Chapitre seize : Lonely

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Point de vue d'Ysia.

10h00.

        Je lui avais donné rendez-vous sur les falaises de Warntown. Là où je l'avais aperçu il y a quelques temps, accrochée à ce mur de roche, totalement inconsciente du danger qui la guettait. Je tournai en rond depuis une dizaine de minutes, et je souriai, parfois. Oui. Douloureusement, d'ailleurs. Au fond, je brûlais d'envie d'offrir mon corps à ces vagues déchainées pour m'empêcher de prononcer mes prochains mots, que je regretterai toujours. Toute ma vie, je maudirai cette décision, qui au final n'en était même pas une car je n'étais pas du tout en accord avec ça. Mais je n'avais pas le choix, non. Si je l'avais eu, je vous jure que j'aurais couru me pendre à ses douces lèvres qu'elle avait souligné d'un magnifique gloss violet. Je vous promets que je lui aurais ôté sa robe noire -même si celle-ci capturait ses agréables formes que j'avais, trop peu de fois, eu l'occasion de couvrir de baisers torrides-. Mais non, messieurs dames, je n'ai rien pu faire de tout ça.



" Hey, je suis venue dès que j'ai vu ton message, lança t-elle en continuant d'avancer. "



        Elle avait l'air si inquiète, mon dieu, je m'en voulais déjà. Je reculai de trois pas. Elle sembla surprise et pencha sa tête à gauche en me dévisageant. Elle ne m'avait pas vu depuis quinze jours. Je renvoyai constamment ces appels et je ne lui ouvrai plus la porte de mon studio. Il y a quelques jours, elle est restée quatre heures sur le palier. Et pendant quatre heures, je l'ai observé par le trou de la porte. Mes ongles avaient même fini par dessiner son délicieux visage sur le bois de la porte.



" Ysia? Je... J'ai fais quelque chose de mal?

- Non, rétorquais-je immédiatement. "



        J'avais répondu si rapidement, si  brutalement que j'en fus mal à l'aise. Elle entrouvrit la bouche et je baissai les yeux. Je me concentrai sur ma jupe plissée, je tordai machinalement le tissu entre mes petits doigts qui ne demandaient qu'à toucher une nouvelle fois sa peau sucrée.



" Alors pourquoi tu m'ignores? "



        Il y avait cette sorte de fissure dans sa voix, cette faiblesse profonde qui montrait toute son anxiété. Et bordel, j'aurais dû fermer ma gueule et juste la prendre dans mes bras pour la chérir toute mon existence. Mais je n'suis qu'une pauvre conne. Et toute conne qui se respecte fait de grosses erreurs.



" Je peux plus, murmurais-je.

- Pardon? s'étrangla t-elle. Non. Non non non. "



        Elle répéta cette négation une bonne quinzaine de fois en se massant les tempes. Un lait au miel, voilà ce qu'il lui fallait. Je lui en préparais souvent quand elle venait à la maison. Avant. Avant toute cette période merdique.



" J'comprends pas, Ysi. Non. Vraiment, gloussa t-elle nerveusement avant de prendre une grande inspiration. C'est... C'est quoi le soucis? Dis-moi, dis-le moi, tu... Tu n'aimes pas, je sais pas moi, tu n'aimes pas la façon dont je prépare tes toasts le matin, ou, ou peut-être que tu en as marre que je mette le volume de la TV sur un chiffre impair, c'est ça? J'sais pas, dis-moi le problème et je ferais mon nécéssaire pour le régler, mais steuplait t'as pas le droit de me dire ça, pas à moi mon ange, non. "

Hunting me [en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant