Voilà presque une heure que j'enchaîne les tours de piste après avoir pris soin de bien arroser le circuit. Comme je me le suis promis hier, j'ai enfourché ma cross dès que j'ai pu. La nuit a encore été laborieuse, mais je n'arrive pas à rester en place.
J'entame mon dernier tour et des sauts plus dingues les uns que les autres. Lazy Boy, Back flip,Hart Attack, Shaolin, Rock Solid, Superman et j'en passe. Des figures que j'ai appris à perfectionner aux fil des années. Je freine brutalement, le pneu arrière part dans un dérapage que je contrôle à la perfection, puis j'arrête le chrono. Mon temps est plutôt pas mal, j'esquisse un léger sourire. Je suis prêt pour la prochaine compétition et je compte bien me rattraper. Comme pour le Karaté, je n'ai pas pu y participer à cause de ma blessure.
J'observe le soleil qui commence à disparaître derrière les arbres qui encadrent la piste, puis accélère sans ménagement. La poignée tournée au maximum, un nuage de terre s'envole derrière moi et je file à toute vitesse sur le petit chemin de terre qui me ramène chez moi. Je m'arrête devant le garage, descend de ma bécane, l'observe et vérifie ma combi'. Je suis plein de boue et je sais ce qu'il me reste à faire. Si je traverse la baraque comme ça, je vais en foutre partout.
Je vire tout mon équipement pour me retrouver en short et attrape le tuyau d'arrosage afin de me lancer dans un nettoyage minutieux de l'engin qui me permettra surement de remporter la prochaine compèt' et fini par m'asperger afin d'enlever la boue que j'ai foutue sur moi en la lavant.
Une fois terminé, je la laisse sécher au soleil, puis traverse le jardin en trottinant avant d'entrer, tandis que je dégouline et laisse de l'eau sur le carrelage à mon passage. Je me marre en imaginant ma mère en train de gueuler si elle me voyait faire. N'empêche que c'est toujours mieux que de la boue.
Je vérifie l'heure et file dans la salle de bain pour une douche rapide en constatant que les invités ne vont pas tarder à arriver pour l'avant-dernière soirée. Elle, ne va pas tarder à arriver.
Mon cœur fait une embardée rien que d'y penser, alors que je songe déjà à ce qu'il va se passer et ce que je vais devoir supporter. Lorsque j'ai quitté la boite vers cinq heures trente du mat', au moment où Chloé a décidé qu'il était temps pour elle de rentrer, je n'ai pas pu m'empêcher de rouler jusque chez Nine. Je me suis arrêté, j'ai coupé le contact, enlevé mon casque pour le posé sur le réservoir, puis j'ai remarqué avec soulagement que de la lumière filtrait à travers les volets de la fenêtre de sa chambre. J'ai hésité un moment à recommencer le coup des petits cailloux, mais j'ai renoncé. Finalement, je suis resté là, les avants bras posés sur mon casque à observer, le cœur lourd, puis suis reparti une demi-heure plus tard.
J'enfile un short de sport, refusant toujours de mettre un haut que de toute façon je finirai par virer à la moindre occasion, puis dévale les escaliers. J'attrape une pomme, croque dedans à pleines dents, puis rejoint le bord de la piscine où je m'assois, les pieds dans l'eau.
Rapidement, j'entends la porte d'entrée et aperçois Kév à travers la baie vitrée qui m'adresse un signe rapide en passant devant.
‒ J'te pique un paquet de chips ! gueule-t-il, depuis la cuisine.
‒ Question d'habitude ! me marré-je, t'as même plus besoin de me le dire !
Il m'a appelé dans la mâtinée, pour, selon lui, faire un bilan sur la situation. Il sait comment je me sens. Vraiment. Étonnement, alors que je pensais ne plus jamais pouvoir parler aussi facilement que je le faisais avec Antho, Kév c'est avéré devenir la personne vers qui je me tourne et à qui je balance tout sans aucun filtre. Faut dire qu'il ne me laisse pas vraiment le choix. Il a une façon d'aborder les choses, qui me surprend à chaque fois et il ne tourne pas autour du pot. Donner son avis et dire les choses, même s'il sait que ça peut faire mal, ça ne le dérange pas.
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𝕋𝕠𝕘𝕖𝕥𝕙𝕖𝕣 𝔽𝕠𝕣𝕖𝕧𝕖𝕣 Tome 1 [En correction]
RomanceLa vie laisse parfois de profondes cicatrices. Quoi que l'on fasse, elles sont là, présentes, à chaque instant. Yann fait partie de ses personnes dont les blessures encore à vifs le force à se protéger. À ériger des barrières. À porter chaque jour u...