VII. Le patron

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Mirajan

Dabi arrive dans la cuisine et ouvre les placards. Il a renfilé son tee-shirt déchiré sur les bords et son pantalon éliminé. Il n'a définitivement rien d'autre à se mettre.

- Les mugs, c'est en bas à gauche, lui lançai-je.

Il appuie sur les boutons de la cafetière avant de se tourner vers moi, toujours allongée dans mon lit. La situation est tout ce qu'il y a de plus anormal. Ou presque. Je me redresse pendant qu'il s'accoude au plan de travail et commence à boire son café fumant.

- Tu vas te brûler, remarquai-je.

Il allume une flamme bleue au bout de son index, m'observant de ses yeux aigue-marine par-dessus la tasse.

- C'est plutôt toi qui vas te brûler, ma renarde, réplique-t-il. Feu à volonté, tu te souviens ?

Un flash de la veille me repasse soudain devant les yeux.

Je me revois la tête posée sur ses cuisses, le regardant en souriant. Il se penche vers moi, son visage tout près du mien, et plante ses yeux dans les miens.

- Je pourrais te brûler à tel point que même le bon Dieu ne te reconnaîtrait pas, chuchote-t-il d'une voix suave.

Ma voix s'élève, pleine de défi.

- Je suis athée... feu à volonté.

Je rougis d'un coup en revenant au présent. Je ne boirai plus jamais une goutte d'alcool. Je lui tourne le dos pour ne pas qu'il voie mes joues brûlantes, honteuse.

- Désolée... m'excusai-je. J'ai dû être embarrassante.

Aucune réponse ne vient, je jette donc un coup d'oeil par-dessus mon épaule. Il a un sourire amusé aux lèvres, se rappelant lui aussi la scène.

- Tu t'es endormie juste après ça, informe-t-il.

Une question me vient à l'esprit.

- Comment on est entrés dans le studio ? demandai-je.

- J'ai trouvé ta clé-rumnikub, explique-t-il en la désignant, posée près de la gazinière.
 
Il y avait un double fond contenant la vraie, derrière la boîte trente-cinq. Il s'est cassé la tête pour rien. Je me garde bien de le lui dire mais ne peux réprimer un sourire.

- Tu travailles, aujourd'hui ? 

- Oui, je vais d'ailleurs pas tarder à y aller, indique-t-il en nettoyant la tasse.

Il se retourne quand il a terminé la vaisselle et me fixe de ses yeux bleu électrique.

- Je t'emmène, si tu veux, propose-t-il. Ça sera toujours mieux que de t'ennuyer ici toute seule.

Je repense au bar de la veille et un million de réflexions se mettent à bouillonner dans ma tête.

- Dabi... commençai-je en m'asseyant plus confortablement sur le clic-clac. Tu veux bien me dire quel est ton métier, s'il te plaît ?

Il reste silencieux un instant puis s'installe face à moi sur la seule chaise du studio, impassible. Son regard s'ancre dans le mien, sérieux.

- Tu auras peur de moi, quand tu le sauras, prédit-il, tranquille.

- Seule l'ignorance mène à la peur.

Plusieurs secondes s'écoulent au son des gouttes tombant s'écrasant dans l'évier. Nous soutenons le regard de l'autre sans faillir, une légère tension souffle autour de nous tel le vent se levant avant la tempête.

Regarde-moi dans les yeux {Dabi x OC}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant