Mon calme après la tempête (partie 2)

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Hey Jude, don't be afraid

You were made to go out and get her

The minute you let her under your skin

Then you begin to make it better


Les fantômes du passé revenaient sans scrupule mais je les laissais filer sans regret, apaisée par le trajet que je venais de parcourir. L'après se cache dans l'instant. Et j'étais enfin décidée à en profiter. On attendait la fermeture pour s'en aller mais il était trop tôt pour rentrer chez nous. Mcdo, sourires et tendresse. Au moment où la voiture s'immobilisa, je ne pu m'empêcher de lui reprocher son air malicieux et sa faculté d'obtenir instantanément tout ce qu'il veut. Je trouvais ça flatteur, moi. Un homme assez ambitieux, même prétentieux mais qui sait ce qu'il veut. Et quand son sourire s'évanouit, j'ai tout de suite compris avoir touché un point qui faisait mal. Il démenti, trop insistant, sur la défensive. Je lui répondis que je trouvais ça charmant mais qu'il ne pouvait plus faire semblant.

A ce moment, je l'ai aimé et détesté à la fois. Je ne comprenais pas. Mais maintenant je sais. Le problème, c'est que je ne sais pas faire la différence entre ce que je pense, ce que je dis et ce que je crois dire parce que ce que je veux dire ce n'est pas forcément ce que tu as envie d'entendre. Et ce que tu entends, ou ce que tu crois entendre, tu n'as pas forcément envie de le comprendre. Alors tu ne comprends pas et ça ne fait rien parce que moi je sais tout. Je te reproche d'être qui tu es parce que j'aimerais savoir prendre de la distance comme tu le fais et parce que je m'en veux d'avoir osé la seule chose que j'espérais faire depuis longtemps. Je méprise tes peurs parce qu'elles sont aussi les miennes, cet égo surdimensionné qui t'empêche de voir la vérité en face. Après tout, est-ce une question de destin ou de couilles ?

Ce soir-là tu es rentré chez toi et plus tard tu m'avouais ne pas avoir eu assez de courage pour faire le premier pas. Ma façon de te catégoriser comme un petit con arrogant t'avait plu en fin de compte, c'est ce dont tu avais besoin. On avait discuté comme des grands, non pas comme des adultes obligés de meubler un silence assourdissant mais comme des personnes innocentes, trop sincères. Et de son air enfantin, il glissa mon briquet dans sa poche, pour garder un souvenir de cette nuit-là. La fumée dessinait un lien invisible et on riait de la surprise qu'il eut plus tôt en m'ayant vue rentrer si vite. Plusieurs fois, il mentionna l'indifférence qu'il éprouvait pour ces relations que tout le monde désirait et me prouvait doucement qu'il en rêvait aussi. De l'amour, on en trouve à chaque coin de rue, il ne faut pas chercher bien loin mais il voulait ce que je cherchais éperdument malgré mes exigences aigues. Si tu veux recevoir de bonnes énergies, tu les auras c'est tout. Regarde moi, je reçois ce que je donne. Il avait choisi de me donner un peu de temps et son dernier regard me promettait qu'on se reverrait. J'y croyais ce soir-là.

                                                          Mon calme après la tempête.

Les échanges qui ont suivi importent peu car j'ignore s'ils étaient sincères ou si l'urgence de se revoir nous trahissait à travers la candeur de nos messages. C'est trop beau pour être vrai et c'est sûrement cette pensée qui a terni la chance qui s'offrait à moi. Deux essais plus tard, je décidais d'y retourner ou du moins, de le laisser revenir. Un repas romantique vendredi soir, c'était trop pour moi. Alors j'acceptai d'être réveillée au beau milieu de la nuit quand il m'appela pour m'annoncer être devant chez moi. Le laisser rentrer une nouvelle fois, dans ma vie. Sans aucune préparation. L'imprévisible me fait pousser des ailes et me les coupe aussitôt. On discutait comme la première fois, sans filtre, jusqu'à s'assoupir puis il me demanda l'autorisation et je sautai les yeux fermés. 

La façon dont il me touchait, tout ce qu'il me disait était précis et laissait une marque au millimètre près. J'arrivais presque à apprécier ces choses qui me dérangeaient, ces petits détails que j'étais la seule à apercevoir. Puis les mauvaises habitudes ont ressurgi, les angoisses, les pensées négatives. Le soleil s'est levé au même moment et je l'ai contemplé dans le sommeil que je n'avais pas réussi à trouver. Quelques tasses de café plus tard, il me laissait seule face au néant. Une rupture brutale entre le passé et le présent. Un dernier je t'aime avec les yeux et un adieu prématuré en quittant les lieux d'une soirée que je ne suis pas prête d'oublier. Les bonnes intentions, les petites attentions et les sourires volés. Dans son monde, on ne tombe pas amoureux. On caresse simplement la vérité, on se sent vivant, on ouvre les yeux et on cueille l'instant pour se permettre d'atteindre le sommet. Je vous promets de réessayer.  

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