Harry et Neville avaient regagné Londres huit jours après le départ de Draco pour l'Afrique du Sud mais avant qu'ils ne quittent la cité magique de Ghanzi-Sa, il s'était quand même passé quelque chose d'étrange pour les deux Griffondors : ils avaient dû « désenvoûter » un quartier de la cité, celui où Voldemort avait vécu dans sa jeunesse et où il avait commis un horrible crime. Si horrible que les maisons avaient été abandonnées par leurs habitants depuis une cinquantaine d'années. Le puits avait tari, rien n'y poussait et fait caractéristique, les oiseaux n'y chantaient plus. Mais Riad, un jeune conducteur de carriole taxi, descendant indirect de la jeune fille assassinée, voulait faire revivre le quartier et il avait demandé de l'aide, d'abord à Draco puis à Harry quand il avait appris que le jeune sorcier anglais était guéri.
Il était venu le voir le jour du départ de Draco et ça tombait bien car l'ex-malade avait du vague à l'âme. Il discutait avec Neville mais visiblement, le cœur n'y était pas. Riad était arrivé au bon moment Il leur avait expliqué la même triste histoire qu'il avait déjà racontée au Serpentard et il avait proposé de les conduire sur place pour qu'ils se rendent compte de la situation. On ne fait pas appel en vain à la Maison Griffondor. Ils étaient montés tous les trois dans la carriole et l'âne les avait conduit jusqu'au lieu maudit.
Le quartier comptait une vingtaine de maisons avec cour, toutes délabrées et ouvertes à tous vents, sauf une, la plus petite, celle où Boréa s'était installée. La jeune fille était là, occupée dans la cour à soigner un chevreau blessé. Elle les invita à entrer. Dès qu'il fut à l'intérieur, Harry se sentit bien. C'était ombreux pour empêcher la trop grande chaleur, c'était très propre - Dame Yago avait au moins appris à la jeune fille les bons sorts de nettoyage - et surtout c'était paisible. Un petit feu était allumé sous le trou de cheminée. Un tapis couvrait en partie le sol. Peu de meubles, un lit étroit, un coffre fermé, une étagère avec des ustensiles divers, une petite table basse carrée. Et sur cette table, il y avait un pain rond et une cruche d'eau.
Soudain, Harry sentit la magie du lieu prendre possession de lui. C'était simple. Pour rendre la vie au quartier déserté, il suffisait de trois choses : un feu, du pain et de l'eau dans chacune des maisons. Avec bien sûr quelques bons sortilèges. Il exposa aussitôt son idée à Riad, Boréa et Neville. Cela semblait si évident qu'ils furent tous aussitôt d'accord. « Les chamanes ont toujours de bonnes idées » pensa Riad et il sourit. Boréa sourit aussi. Leurs regards s'accrochèrent et Neville qui était à quelques pas d'eux se dit qu'il avait déjà vu quelque chose de semblable.
Une rencontre. LA rencontre entre deux êtres exactement faits l'un pour l'autre. La « féminité » de la jeune fille s'ouvrait enfin et d'un seul coup, elle devenait belle. Riad l'avait déjà aperçue plusieurs fois sans la remarquer et là, elle devenait brusquement à ses yeux la femme la plus désirable au monde. Ils étaient immobiles l'un en face de l'autre, perdus dans leurs regards. Le silence n'était troublé que par le crépitement du petit feu et le bêlement du chevreau dans la cour. Harry s'était arrêté au milieu d'une phrase. Une autre magie était à l'œuvre. Il se passa un moment avant qu'ils ne reviennent tous sur terre.
« - Il faut aller voir Ama Saé, commença Riad d'une voix étouffée.
- Oui, pour tout faire bien, reprit Boréa dans un souffle.
-Je crois qu'il nous faudra de l'aide, ajouta Neville.
- C'est sûr, conclut Harry. J'ai déjà une petite idée. En route ! »
Ils repartirent tous les quatre, Neville se tassant à l'arrière pour laisser sa place à Boréa.
o – o – o – o
Trois jours plus tard, en fin d'après-midi, plusieurs personnes parcouraient lentement le quartier maudit. En tête marchait Ama Kélabélé, la Gardienne des astres, tenant haut son bâton sorcier. Elle avait déterminé le bon moment pour faire la cérémonie : entre soleil couchant et lune montante. Maître Félaro la suivait, il représentait Ama Saé qui ne pouvait quitter la Grande Case. Il était encadré par Maître Ndiapo portant un sac contenant toutes sortes d'herbes purificatrices et par Demblé, armé de sa flûte et de son petit tambour, qui jouerait de l'un ou de l'autre pendant la marche. Aucun autre sorcier de la cité ne s'était proposé pour les accompagner. Ils avaient encore trop peur.
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Chamane
FanfictionL'Afrique ! C'est un immense continent ! Draco Malfoy y va pour son travail. Harry Potter s'y trouve pour le plaisir des voyages. Il y a peu de chances pour qu'ils se rencontrent. Et pourtant...