Chapitre 24: Quai n°6

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Point de vue Ysia.

04h00.

Je n'avais pas eu le courage de rentrer chez moi directement après la dispute finale avec Soane. Je n'avais pas eu la force d'affronter les regards interrogateurs de Tate et Zain, qui devaient sûrement avoir passé la soirée à regarder en boucle des films de guerre. Je souriais à cette pensée, et mon pied buta contre un petit caillou. Il roula et je haussai les épaules. J'avais passé la nuit à faire la tournée des bars, et pourtant je n'avais pas bu une goutte d'alcool. On dit souvent que l'alcool fait tout oublier. Non. Il se contente simplement de nous faire croire qu'on est puissant, et que l'on peut voler au dessus de nos soucis. Je n'avais pas envie de voler. Je n'avais pas envie d'être puissante. Je n'avais pas envie d'être le Roi du monde, car que serait un Roi sans sa Reine?


Point de vue Soane.

04h00.

J'avais rassemblé toutes mes affaires, et je me tenais debout sur le quai n°6 de la gare, à attendre. J'étais prête à prendre le premier train qui passerait dès l'aube. Parfois, je dansai sur le rebord - mon pied avait plusieurs fois frôlé les rails. Mais ce n'était pas un soir pour mourir. Il y avait cette odeur dans l'air. Celle que j'adore. Vous devez sûrement la connaitre, et j'espère que vous l'appréciez autant que moi. C'est cette atmosphère chaude et lourde, ça sent... ça sent l'été. Et l'été, c'était la saison favorite de ma blonde. Ca arrivait à grand pas, et... Je ne voulais pas lui enlever ça. Je ne voulais pas lui gâcher son été. Je voulais que son sourire réchauffe la planète bien plus que le Soleil de ne le pourrait. Et je pensais vraiment, je veux dire, j'étais convaincue à ce moment-là qu'elle serait bien mieux si j'étais loin.


Point de vue Ysia.

04h30.

Je tournai la clé dans la serrure de mon studio. Je me mordais les lèvres, et replaçai une mèche de cheveux derrière mon oreille. J'inspirai un grand coup, et j'expirai tout en poussant la porte. Je n'eus pas le temps de franchir le seuil de chez moi que Tate et Zain bondirent.


" Ysia, putain !

- T'es sérieuse, t'as vu l'heure là?

- Et ton portable? Ton portable bordel, t'as pas vu tous nos appels?

- Tu pourrais prévenir ! renchérit Zain en tapant du pied, les bras croisés sur sa poitrine. "



Et j'ai perdu mes moyens. Je me suis écroulée. J'ai baissé la tête et le monde entier a entendu mes larmes claquer contre mon parquet. Tate s'empressa d'entourer ma taille et de me soulever légèrement.


" Eh, qu'est ce qu'il y a ? chuchota Zain.

- C'est Soane, pas vrai? "



Son simple prénom me fit frissonner. Jamais plus je n'aurais la chance de le prononcer sans que les cicatrices de mon cœur me brûlent à en crever.


" Personne m'avait dit que ça serait si dur, sanglotais-je.

- Viens là, grimaça le châtain en me serrant un peu plus contre lui. "


J'étais prise de sursauts et mon visage se crispai. Je clignais plusieurs fois des yeux, touchais mon oreille, me mordais la lèvre et tirais ma joue. Trois fois d'affilée. Je sentis la main du bronzé qui se tenait à mes côtés m'empêcher de recommencer. Et je voyais dans ses yeux tout son désarroi. Toute son impuissance. Ah, comme l'homme est faible face aux obstacles de la vie.

Hunting me [en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant