Billie and Violette 2 (French)

1. Violette

J'écrasa ma cigarette par terre. Le ciel était bleu, un soleil beaucoup trop fort qui me brûlait presque la peau.
Ça faisait maintenant cinq minutes que j'attendais en dehors du magasin.
Je faisais du repérage en friperie mais ils avaient soudainement décidé de passer deux de ses musiques. Deux des musiques de Billie Eilish.
La star populaire et mondialement connue, mais si, celle qui m'a brisé le cœur.

Enfin bref, tout ça pour dire que j'étais sortis du magasin. Depuis qu'elle était partie je n'arrivais plus à écouter sa voix. Le problème c'est qu'elle était partout. Si je tournais la tête à droite, hop, une affiche d'elle. Si je tournais la tête à gauche, hop, un grand panneau publicitaire pour son album. Et si je faisais les magasins, hop, dix minutes de sa musique non stop.

Ça faisait maintenant quelques années qu'elle était partie et qu'elle m'avait laissé cette lettre.
Ce soir là en rentrant je l'avais trouvé dans ma poche, elle était là, froissée.
Quand j'ai vu les trois premier mots j'ai directement su ce qu'il se passait. Mais je l'ai lu, dans un espoir de me tromper.
Je ne réalisais pas. Alors je l'ai relue, relue et relue.
Au bout d'une dizaine de lecture, j'ai tout lâché. J'ai fondu en larmes.
Je me sentais perdue, abandonnée et si seule.
La maison était soudainement très vide.
Je suis alors sortie et j'ai fais le tour du quartier à pieds, plusieurs fois, comme pour essayer de me réveiller de ce cauchemar. Je sanglotais et les passants me regardaient, mi-effrayé mi-empathique.
Après cette nuit là jai du passer de bonnes semaines dans cette maison sans sortir. J'avais abandonnée ma galerie, je ne faisais plus rien. J'avais fermé les volets. J'avais commencé à boire. Un peu. Puis beaucoup. Puis jusqu'à en oublier le jour précédent.

Après quelques semaines j'avais besoin d'exprimer ce que je ressentais. Alors j'ai recommencé à peindre, à sculpter. Mon art était devenu si sombre. J'ai recommencé à prendre soin de ma galerie.
J'avais perdu les clients habituels. D'autres les avaient remplacés et ils étaient plus tristes, plus désespéré de trouver de l'art qui exposait leurs propres émotions. Ils toquaient à la bonne porte.
Après la tristesse c'était la colère qui s'était installée. Je lui en voulait tellement. Je n'avais plus de recul sur la situation. Je me demandais comment avait-elle pu me laisser ? Pourquoi ? Avait-elle perdu tout sentiments pour moi ?
Je ne supportais alors plus la maison où je logeais. Tout me rappelais elle. Le jardin, la chambre, la cuisine... J'avais acquis une rage de m'en sortir. Mais aussi une haine envers elle. J'ai vendu la maison. J'ai jeté ses affaires.
Mais ce n'était qu'une étape.
Après la colère est venu une autre forme de tristesse. Encore plus intense que la première. Ce qui m'aidait c'était l'alcool et pouvoir retranscrire mes émotions dans mon art. Je ne sortais plus de ma galerie. Je peignais chaque jour. J'étais devenu une ermite incapable de sortir de mon atelier, condamnée à peindre.
Mais maintenant, je crois que je l'ai accepté. J'ai compris pourquoi elle avait fait ça. On aurait finit par se haïr. Et ça aurait été peut être pire.
Mais ça restait quand même dur de la voir partout et d'entendre ses musiques.
La cigarette c'était additionnée à l'alcool mais c'était en plus petite quantité. Comment on dit déjà ? Modéré ?
La seule chose que j'avais gardé d'elle c'était mes cheveux violets.

Un jour, c'était y'a pas si longtemps, je regardais fixement mon téléphone. J'hésitais, je tremblais un peu. Et je me suis décidée à l'appeler.
À ce moment là elle était encore en tournée, et moi j'en étais à l'étape numéro 3, l'ermite. Quand sa voix à décroché je me suis tue. Je ne savais plus quoi dire. J'étais pétrifiée et tout les sentiments que j'avais pour elle étaient remontés d'un coup.
Elle aussi n'a rien dit pendant un moment.
Puis elle a prononcé ses mots : « Violette ? Je suis désolée »
Mais comme j'étais et je suis encore amoureuse d'elle, j'ai bégayé quelque chose comme : « Oh salut Billie, c'est rien, comment tu vas toi ? »
Ridicule.
On a fait comme si on était des connaissances. On s'est demandé de nos nouvelles, des nouvelles de nos proches, de notre travail, de notre vie, puis on a raccroché.
Bien que cet appel m'ait bouleversé le jour même, je crois qu'il m'a aidé à avancer jusqu'à maintenant.
Maintenant, je survie.