Hunting me [en réécriture]

Chapitre dix : Open

19h09.

        Le verdict était tombé : j'étais exclue de l'établissement pour les trois prochaines semaines à venir. Ma mère m'avait tant sermonné que les murs de la maison étaient torturés par ses paroles blessantes. Elle avait toutes ses raisons de m'en vouloir, je m'en voulais aussi. Je m'en voulais d'avoir été assez bête pour me laisser triturer la lèvre par cette garce de blonde. Je laissai tomber mon sac au pied de mon lit quand je remarquai quelque chose sur mon lit : une petite boite bordeaux. Cette couleur ne laissait aucun doute : il s'agissait d'un nouvel indice. Je devenais tout à coup moite : les indices se faisaient rares en ce moment. Puis je me jetais sur mon lit, prête à faire fonctionner mes méninges. Je l'ouvrai, tremblante, et manquai de faire tomber ce qu'elle contenait. Je prenais l'objet entre mes doigts et posai la boite à mes côtés. Il s'agissait d'un mouchoir à la menthe. Je le portai immédiatement à mon nez et en humai l'odeur. C'était idiot, mais ma mère m'en donnait toujours pour me calmer lors de mes caprices de petite fille. Or, personne ne le savait. Je m'allongeai, le mouchoir toujours posé sur mes narines, et m'apaisai.

"Je peux entrer?

- Tu es déjà à l'intérieur, Adriel."

        Je soupirai en me relevant. Je n'avais aucune envie de parler à quiconque et surtout à mon meilleur ami, numéro un mondial des leçons de morales. Il s'assit au bout de mon lit et prit mes jambes pour les déposer sur les siennes.

" Soane...

- Je t'arrête tout de suite, j'ai pas besoin de ta morale, le coupais-je."

        Il eut un mouvement de recul, comme si il était affecté par mes propos. S'en suivit un léger reniflement. Léger mais assez inhabituel pour que j'en sois interpellée. Je m'appuyai sur mes coudes pour me dresser un peu plus et je prenais enfin le temps d'observer la mine de mon ami. Il était pâle, gris, et paraissait affreusement fatigué. Instinctivement, je m'approchai de lui jusqu'à poser ma main sur sa joue pour qu'il tourne sa tête vers moi. Mon coeur se prenait un mur. Il était blafard, et seul un coquard colorait la peau de son arcade sourcilière gauche. Il avait de petits yeux et peinait à ouvrir son oeil gauche.

" Adriel, qu'est ce que... C'est quoi ça?!"

        Il renifla une nouvelle fois et se servit de son doigt pour essuyer ce qui coulait de son nez. J'attrapai mon mouchoir mentholé et enroulai mes jambes autour de sa taille. Face à lui, je tapotais son nez avec le mouchoir.  Il n'affrontait pas mon regard interrogateur tandis que j'examinai sa blessure.

" Qui t'as fait ça?

- Caleb. "

        Je reçu une décharge. Caleb, l'un de ses meilleurs potes, le frapper?

" Mais... pourquoi? le questionnais-je."

        Il mordit ses fines lèvres rosées avant de me serrer contre lui. Il posa sa tête par dessus mon épaule et je sentais son nez caresser mes cheveux en bataille.

" Il se passe quoi? Explique-moi, suppliais-je.

- J'ai... Il soufflait. Je vais partir Soane.