Mirajan
Subitement, je ne sens plus la pluie. Je tourne la tête et croise le regard de Dabi qui tient un parapluie au-dessus de moi. Il ouvre la bouche pour dire quelque chose mais le maître de cérémonie l'interrompt. C'est un petit homme bedonnant dont les yeux sont cachés derrière des lunettes aux verres ultra-grossissant.
- Mlle Ryuko, je vous prie de nous suivre, crie-t-il pour couvrir le bruit de la pluie.
Éri me prend la main, Dabi nous suit, nous protégeant à l'aide du parapluie noir. Nous marchons derrière le cercueil jusqu'à une tombe fraîchement creusée installée un peu à l'écart. Les porteurs y déposent ma mère enfermée dans sa boîte de bois. Je lis l'épitaphe gravé en lettres dorées sur la pierre tombale.
"Ci-gît Ryuko Shana, dont le repos sera doux comme le coeur était bon."
J'ai cessé de pleurer depuis que je me suis arrêtée devant la stèle. Le maître de cérémonie parle, mais je ne l'entends pas.
- Mira, m'appelle Dabi à voix basse au bout d'un moment. Il demande si tu veux parler.
Je secoue la tête de droite à gauche, la gorge asséchée par la tristesse.
- Il est normal que vous soyez blessée, nous respectons votre choix de ne pas prendre la parole, s'incline le prêtre. Quelqu'un d'autre, peut-être ?
Éri se serre contre moi. Les secondes s'écoulent lentement sous la pluie battante.
Dabi
Même mon enterrement était plus fun que ça. Sous la pluie, dans le froid, avec trois personnes dont une gamine plus cinq inconnus. Mais je sais bien que ça ne la dérange pas, si elle nous voit d'en haut.
- Shana était une lumière brillant dans l'obscurité de la vie, commençai-je. Elle était une source de joie et de sourires inépuisable, même dans les temps durs.
Mira me regarde, surprise.- Elle est partie, et pour de bon, continuai-je. Mais elle laisse un fabuleux trésor derrière elle.
Je fixe mes yeux dans ceux de Mira.
- C'est toi, son trésor, murmurai-je.Ses larmes remontent d'un coup. Là, sous ce parapluie noir, au milieu de l'averse nous trempant jusqu'aux os, elle glisse un bras derrière mon dos pour se blottir contre moi. Éri la suit, vu qu'elle ne l'a pas lâchée, et je me retrouve à tenir le parapluie d'une main tout en caressant les cheveux de Mira de l'autre. J'entends ses pleurs même si elle essaie de les étouffer. Elle pose son visage contre mon torse et se cache dans ma veste noire. Elle est épuisée. Je la laisse s'apaiser à son rythme puis elle se redresse, la tête basse. Le maître de cérémonie se racle bruyamment la gorge.
- Il est temps de lui faire vos adieux, annonce-t-il en jetant un coup d'oeil aux porteurs revenant avec des pelles.
Mira dégrafe son ras-de-cou et le jette sur le cercueil déjà en terre. La pluie le plaque violemment sur le bois luisant, comme si l'amour de la fille tentait d'éteindre la mère une dernière fois. J'enlève la pochette bleue de mon costume avant de la lancer à mon tour. Elle connaît le même sort, déformée par l'eau agressive. Éri s'empresse de défaire sa coiffure pour jeter son ruban rose qui atterrit près des deux objets précédents. La main de Mira cherche la mienne, je la serre doucement pour lui communiquer ma chaleur. Elle est glacée. Elle pleure, à moins que ce ne soient des gouttes de pluie qui roulent sur ses joues pâles.
Quelques minutes s'écoulent encore, main dans la main. Elle s'est appuyée sur moi pendant que nous regardons tous trois le cercueil disparaître sous les pelletées de terre boueuse. Éri observe la scène, les yeux vides. Étant donné qu'elle a été enfermée chez Overhaul, je suppose que c'était son pain quotidien. L'averse s'abat sur nous, le parapluie tient bon malgré les rafales de vent.
Le maître de cérémonie complètement détrempé finit par frapper dans ses mains pour réclamer notre attention quand les porteurs ont fini leur boulot. Shana est bel et bien six pieds sous terre, à présent.
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Regarde-moi dans les yeux {Dabi x OC}
FanfictionLorsque la mère de Mirajan fait une rechute à l'hôpital, celle-ci n'a de cesse de rassembler la somme nécessaire à payer ses soins. Décidant courageusement de se louer pour une nuit, elle rencontre Dabi qui la tire de ce mauvais pas. Le vilain la pr...