Regarde-moi dans les yeux {Dabi x OC}

XII. Bouge pas, j'arrive

Point de vue de Mirajan

J'ouvre un oeil, puis l'autre. Les rayons du soleil illuminent la chambre, je distingue les murs bleus. Bleus. Je ne suis pas dans ma chambre. Je me redresse brusquement, des vertiges me prennent. J'ai envie de vomir, et je ne me rappelle pas ce qu'il s'est passé hier soir. Je me rallonge aussi sec.

- Il y a une bassine juste à côté du lit, m'informe une voix bien connue.

Je tourne la tête et vois Dabi assis près de moi, tranquille. Je suis dans sa chambre.

- Fais pas cette tête, on déplace pas quelqu'un qui a fumé autant de shit en une fois, explique-t-il en se redressant.

- Du shit ? répétai-je, la bouche pâteuse.

Les souvenirs de la nuit dernière me reviennent en rafale, je me rappelle avoir allumé beaucoup de cigarettes dont le parfum enivrant m'a plongée dans un monde flottant. Puis plus rien. Mon pull n'a pas bougé. Je me sens encore engourdie mais parviens à mettre mes idées au clair.

- Désolée pour hier soir... marmonnai-je en refermant les yeux pour dissiper mon mal de crâne. Je te rembourserai ce que j'ai fumé.

Je sens sa présence, le matelas se déforme légèrement sous son corps. La gravité me fait pencher vers lui, mais je suis trop exténuée pour combattre le phénomène naturel. Ma tête heurte doucement ses genoux repliés en tailleur.

- Tu veux en parler ? propose-t-il au bout d'un moment.

Je ne réponds pas. Il pense que j'ai essayé de me foutre en l'air.

- Je ne t'y forcerai pas, promet-il en posant une main sur ma tête.

Je me délecte du doux contact. Ses doigts glissent entre mes cheveux roux, s'entortillant autour de mes mèches platines. Sa présence a beau m'apaiser, je ne veux pas lui confier mes problèmes. Ça le dérangerait. Pourtant, au fur et à mesure que je me détends sous ses caresses, je me décide à lui faire confiance.

- Je voulais juste me sentir mieux, finis-je par avouer. En fait, j'ai l'impression d'avoir un trou dans ma poitrine, depuis qu'elle est...

Je me tais, ne parvenant pas à prononcer le mot. Il m'écoute avec attention, tranquille.

- C'était agréable, quand je planais, me souviens-je à mi-voix. Parce que je ne pensais plus à rien. Je n'avais plus la gorge nouée, plus mal au ventre ni au crâne. J'ai mis mes pensées en pause pour un temps.

Dabi

Je continue de jouer avec sa crinière enflammée, tranquille. Je commence à tresser ses cheveux sans y prêter attention, assis tout près d'elle. Un souvenir se superpose au-dessus de cette scène.

Il y a plus d'une décennie, je coiffe patiemment Fuyumi avant d'aller à l'école. Shoto enfant me regarde faire, c'est l'une des dernières fois où nous nous verrons. Mes doigts assemblent les mèches avec dextérité. Le résultat est superbe : une couronne tressée depuis sa nuque repose au-dessus de sa frange. Elle me sourit, ravie du résultat.

- Merci, Toya ! Tu es le meilleur coiffeur héroïque qu'on puisse rêver !

Je reviens au présent et me fige en voyant Mira. Une interrogation se force soudain à moi. Ai-je le droit de la protéger alors que j'ai échoué à sauver mes frères et soeur ? Mes mains ont continué leur oeuvre sans s'occuper de mes remords, une superbe tresse rassemblant une petite partie de sa longue chevelure tombe dans les draps. Elle s'est rendormie. Dans son état déviant, je n'arrive pas à situer ce qu'elle ressent puisqu'elle trompe tout le monde en souriant. Je ramène la couverture sur ses épaules. En fait, elle ne se laisse aller que quand on est tous les deux. Peut-être que ça veut dire qu'elle a confiance en moi ?