1,2,3,4... 1,2,3,4... 1,2,3,4... Le bruit du métro sous mes pas et les gens qui se bousculent, tellement pressés d'arriver en retard. Le souffle coupé, l'hyperventilation, les mains moites et l'impression de mourir sans savoir comment s'en sortir. Respiration inversée. Je m'imagine dans un endroit calme, une forêt, peut-être une maison à la campagne ou sous les aurores boréales des pays scandinaves que j'ai déjà visités. Mieux encore, je t'imagine allongé près de moi, ta tête posée sur mon ventre où je sens ton souffle endormi qui monte et qui descend. Je respire à nouveau, trop fort cette fois, en me rappelant nos derniers échanges et je mesure la chance que c'est d'être moi. De vivre tout ça.
Les portes s'ouvrent, je me faufilent entre ces inconnus que je ne croiserai plus jamais, je lève la tête, je prends sur moi et je me laisse porter par le courant. Quand il n'y a plus de vague, il n'y a plus de paix. Mais c'est déjà terminé. Un événement se produit mais il n'est plus rien. Comme un éclat de rire qui me glisse entre les doigts. Avoir plein de choses à dire mais ne pas s'autoriser à le faire et rester dans l'ombre pour ne pas avoir à assumer le succès qui me court après. Comme le sabotage d'un bonheur qui n'est pas encore né pour ne pas risquer de perdre cette belle opportunité à chaque seconde. C'est comme s'empêcher d'aimer, de vivre, d'exister. Mais que ferait l'amour tu crois?
Vivre dans l'instantané. Dormir trois heures à peine et se dire qu'on dormira plus longtemps la nuit d'après. Le guide du moment présent n'est jamais très loin. Une contre saint valentin. Un sapin en plein milieu du salon qui décore février de tendresse. Se faire de nouveaux copains. Céder à la paresse. Les shots de piments et la liqueur des bons moments. Les gueules de bois du lundi matin. Rattraper l'ascenseur pour s'embrasser plus longtemps. Le dring du bonheur. Ouvrir son cœur, fermer les yeux, les rouvrir et se rendre compte qu'on est amoureux. Non pas par reconnaissance ou par ressemblance. Mais juste l'envie d'être à deux.
Moi je suis tombée amoureuse dans le monde d'en face, dans celui où j'imaginais ne pas avoir de place. Nos différences, nos incompréhensions réciproques et la frustration de sortir de la salle avant que le film n'ait pu commencer. Cette légèreté de passer du temps avec cette personne peu commune qui me prête sa vision du monde pour la soirée. Je n'étais pas du tout celle qui lui fallait mais c'est ce qu'il me fallait. Autrement dit, je n'aurais pas dû tout arrêter. Car si l'on s'embrasse une fois, on s'embrasse pour la vie. Et l'idée de passer la nuit à ses côtés pour tenter de braver la peur d'être reconnue, comme si, après tout cela, il n'y aurait plus de désir, plus d'envie et qu'on repartirait chacun de notre côté.
Toujours, je n'ai pas envie d'avoir de regrets aussi étranges soient-ils. De courir après quelque chose qui se trouve déjà loin derrière nous. Encore moins l'envie d'attendre de tout quitter cet été pour sortir du confort quotidien qui me berce, pour m'amuser et vivre de beaux moments. On est très différent, je ne le répéterai jamais assez. Mais toutes les personnes qui m'entourent sont comme moi, fragiles et pleines de lâcheté, ils partagent la même réalité et ça m'ennuie car ce n'est plus comme ça que j'ai envie de vivre. Je veux découvrir ce qu'il se passe dans le monde d'en face car le mien ne me convient plus et avoir l'audace d'être qui je suis, de lâcher prise et d'écouter mes envies comme il en fait partie. Je ne parle ni de sexe, ni d'amour ou de romance cachée, rien de tout ça si ce n'est que deux personnes qui se croisent de temps à autre pour échange de bons procédés. Des amants fidèles à eux-mêmes, qui ne tentent pas d'étouffer leur soif de liberté mais qui se retrouvent dans de beaux draps quand ils essayent de s'aimer. Parviendront-ils à se quitter ?
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High Standards
AléatoireBienvenue dans l'ère de l'innocence perdue : storytelling d'une femme à la recherche du grand peut-être, de sensations extrêmes et de cette pépite d'or qui me permet de dormir le soir (hors sujet)