X. L'enterrement

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Mirajan

Ma conscience émerge d'un sommeil sans rêves. Un flash me revient, me rappellant la mort de maman. J'ouvre les yeux et constate être allongée dans le lit de ma nouvelle chambre. Je baisse les paupières, tentant de me rendormir, en vain.   
 
- Je t'ai vue, dit Dabi.

Assis sur une chaise près du lit, il m'observe de ses superbes yeux turquoise. Je n'ai pas la force de lui rendre son regard.

- Comment tu te sens ? reprend-il.

- Ça va, assurai-je d'une voix morne.

Quelques secondes s'écoulent en silence.

- On sait tous les deux que c'est un mensonge.

Je lui tourne le dos, me roule en boule sous la couverture et ferme les yeux. Pas aujourd'hui. Laisse-moi dormir encore un peu, s'il te plaît. Je ne veux pas réfléchir. Je veux tout oublier.

Dabi

Sa crinière rousse parsemée de mèches platines dépasse des draps blancs, je parviens à voir sa chaîne dorée avant qu'elle disparaisse complètement. J'en suis sûr, maintenant. Elle l'a gardé.

Je bascule dans le passé.

Un soir, alors que je surveillais Mira par la fenêtre de sa chambre, je vis des larmes rouler sur ses adorables joues. J'avais d'abord été très surpris de la voir assise sur son tapis au lieu de danser comme à son habitude. Je sentais que quelque chose de grave se tramait, mais au-delà de ce pressentiment, je voulais qu'elle arrête de pleurer. Je n'avais cependant pas pu la consoler, séparés que nous étions par la vitre de sa fenêtre. En presque deux ans, je ne l'avais jamais vue pleurer jusqu'à ce jour.

Après ma discussion quotidienne avec Shana dans laquelle j'avais omis de mentionner les larmes de sa fille, je courus à toute vitesse vers l'artère commerçante de Musutafu. Mon coeur me taraudait à l'idée de ce que j'allais faire. J'étais censé devenir un héros, mais je n'avais pas le choix si je voulais lui remonter le moral.
Finalement, je m'arrêtai devant une bijouterie de luxe. Les rues étaient encore désertes, ce qui n'avait rien de plus normal à huit heures un dimanche matin. Je rabattus la capuche de ma veste noire devant mon visage puis m'approchai de l'immense vitrine remplie de joyaux. Mes yeux glissèrent longuement sur les bijoux, cherchant quelque chose d'imprécis. Puis, mon regard s'arrêta sur une chaîne en or. Le pendentif comportant des dizaines de minuscules rubis formant une magnifique fleur retint mon attention.

- Fleur d'amarante... Aussi appelée queue-de-renard, lis-je sur l'étiquette.

En un regard, je sus que c'était cela qu'il me fallait. Le bijoux était rouge et orange avec des reflets or, tout comme les yeux de Mira. Je posai la main sur la vitrine et la fis fondre à l'aide d'une flamme bleue. Le verre tomba comme de la colle chaude, j'ôtai le bijou de son coussin blanc avec délicatesse. L'alarme du magasin se mit à sonner tandis que je prenais mes jambes à mon cou, le coeur battant de mon délit. Je détalai jusque chez moi, entrai par la fenêtre de ma chambre, enlevai mon manteau et mes chaussures puis me glissai sous les draps. Je regardai le bijoux miroiter dans ma main en espérant qu'il lui plairait.

Quelques heures plus tard, je me tenais dans l'ombre d'un immeuble près de l'école de Mira. J'étais parvenu à m'éclipser en pleine journée, et cette fois, je comptais bien rencontrer Mira. Je souhaitais lui rendre son sourire.
Elle passa la grille vert foncé de l'école puis commença à marcher sur le trottoir. Je la suivis à distance durant une dizaine de minutes. Elle tourna au coin d'une rue, j'essayai de la rattraper. Mais trois voies différentes s'ouvrèrent à moi, je ne la vis plus. Je m'engageai dans une première avenue, paniqué à l'idée de l'avoir perdue. 
J'errai dans les ruelles pendant un temps me semblant infini, courant à toute vitesse, explorant chaque piste. Soudain, un cri d'horreur parvint à mes oreilles. Je fis volte-face aussi sec et me dirigeai vers la provenance de la voix de Mira. Je la trouvai tournée vers trois garçons et un renard accroché à un baril se vidant de son sang, plusieurs couteaux enfoncés dans le dos. Je compris la scène en voyant les sourires tordus du trio. Ces gars la persécutaient.

Regarde-moi dans les yeux {Dabi x OC}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant