Echappée fantastique

Une nuit presque comme les autres

Cette nuit-là, je levai les yeux vers le ciel. Les étoiles brillaient sereinement dans les cieux sans lune. La brise nocturne soufflait paresseusement, me faisant frissonner. En somme, une nuit comme les autres. Le vent forcit, me contraignant à resserrer les pans de ma veste contre moi. La froideur nocturne me remit brusquement en mémoire quelque chose. Quelque chose que j'avais en vain tenté de chasser pendant de longues années, un démon peuplant mes pires cauchemars. Quelque chose qui s'était déroulé ici, lors d'une nuit comme les autres, comme celle-ci, mais qui pourtant changea ma vie radicalement, la maintenant dans l'incertitude et la peur la plus totale. Je me souvins...

Cela avait commencé par une ombre qui semblait occulter étrangement la lueur des étoiles. Non. L'ombre mystérieuse paraissait se nourrir de cette clarté. Face à cette constatation, la peur me saisit et me cloua sur place. Des sueurs froides me coulèrent le long du dos. Énorme, elle grandit vertigineusement, devenant gigantesque, jusqu'à cacher la nuit elle-même à mesure qu'elle absorbait avidement la lumière. Désormais, mes yeux ne purent voir que le vide. Toutes les choses présentes autour de moi un instant plus tôt semblaient avoir disparu, comme noyées dans d'impénétrables ténèbres qui avalaient tout, la volonté, l'espoir et la nuit en personne. Cela ne paraissait pas être une absence de lumière à proprement parler, mais une chose en soi, une chose créée par un mal ancien et inconnu à partir de la lumière. Le souffle glacé de la créature balaya mon visage. Du plus profond de mon être remonta alors une terreur primitive, sans nom et incontrôlable. J'avais l'impression de sentir les griffes de la mort m'effleurer le dos en remontant lentement. C'était comme si une myriade d'aiguilles s'enfonçaient dans ma peau à l'endroit où elle me touchait. Ses doigts enveloppèrent ma gorge. Ses serres effilées m'écorchèrent l'épiderme. Mon sang sembla se glacer dans mes veines. Mon souffle parut se bloquer et il me sembla alors qu'un esprit froid et cruel s'infiltrait dans le mien, en prenant petit à petit le contrôle, jusqu'à le dominer totalement de sa présence malfaisante. Vide de toute pensée, de tout feu, de tout bonheur, de tout espoir, si infime soit-il, je crus ma dernière heure venue. Les ténèbres s'intensifièrent encore plus, se pressant pour m'anéantir. Les griffes aiguës comme des rasoirs se ressérèrent autour de leur proie. Puis, aussi soudainement qu'elle était arrivée, l'ombre se retira. Je retrouvai ma liberté de penser, bientôt celle de bouger. Les étoiles réapparurent, ainsi que l'air calme de la nuit environnante. Je restai debout, pantelante.

Je n'avais raconté cela à personne. Qui aurait jamais pu croire une telle histoire? Éperdue, je levai les yeux en direction du ciel. Les étoiles avaient mystérieusement disparu, comme avalées par une étrange noirceur...