Chamane 7 : La cape d'invisibilité.

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Tard le soir, après leur entrevue avec la Grande Maîtresse de Ghanzi-Sa et sa suite, Maître Ndiapo et Draco tenaient conseil.

Le jeune homme blond avait dîné dans la grande case des voyageurs mais il ne s'était pas attardé. Quelques sorcières désœuvrées avaient fait petit à petit leur apparition et regardaient ostensiblement de son côté. Il avait gardé les yeux baissés selon le conseil du guérisseur et n'avait pas eu vraiment le temps d'apprécier l'excellence et la fraîcheur des mets préparés. Il avait lancé discrètement des sorts de reconnaissance sur la nourriture et la boisson. Mais il n'avait pas décelé d'ingrédients suspects. C'était une sorte de buffet où les voyageurs venaient se servir. Il était difficile de droguer des plats communs à tous. Il avait ensuite regagné sa case et l'avait « enclose » par un sortilège comme lui avait conseillé Maître Ndiapo.

Pendant ce temps, le guérisseur avait rendu visite à son fils et il avait naturellement été invité à dîner chez le cousin de sa défunte femme. La palabre avait été longue. La disparition de Harry Potter était de toutes les conversations et Offentsé qui, pour ses travaux pratiques, allait chaque jour dans la case des malades, était au courant de beaucoup de choses. Maître Ndiapo était donc revenu avec des informations qu'il avait glanées dans sa famille et en chemin. Il était allé dans la chambre de Draco pour faire le point avec lui. Voilà ce qu'il avait appris.

Le jeune homme étranger qui avait été piqué par un oursin des sables – Harry Potter donc, qu'on appelait ici Maître Harry avec une nuance de respect – avait commencé à « disparaître » depuis un peu plus d'une lune mais il était vrai qu'on ne l'avait pas vu depuis trois jours entiers. Les autres fois, il restait « absent » quelques heures mais il revenait toujours le soir. Le conseil de la cité avait commencé à s'inquiéter et maintenant c'était presque la panique. On le recherchait partout, dans la ville et au dehors mais il était introuvable. Les dromadadaires, montés par des gardes, patrouillaient tout autour de la cité et même loin dans le désert, au cas où le jeune homme se serait perdu ou qu'il aurait fait un malaise… Enfin c'était la version officielle. Ama Saé craignait surtout qu'il n'ait décidé de quitter la cité et de rentrer chez lui. Mais comment, handicapé comme il l'était par les conséquences de son accident… ?

Au début de sa maladie, il avait été soigné dans la case des grands malades. C'était assez difficile car on ne pouvait le toucher directement sans le faire hurler de douleur. Les guérisseurs avaient utilisé au mieux les ressources du palmier Hyphaene, pour son lit, ses couvertures, sa nourriture et sa boisson. Quand il avait pu se lever, pour ne pas qu'il reste nu, les femmes lui avaient tissé une large ceinture et un pagne qui lui descendait à mi-cuisse, le tout en fibres fines de palmier. On lui avait aussi fabriqué des socques de bois à lanières pour qu'il puisse poser le pied par terre sans ressentir de brûlure. Tout ce qui se trouvait autour de lui était fabriqué avec le bois de l'arbre et les guérisseurs ne le touchaient qu'avec des gants en feuilles. Et encore ! Le moins possible !

On avait essayé de lui faire manger divers aliments car il ne pouvait survivre en buvant seulement de l'eau et de la sève de palme. Mais il ne pouvait avaler que certaines sortes de légumes verts et quelques fruits crus peu sucrés. La seule céréale que son corps acceptait, c'était le riz qu'il fallait acheter dans une ville non sorcière car Ghanzi-Sa n'en cultivait pas. Ce n'était pas un produit typique du pays. On le faisait cuire dans l'eau profonde qu'on puisait sous les palmiers. Tout le territoire de Ghanzi se situait au-dessus d'une nappe phréatique très pure et très abondante. C'est pourquoi elle ressemblait à un superbe écrin de verdure. C'était peut-être cette eau qui rendait le riz acceptable pour le malade. Heureusement, son corps tolérait le sel.

Car le jeune sorcier vomissait tout ce qui ne lui convenait pas et souffrait beaucoup. Par exemple, il ne supportait ni viande, ni œuf, ni poisson. Mais il pouvait boire le lait des femelles dromadadaires et manger leur fromage. Ces essais avaient pris deux lunes et pendant ce temps, le malade s'affaiblissait et maigrissait. Il devait ressembler à ce que Draco avait vu dans ses rêves, un jeune homme nu, au visage creusé, aux os pointant sous la peau trop blanche. Enfin on avait pu lui trouver un régime adapté et il avait repris du poids et des forces.

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