oui ! affirme fièrement Romuald.

Suivie par les jumeaux de huit ans, je passe de l'autre côté de ma voiture et en sors la boîte qui était calée sur le siège passager et dont la vue provoque les sautillements d'enthousiasme des deux boules d'énergie. Mon sac à main d'un côté et le gâteau de l'autre, je rejoins la maison accompagnée de mes frères. Cassandre m'embrasse tendrement sur la joue, un bras passé sur mes épaules.

— Bonjour Lisa. Je suis heureuse que tu sois venue. Les garçons étaient impatients.

Je hoche la tête et réponds à son sourire.

— Comment vas-tu ?

Je hausse les épaules sans avoir cessé de sourire et nous pénétrons dans le vestibule. Alors qu'elle me débarrasse de la boîte pour que je puisse retirer ma veste, une voix grave nous parvient de la salle à manger.

Slave Of One Night : Première Chanson - Pick Me UpOù les histoires vivent. Découvrez maintenant