Près d'un an sans mettre les pieds dans une salle de cinéma et me voilà toute agitée à l'idée de découvrir le nouveau film de Leos Carax en avant première. Fascinée par la douceur de Marion Cotillard et la sensibilité qu'elle dégage, c'est avec engouement que je me dirige à la découverte d'Annette qui me réserve bien des surprises! A première vue, des étoiles plein les yeux. Une ode aux relations passionnées et une mise en scène qui s'apparente aux couleurs de Lalaland. Mais ensuite, une vague de mystère et de scepticisme qui nous propulse au beau milieu d'un chaos sans fin, qu'on peine à comprendre mais qu'on regarde droit dans les yeux. Tout n'est pas fait pour être compris mais les acteurs tiennent parole et nous font revivre le mythe des amants maudits. Aspiration à détruire toute trace d'espoir, ils nous captivent à travers le seul miracle de cette tragédie : Baby Annette.
Un personnage au teint sombre et à la fois lumineux qui éveille les soupçons sur cette histoire ridicule. Manipulée et mise au service des grandes personnes, cette petite fille libérera tous mes a priori sur les limites de notre imagination et sur les barrières du réel qui nous emprisonnent chaque jour. Mais plus qu'une enfant aux dons miraculeux, elle se prête au jeu et parle pour toutes celles qui ont perdu leur voix. D'abord elle chante pour continuer à faire vivre sa mère puis elle dénonce le coupable de toute cette violence pour celles et ceux qui n'ont pas le courage de se l'entendre dire. Un hommage à toutes les victimes de #MeToo qui sont d'ailleurs représentées dans le rêve d'Ann et qui accusent son mari de les avoir malmenées et harcelées au cours des dernières années. Mais quand bien même tout cela semble réel, un léger brouillard continue de flotter sur nous et nous empêche de distinguer le vrai du faux.
Un conte de fée cauchemardesque qui condamne les personnages et qui les amène à se livrer, à rester authentiques afin de partager la vérité sur le monde qui nous entoure. Une réalité fictive où l'on découvre le meurtrier sur scène et où l'on camoufle la mort pour la mettre en scène chaque soir et l'imaginer sans cesse. Et cette mise en abyme n'est pas si hasardeuse puisqu'elle permet de nous mettre en garde contre la tentation de se noyer dans un gouffre sans fond à la recherche de réponses qui ne nous apporteront rien de bon. De la colère, de la vengeance, de la gloire... une palette d'émotions et de frisson qui nous parcourent pendant plus de deux heures mais il faudra attendre le calme après la tempête pour faire renaître l'amour.
Le résultat d'une relation toxique et vouée à l'échec entre deux personnes qui pensent s'aimer et qui se voilent la face. Il n'est plus l'homme qu'elle avait autrefois connu. Dès les premières images, Henry souhaite attirer les regards et dépense toute son énergie afin de profiter des acclamations des spectateurs jusqu'au jour où il n'est plus assez bon pour faire rire qui que ce soit. J'ai détesté ce personnage plus que tout, sûrement parce qu'il me rappelle les hommes que j'ai déjà connus. Un être qui cache l'intensité de ses sentiments à travers l'humour et qui ne cesse de provoquer l'obscurité dans laquelle il plongera définitivement. Les conséquences d'un égo surdimensionné et d'une jalousie sans nom qui ont commis plus d'un crime impardonnable mais de loin le plus important : la mort irréversible de toute forme d'amour.
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RastgeleBienvenue dans l'ère de l'innocence perdue : storytelling d'une femme à la recherche du grand peut-être, de sensations extrêmes et de cette pépite d'or qui me permet de dormir le soir (hors sujet)