Hunting me [en réécriture]

S3 - Chapitre deux : Le monde a rétréci

SOANE WILSON 

- 17 heures, Edson Park - 

Le soleil était déjà en train d'abandonner son poste quand je me décidais enfin à sortir Bart. Bart était le labrador noir de Taylor. Nous étions samedi et elle travaillait dans une boutique le week end pour payer son loyer. Je m'étais alors proposée de m'occuper de son animal. Erreur. Grosse erreur puisque j'étais actuellement en train de lui courir après en plein milieu du parc. J'avais oublié de l'attacher, pensant qu'il m'obéirait. Pauvre idiote. Il se faufila derrière un buisson et je fus essoufflée lorsque je parvins à le rejoindre. Il jouait avec un autre mâle, celui-ci de couleur beige, bien plus jeune que lui, tenu en laisse par une blonde qui était dos à moi.

- Bart ! grondais-je. 

- Soane? se retourna la jeune femme.

Décidément, le monde avait décidé de rétrécir cette semaine puisque je me trouvais encore une fois face à Ysia.

- Je savais pas que tu avais un chien, grimaça t-elle, comme déçue de ne pas être au courant.

- C'est celui de Taylor.

- Eh bien, se réjouissa t-elle, il est tout aussi énergique qu'elle ! 

Elle se baissa pour lui offrir quelques caresses. Elle ne portait pas de maquille. Sa peau était pâle et ses cernes étaient plus que marquées. Et pourtant elle restait éblouissante. Lumineuse.

- lls ont l'air de bien s'aimer, constata t-elle en voyant les deux chiens jouer ensemble.

- Ouais, soufflais-je en haussant les épaules. 

- J'aimerais bien en adopter un, confia t-elle innocemment, le regard toujours attendri par les animaux.

- C'est pas le tien?

- Non, c'est celui de ma voisine. Elle est très vieille, alors elle me paye pour que je le sorte. Ca fait un petit revenu en plus. Et c'est vraiment un plaisir.

- Pourquoi t'as abandonné ton ancien travail?

- Ma boss n'a pas très bien accueilli ma... grossesse, enfin, tu sais quoi. Et puis j'ai toujours rêvé de faire des chocolats chauds à longueur de journée, plaisanta t-elle.

"Il était délicieux", pensais-je. La laisse du chien qu'elle gardait s'enroula autour de mes jambes, manquant de me faire trébucher. Elle gloussa avant de me délivrer, sans effleurant mon corps - malheureusement. Gênée, j'attrapais Bart tant bien que mal et décidais de le porter pour le ramener à la maison. 

- Tu t'en vas déjà?

- Ouais, j'ai... Des trucs à faire... Genre... Des trucs, bredouillais-je, compressée par le poids du chien qui gigotait dans mes bras.

Sans lui laisser le temps de répondre, je tournais les talons. Seulement, il s'est passé quelque chose d'assez incontrôlable et soudain.  Le genre de pulsion dont je me serais bien passée. Je me suis retournée. Bart a léché ma joue, mais cela ne m'a pas déconcentré pour autant. J'ai tapé du pied, les poings serrés, comme pour me dissuader de faire ça. Mais je n'ai pas pu. Alors, ça c'est juste fait.