Chamane 24 : L'art du palabre.

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Accompagné de Harry Potter, les quatre visiteurs étaient arrivés dans la cité magique. La nouvelle s'était répandue comme une traînée de poudre et ils avaient été aussitôt convoqués à la Grande Case. Ama Saé avait présidé la première palabre. On avait échangé des nouvelles, on avait bu du thé, Maître Ndiapo avait présenté son premier fils, Demblé le musicien, qui profiterait de son séjour pour trouver une pierre à son goût. Draco et Harry avaient tour à tour parlé de Neville et de sa passion pour la botanique et les ingrédients des potions magiques, rappelant au passage quelques souvenirs de jeunesse. « Tu te souviens du jour où les bébés mandragores criaient si fort que tu t'es évanoui pour avoir mal fixé tes cache-oreilles ? »

Ils riaient et cela détendait l'atmosphère car tout n'était pas simple dans le programme de guérison de Harry Potter. Chacun avait sa méthode et personne ne voulait partager ses découvertes avec les autres. Car qui aurait la gloire d'avoir découvert le remède miracle contre les piqûres d'oursins ? Les Guérisseurs de Ghanzi-Sa, Maître Ndiapo ou les deux sorciers anglais ? Il y avait de la tension dans l'air et ce fut Harry, pour une fois bon diplomate - il faut dire qu'il était le premier concerné - qui décida sagement de remettre la discussion au lendemain. Les voyageurs étaient fatigués par leur longue route sous le soleil. On avait le temps. Enfin pas trop, pensait Draco qui avait ensuite une autre mission à remplir.

Le soir, pendant que Maître Ndiapo et son fils aîné rejoignaient Offentsé dans leur famille, Harry, Draco et Neville tinrent conseil. Ce fut le Serpentard qui eut la bonne idée. Il fallait se plier à la coutume du pays et transformer la discussion du lendemain en troc. Chacun mettrait une de ses découvertes sur la table et l'un dans l'autre, on finirait bien par s'entendre. Il fallait ménager des susceptibilités, être diplomate mais ne pas hésiter à forcer un peu la dose sur les félicitations et les compliments. Harry fut prié de montrer beaucoup d'enthousiasme à chaque proposition, même si l'énoncé du remède le faisait un peu flipper. C'était comme du temps de Madame Pomfresh, ses potions étaient mauvaises au goût, elles chauffaient souvent les oreilles mais elles étaient efficaces.

Le lendemain, la réunion prévue se tint dans un coin tranquille de la case hôpital. Il y avait là le Maître guérisseur principal, Ada Ohalva, qui présenta ses deux assistants Ada Gbiso et Ama Kélabélé, plus Maître Dlima qui fut désigné d'office comme rapporteur de la discussion. Ils représentaient la cité. Un peu plus loin se trouvaient Maître Ndiapo et Demblé car les invocations seraient partie prenante de la séance de guérison. En face d'eux, Draco et Neville encadraient Harry portant son sempiternel rouleau de palmes.

Ils s'assirent tous en rond sur les tapis. Le plateau avec le thé était prêt, chacun en dégusta une tasse, sauf le pauvre Harry, on palabra un peu, à la fois pour détendre l'atmosphère et pour s'échauffer avant le vrai débat. Puis Ada Ohalva, un homme dans la force de l'âge, fit un signe. Maître Dlima prit son écritoire et la posa sur ses genoux à la manière d'un scribe. Sur la première feuille de parchemin, il écrivit la date, le nom des personnes présentes et se tint prêt à poursuivre, le stylet magique en main.

Harry commença par remercier l'assistance. Il était ému que tant de personnalités se soucient de sa santé puis, comme convenu, il passa la parole à Draco. Avec beaucoup d'habileté, celui-ci proposa un échange de cadeaux - sachant pertinemment qu'un cadeau offert demandait son équivalent en retour -. Mais, proposa-t-il, au lieu d'objets matériels, chacun dévoilerait aux autres un secret à propos des oursins des sables. Lui par exemple avait assisté à l'éclosion des œufs et à la formation des couples. Une grande chance qu'il désirait partager avec les savants de la cité ! Il avait même dressé une carte indiquant la direction prise par chaque couple à partir du premier nid. Ce serait facile de trouver de nouvelles épines dès que le besoin se ferait sentir. Draco racontait bien et les assistants semblaient très intéressés. Ce récit devait être pour eux une première.

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