Jennyfer et Carla

Chapitre 10

Jennyfer, Carla, Carlo et Elena

Nous étions abasourdis parce que Roger Dumas venait de nous dire. En attendant nous avions rendez-vous avec Carlo Romeo qui venait d'être désigné président de D.A.T. par intérim. Arrivées dans son bureau, celui du patron, nous nous asseyons. Elena sa femme est là. Sans doute voulait voir nos visages se déconfirent en entendant ce que son mari allait nous dire.

« Vous savez pourquoi vous êtes ici ?

-         Oui vous allez nous licencier, sans doute pour faute lourde, alors que rien ne le justifie et que nous pouvons prouver que nous n'avons commis aucune faute. Si vous choisissez le licenciement économique nous le contesterons. Aussi je vous propose, comme de toute façon la séparation est nécessaire, que nous réglions ça à l'amiable. Cela évitera une longue et pénible action devant les prud'hommes, que vous perdrez de toute façon.

-         Que demanderiez-vous dans le cas où nous accepterions un accord à l'amiable.

-         C'est à négocier, mais nous pensons que le mois en cours et les cinq mois suivants seraient assez juste.

-         Le mois en cours cela me semble entendable. Pour le reste.

-         Nous pourrions vous demander plus. Nous pourrions vous demander plus notamment en allant aux prud'hommes.

-         Ils nous emmerdent ces prud'hommes et vous aussi !

-         Elena taisez-vous ! J'ai accepté votre présence mais je vous saurais gré de vous taire.

-         Si papa avait été en état ... .

-         Suffit !

-         A propos de papa il n'a pas le droit ... .

-         De faire ce qu'il a fait. Eh bien si bâtarde ! D'ailleurs tu as été plus maligne que nous puisque tu as réussie à récupérer tes affaires.

-         Ce qui est mon droit. Et vous ne toucherez pas à mon argent.

-         Tu n'as aucun droit et nous allons récupérer cet argent.

-         Elena sortez !

-         Un instant Carlo. Vous ne pouvez pas récupérer cet argent, je suis majeure, papa ne peut pas me le reprendre. Au cas où il y arriverait c'est du vol et le vol est illégal. Et dans ce cas là c'est la prison qui l'attend. Je ne veux plus rien de vous mais je me battrais pour garder ce qui est à moi et ce qui m'es dû.

-         Je vois que tu as pris de l'assurance Carla, dit Carlo. Je vais en parler avec le reste de la famille. Même si tes sœurs ne sont pas d'accord avec nous, c'est à nous que ton père a confié l'intérim, et je pense que Felice, Giuseppe et Vittorio seront d'accord avec moi, nous allons négocier votre indemnité de départ et te laisser ce que tu as.

-         Merci M.Romeo. »

Carla et Jennyfer

Une fois en voiture, nous nous embrassons et nous commençons à discuter sur le chemin du retour.

« Tu m'as bluffée mon amour.Je ne te pensais pas capable de leur tenir tête comme ça.

-         Moi non plus, je me suis surprise moi-même. Mais elle m'a mise hors de moi. Enfin maintenant je suis soulagée.

-         Tes autres sœurs sont comme elle ?

-         Assez. Mais Elena est la pire, sans doute parce que c'est l'aînée. Mais maintenant je m'en fiche complètement d'elles et du reste de ma famille, il n'y a que toi qui compte mon amour.

-         J'ai eu de la chance de tomber sur toi.

-         A l'exception de Paolo, mon petit-frère. C'est le seul que je vais regretter. On se ressemble beaucoup et on a passé pas mal de temps ensemble. Mais assez parlées de moi. J'ai envie d'en savoir plus sur toi.

-         Vas y pose moi tes questions.

-         J'ai une question toute simple mais je n'ose pas te la poser.

-         Vas y, il vaut mieux crever l'abcès.

-         Qu'est-ce que ton ex t'a fait pour que tu quittes tout ? 

-         J'ai mis du temps à comprendre que j'étais lesbienne. Quand je l'ai rencontrée à 20ans ça été à la fois un coup de foudre et une révélation. On est resté ensemble9 ans. C'était la femme de ma vie. Mais alors qu'elle était ouvertement lesbienne moi je n'osais pas me le dire. Un jour elle à péter un câble. Elle a envoyée un message collectif à toute ma famille, mes amis, mes collègues avec une photo de nous deux en train de nous embrasser. Mes amis n'ont pas dit grand-chose, si ce n'est qu'ils s'en doutaient et qu'ils s'en fichaient. Mes collègues certains ont étés surpris, d'autres non, la plupart n'ont pas étés choqués. Mon patron m'a convoqué dans son bureau en disant que je n'avais pas à étaler ma vie privée. Que si je ne démissionnais pas il trouverait un moyen pour me virer. Il ne l'a pas dit mais je pense surtout qu'il était homophobe. Je te passe les insultes que j'ai reçu de la part de ma famille. Pour finir le soir mon ex m'a annoncée qu'elle me quittait. Elle me quittait « pour une vraie lesbienne.». Après cette journée en enfer j'ai décidée de tout plaquer et d'aller le plus loin possible de mon ex, de ma famille, de mon boulot. C'est comme ça que je suis arrivée à Nice. Aujourd'hui je n'ai plus aucun contact avec ma famille. Ils me manquent, mes amis aussi me manque et ma région. Ça ne fait peut-être pas rêver grand monde la Picardie, c'est un terre agricole et industrielle, mais c'est ma région.

-         Je comprends. Merci de m'avoir parlée chérie. Maintenant tu n'es plus toute seule, je suis là. »