𝕋𝕠𝕘𝕖𝕥𝕙𝕖𝕣 𝔽𝕠𝕣𝕖𝕧𝕖𝕣 Tome 1 [En correction]

Chapitre 6

Yann et moi sommes assis dans le bureau du Directeur, et nous attendons qu'il arrive, ainsi que Raphaël toujours occupé à l'infirmerie. Le silence est tel, qu'on entendrait une mouche voler.

Soudain, Yann tourne la tête vers moi, m'observe de ses yeux magnifiquement bleus, puis brise le silence.

- T'aurais dû partir avant, me reproche-t-il.

Je n'ai même pas le temps de répondre que la porte s'ouvre. Le Directeur nous contourne, puis s'assoit sur sa chaise. Il nous observe, les mains croisées sous son menton et les coudes appuyés sur la tranche de son bureau. Il ne lâche pas un seul mot, et se contente de nous toiser, jusqu'à ce que la porte s'ouvre de nouveau.

Raphaël apparaît dans l'encadrement et le Directeur fronce les sourcils avant de s'adresser à lui.

- Tu peux ressortir et recommencer, Raphaël.

- Quoi ? s'étonne Raphaël.

- On ne dit pas quoi, mais comment. Et deuxièmement, la politesse veut que l'on frappe avant d'entrer, donc je te demande de recommencer, afin de faire ton entrée comme il se doit.

Raphaël souffle lourdement, tandis que Yann se retient de rire, puis il s'exécute sous le regard sérieux de l'homme aux cheveux grisonnants. Une fois son entrée réussit, le Directeur nous salue, et tous trois lui répondons d'une même voix.

- Bien, alors qui peut m'expliquer ce qui s'est passé ? demande-t-il.

Soudainement, le silence réapparaît, et personne ne répond. L'homme, d'une cinquantaine d'années, réitère sa question le regard plus sévère cette fois. Je le fixe, et voyant que personne ne prend la parole, je me décide à lui répondre.

- C'est ma faute, affirmé-je.

- Tsss, n'importe quoi... réplique Yann.

- Pour une fois, je suis d'accord avec cette co... crache Raphaël interrompu par Yann, qui se lève.

- Yann, assied-toi. Quant à toi Raphaël, surveille ton langage, impose calmement le directeur.

Il m'observe un court instant, puis décroise ses mains, pour les poser sur son bureau.

- Peux-tu m'expliquer en quoi c'est ta faute ? me demande-t-il en me regardant avec attention.

- Je marchais sans vraiment faire gaffe où j'allais, et j'ai bousculé Raphaël. Ensuite, on a commencé à s'embrouiller et Yann est intervenu...

- Si je comprends bien, Raphaël c'est emporté, car tu l'as bousculé ?

J'acquiesce d'un léger signe de tête, alors que du coin de l'œil, je vois la mâchoire de Yann se contracter de plus en plus.

- Pourquoi s'en est arrivé aux mains ? interroge de nouveau le Directeur.

Yann perd soudain patience, et répond à ma place, le regard noir.

- Parce que cet enfoiré l'a bousculée, l'a traitée de connasse, et de pétasse. Je suis p't'être pas un exemple, mais on m'a appris à respecter les filles et ce mec ne respecte même pas sa propre mère, explique-t-il en lançant quelques regards mauvais à Raphaël.

A ces mots, Raphaël se lève, et Yann en fait de même. Tous deux ne prêtent même pas attention au Directeur. Quant à moi, je ne sais plus vraiment quoi dire ou faire pour calmer la situation.

- Ça suffit ! ordonne l'homme, rasseyez-vous !

Yann s'exécute non sans peine, puis Raphaël se rassoit à son tour.

- Bien, vous trois vous n'en êtes pas à votre première bagarre, constate-t-il.

Yann me regarde surpris par cette révélation, et je me contente de lui répondre en haussant légèrement les épaules et en lui adressant une moue confirmant ces propos. Il lève un sourcil, étonné, puis le Directeur continue.

- Je ne peux donc pas vous laisser sans sanction.

Il se met à réfléchir, tout en tapotant son repose-mains avec son stylo.

- Vous serez tous les trois retenue en dernière heure, tous les jours jusqu'à la fin du mois.

- En dernière heure, j'peux pas j'ai rendez-vous avec mon psy, lance Raphaël.

Yann pouffe littéralement de rire, et j'avoue que de mon côté j'ai du mal de me retenir.

- C'est la meilleure ! Y'a du taff mec ! lâche Yann.

Je me met à rire, sous le regard médusé du directeur.

- OK, vous pouvez y aller, sortez de mon bureau, je ne veux plus vous voir, et Raphaël, aucune excuse ne sera tolérée, ajoute le directeur, exaspéré.

Je sors du bureau la première, et Yann m'emboîte le pas. Raphaël ne nous suit pas, surement espère-t-il négocier les heures de colle. D'un côté, je suis soulagée qu'il ne sorte pas en même temps que nous. Avec ces deux-là, on ne sait jamais.

En tout cas, les heures de colle promettent de ne pas être ennuyante...