F@mille & C@rbonnade

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Tray


Des coups violents frappés à ma porte me réveillent en sursaut. Le cœur battant, je m'assieds et frotte mon visage.

— Papa ! Ouvre ! C'est moi !

De bonne grâce, je déplie mon mètre quatre-vingt-dix et ouvre à ma fille qui se jette contre moi dans une étreinte réconfortante. Je l'embrasse dans les cheveux, respirant son parfum de fleurs fraîches et heureux de la revoir. Chaque jour, le manque d'elle se fait ressentir.

La gamine a grandi, c'est un fait. Pas un matin, je ne me lève sans penser à elle. Pas un soir, je ne me couche sans penser à elle.

— En même temps, je n'en ai qu'une, donc pas la peine de crier « c'est moiiiiii ! ».

— T'en es sûr ?

— Pardon ?

— T'es sûr que je n'ai pas de frères et sœurs quelque part aux États-Unis ? me demande-t-elle.

Non.

— Oui, j'en suis certain, sinon la mère serait déjà venue me réclamer une pension alimentaire.

— Pfff... J'en ai marre, je voudrais bien un petit frère ou une petite sœur.

— Bah, demande à ta mère.

Léa lève les yeux au ciel en se détachant de moi.

— Pas demain la veille. Faudrait déjà qu'elle se trouve un copain. Mais toi, tu peux. D'ailleurs, t'as pas ramené Kimberley avec toi ?

— Kimberley qui ?

— Ben, ta copine. Tu sais, grande, blonde avec des grains de beauté partout, celle qui ne mettait jamais de haut de maillot de bain pour nager dans la piscine, fait-elle en mimant une paire de seins.

— T'as un train de retard ma fille. Celle-ci, y'a longtemps qu'elle est partie. Pas intéressante.

— Ah ? Mouais, t'as raison. Elle n'était pas gentille avec moi de toute façon, grimace-t-elle.

— Hum, hum.

Sa réflexion ne fait que confirmer le bien-fondé de ma décision, mais la raison est toute autre et elle n'a pas besoin de la connaitre. Il y a quelques mois, en revenant d'une répétition en studio, je l'ai surprise avec l'homme embauché pour nettoyer la piscine. Ils étaient en train de s'envoyer en l'air dans le poolhouse. Ce soir-là, j'ai fait d'une pierre deux coups, j'ai viré Kim et l'employé, sans perte, mais avec beaucoup de fracas. Depuis, j'ai engagé une nouvelle société qui ne vient que lorsque je suis présent. Puis, il y a eu Vanessa, Callie et Nicolle... Ce défilé permanent me lasse.

— Et pas d'autres copines ?

— Y'a eu, y'a plus.

— Ok, bah tant pis alors. Bon, mamie m'envoie te chercher pour le diner. Elle n'a pas voulu que je vienne avant pour te laisser te reposer, énonce-t-elle en levant les yeux au ciel.

— Ouais, attends. Je me rafraichis un coup et on y va.

— D'accord.

Tandis que je pars à la salle de bain, elle s'assied dans le canapé après avoir replié le plaid. Je me lave les dents, me passe un peu d'eau fraiche sur le visage et m'essuie avec une serviette douce au parfum de lessive au savon de Marseille, toujours la même.

— Tu vas chercher une copine française alors, crie Léa depuis le salon.

— Mais, qu'est-ce que c'est que cette obsession pour mes relations ? Depuis quand tu t'y intéresses d'ailleurs ?

Slave Of One Night : Première Chanson - Pick Me UpOù les histoires vivent. Découvrez maintenant