Est-ce stupide de faire de l'amour une priorité dans un monde de richesses matérielles et d'apparences virtuelles? N'est-ce pas has been de passer notre existence à rechercher notre âme jumelle sans savoir si elle existe? L'amour est-il un phénomène de mode qui nous enlace une fois tous les dix ans? C'est si beau de retomber amoureux de l'amour chaque été mais qu'en est-il de l'être aimé? Nouvelle civilisation pour une nouvelle passion : le grand peut-être du romantisme, utopie ou ironie déguisée?
Et si l'on arrêtait de chercher l'amour à chaque coin de rue, qu'adviendrait-il? Dans un monde où la quête de l'amour est plus présente que l'amour en soi, comment retrouver cette authenticité disparue, comment satisfaire nos désirs quand on peine encore à les identifier? Ce cycle interminable nous bouffe de l'intérieur et nous confronte à la triste réalité : l'Amour est mort. Il nous glisse entre les doigts comme du sable fin, comme le temps qu'on tenterait de rattraper mais il nous échappe et on court, on court sans regarder où aller. On cherche à aimer. On cherche à être aimé. On cherche quelque chose à dire, quelque chose à écrire, à raconter, au lieu de vivre véritablement ce sentiment si profond qu'on ne comprend pas très bien. Et soudain, tout est en train de changer et ça en devient même angoissant, tout va si vite et il faut se dépêcher! Oui, dépêchons-nous! La course va bientôt commencer.
On passe à l'action et waouh c'est si intense mais bon sang ce n'est pas ce que j'ai demandé. Une fois le désir obtenu, on se jette dans une nouvelle aventure qui nous fera oublier le but de tout ce périple. Qui suis-je? Et quelle ironie de se dire que cette société si individualiste passe la majeure partie de son temps à travers les autres, à les observer, les juger, les commander, les critiquer, à essayer de deviner qui ils sont alors que la réponse est juste devant votre nez. Qui suis-je? On cherche des réponses mais plus que tout, on cherche ce que l'on ne connaît pas encore. L'inconnu. Parce que ce que l'on possède déjà ne nous convient plus. On consomme chaque petite parcelle qui nous entoure ; Le temps, l'argent, la matière, le sexe, l'art et l'amour bien évidemment !
"On dira à mes parents que l'on s'est rencontré dans le métro, au musée ou à une soirée étudiante". Derrière nos écrans on s'est écrit, on s'est aimé mais notre rencontre approche à grands pas et la date de péremption de cette nouvelle relation éclatera bientôt. "On sera différents des autres, de ces clichés à la con qui empoisonnent nos programmes télé le mercredi soir" mais on continue de ressembler à ces vieilles publicités prônant le marché de l'amour. Oh non! Il faut que tout soit parfait, tu comprends? Notre exigence insatisfaite se moque de nous, on n'a plus le temps. Jeudi ça sera speed dating, et monsieur Tinder attendra son tour, j'adopte un mec dès lundi prochain.
Une dose d'Instagram, de Twitter, les réseaux sociaux à la botte d'une hiérarchie idéaliste, la beauté avant tout, on avisera ensuite si on match. "Alors, ton date de samedi dernier?" - "Eh bien, j'ai l'impression de le connaître depuis des années." Quelle surprise quand on sait que tu as épluché sa page Facebook plus de six fois le mois dernier. Dieu, dans quel monde vivons nous? Après tout, les hommes ne sont pas responsables, c'est la société qu'ils créent qui est à l'origine de ce chaos ordonné. Mais qu'est-ce qu'on peut encore bien se raconter quand je sais déjà comment tes dernières vacances à Saint Tropez se sont passées, ce que tu as mangé au déjeuner et le dernier film que tu as regardé.
Alors oui, notre génération bousille considérablement nos chances de trouver l'amour avec un grand A mais vous savez que quand bien même les choses étaient plus naturelles à l'époque de nos grands-parents, elles étaient encore plus authentiques. Dites moi qu'il reste encore de l'espoir s'il vous plaît. Aimer n'est pas un problème quand il s'agit de ressentir ces petites palpitations mais il était souvent difficile de dévoiler cet amour au grand jour. La question d'égalité sociale était encore plus présente qu'au XIXème siècle mais la structure sociale définissait considérablement la nature de nos relations ainsi que les limites à ne pas franchir. "J'ai su que j'avais été privée d'elle avant de la rencontrer".
Un homme, une femme. Une femme, une femme, une femme, une femme. Des hommes. L'arc en ciel de l'amour saigne. Et si transgresser l'interdit renforçait notre amour? Thérèse et Isabelle nous étonnent et pourtant quoi de plus beau et simple que l'amour charnel? Tomber amoureux d'une personne, d'une pensée, d'un sourire timide. D'ailleurs, quand on revient à l'origine des origines, Platon nous partageait déjà sa théorie dans le dialogue du Banquet, l'épilogue queer du troisième genre. Aristophane nous crie déjà de courir retrouver notre moitié, notre âme sœur, parce qu'elle est bien cachée quelque part mais on passe de l'amour fusionnel à l'amour marginal, bizarre, qui choque même les plus renseignés. Heureusement que le féminisme vient nous sauver de l'ignorance! Ou pas?
Qu'est-ce qui a changé depuis? Les femmes parlent de sexe "comme les hommes", les hommes parlent de romantisme "comme les femmes" mais qu'est-ce que cela veut dire? L'homme regardait, la femme était regardée. La normalité a évolué et ce sont les autres que l'on regarde si bien que l'on ne sait plus où donner de la tête, si bien que l'on ne voit plus rien. La passivité féminine disparaît peu à peu mais l'amour continue de passer à l'attrape. On est faible quand on aime, c'est bien connu, on subit, on souffre, à quoi bon? Et puis, nos priorités ne sont plus les mêmes, on refuse de s'engager, de prioriser l'Amour, on le laisse filer pour nourrir d'autres appétits tels que l'argent ou le pouvoir. On acquiert plus de liberté et cela devient notre plus belle contrainte puisque nous gagnons plus de choix, ainsi, nous devenons notre propre censure.
L'amour absolu qui participait à l'accomplissement de l'être devient flou voire transparent. Nous sommes en effet passés à l'action et l'attente n'est plus qu'une option déjà oubliée. La recherche de l'accomplissement se trouve à présent dans notre carrière professionnelle ou artistique, nos rêves et aspirations deviennent suffisants, mais pour combien de temps? Keeping busy jusqu'à l'épuisement puis on se réveille un jour avec l'envie d'aller plus loin, de regarder plus près mais il est trop tard, ou pas? Vous croyez au destin? Parce que Mia et Sebastian n'ont pas été épargnés mais c'est de leur faute non? L'insatisfaction les démange mais ils ont tout de même de quoi être parfaitement heureux. Une villa sur la plage, une famille, des enfants formidables, un job hors du commun, un chien mais il manque cette pépite minuscule qui les empêche de se reposer le soir.
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AcakBienvenue dans l'ère de l'innocence perdue : storytelling d'une femme à la recherche du grand peut-être, de sensations extrêmes et de cette pépite d'or qui me permet de dormir le soir (hors sujet)