Regarde-moi dans les yeux {Dabi x OC}

IX. Ne me laisse pas

Dabi

J'entre dans la chambre à la suite de Mira qui allume la petite lampe au chevet de sa mère puis s'assoit sur le tabouret près d'elle. Shana dort, l'air paisible, et l'espace d'un instant, je songe qu'elle est morte. Je dois vraiment arrêter de penser à des trucs morbides dès qu'il y a une contrainte minime.

- Maman. C'est Mira, il faut que tu te réveilles...

Shana se redresse en baillant, ses yeux toujours recouverts de bandages blancs.

- Qu'est-ce que tu fais là, ma renarde ? Bonsoir, Dabi, me lance-t-elle en souriant.

Elle a retenu mon nom.

- Bonsoir, madame, réponds-je, calme.

- Maman, j'ai réussi à rassembler l'argent, reprend Mira. L'opération est prévue dans l'heure qui suit, ce n'est pas génial ?

Le visage de Ryuko s'illumine, je comprends qu'elle s'efforce de faire bonne figure devant sa fille. Elle le lui a dit, avant-hier ; l'opération a très peu de chances de réussites, et en plus elle ne voulait pas que Mira s'échine à payer ses soins. Même les médecins disent que c'est sans espoir. Mais elle ne peut pas refuser son cadeau en bloc.

- C'est formidable, Mira. Tu es la meilleure fille du monde ! affirme-t-elle en la prenant sans ses bras, tout sourire.

Mira s'allonge près de sa mère et pose la tête contre son flanc, fermant les yeux. Je vais les laisser se dire au revoir. Je sors de la pièce et m'adosse au mur, mon regard se perd dans le vague. Serait-ce la dernière fois que je vois Shana ?

Mirajan

Nous restons ainsi un long moment. Maman caresse mes cheveux à l'aveuglette en souriant tendrement. Il y a cependant une infinie tristesse derrière son sourire. 

- J'aurais voulu te voir devenir la superbe femme que tu es, dit-elle. Tu es une excellente personne, Mira, la meilleure que je connaisse.

- C'est grâce à toi, assurai-je. 

- Grâce à moi ? Non, ma renarde, non. Tu t'es construite toute seule, entre tes deux parents divorcés, se rappelle-t-elle douloureusement. Je n'étais jamais présente, après le divorce, tu as dû te sentir tellement seule... Je te demande pardon.

- Je t'ai déjà dit que je me suis fait plein d'amis, à cette époque, mens-je avec aplomb. Je ne me suis jamais sentie seule, j'étais toujours entourée.

Elle culpabiliserait si je le ferai disais la vérité. J'espère que tu pourras me pardonner, maman.

- Nous partirons nous installer en bord de mer, quand tu seras remise, murmurai-je.

Elle sourit.

- Tu te souviens encore du bruit des vagues, pas vrai ? comprend-elle.

- Comment l'oublier ?

Quand j'étais enfant, nous sommes allés passer une journée sur la côte en famille. Je suis restée en admiration totale devant l'océan. Maman m'a dit avec son grand sourire "Si je vis assez vieille, j'achèterai une maison ici pour m'y éteindre." Je ne l'ai jamais oublié.

Dabi

Deux infirmières se dirigent vers la chambre de Shana, papotant allègrement. Le service n'a pas perdu de temps. Elles me glissent des regards effrayés en me passant devant.
Deux minutes plus tard, elles sortent le lit roulant. Mira les suit, elle tient la main de sa mère assise dans le grand oreiller. Elles sourient toutes deux.

- Je t'aime, mon trésor, dit Shana.

- Moi aussi, maman, répond Mira. On se retrouve très bientôt.