Les jours passent, et les vacances de Noël approchent. Entre Yann et moi c'est un peu comme chien et chat, parfois on se suis, parfois IL me fuit. Tantôt proche, tantôt distant, j'en ai pris l'habitude, mais je me demande toujours pourquoi il est comme ça. Je mène ma petite enquête, et je dois dire que j'ai remarqué plusieurs choses.
Premièrement, son téléphone n'arrête pas de sonner chaque jeudi, tout du moins ceux où je me trouve avec lui, et ses réactions en lisant les messages sont bizarres.
Deuxièmement, le lundi qui suis ces jeudis, il lui arrive d'être blessé comme la fois de la fête où nous sommes allés, mais pas systématiquement.
Troisièmement, Kevin est au courant de quelque chose sauf qu'il ne veut rien dire... C'est à Yann de m'en parler selon lui... Cette blague !
Et quatrièmement, à chaque fois que son téléphone sonne le jeudi, il fait en sorte que je ne vois rien des messages qu'il reçoit.
Je suis sûr que la raison de ces messages craint, et là c'est mon instinct qui parle.
J'ai bien essayé de regarder discrètement son téléphone lorsqu'il sonne, mais impossible. Je lui ai aussi posé des questions, mais soit, il ne répond pas, soit il lève un sourcil en m'observant comme pour me dire « mais de quoi je me mêle », ou bien il me dit carrément que je suis une chieuse... Mais ça, ce n'est pas un secret.
Ce n'est pas pour autant que je vais lâcher l'affaire, je sais qu'il y a une histoire derrière tout ça et je saurais ce que c'est... Curiosité, quand tu nous tiens !
Si ça se trouve, pour les messages je me fais des films, il a peut-être tout simplement une copine et que parfois il se dispute avec... Ou bien une ribambelle de potes et il est très demandé. Mon esprit divague, j'imagine plein de scénarios... Tueur à gages ? Dealer ?... Non ! N'importe quoi.
Alors que je suis assise en cours de français, Nico qui se trouve à la table derrière moi me tapote l'épaule du bout du doigt ce qui me sors de mes pensées. Je tourne légèrement la tête, et attrape le morceau de papier qu'il me tend. Je le déplie afin de lire ce qu'il y a écrit : « Samedi soir 20 h 30, course de karting avec tout le monde. » Je souris à l'idée qu'il souhaite encore prendre sa revanche.
Je fais du karting depuis maintenant trois ans, ça me défoule, et je suis une fanatique de vitesse. À défaut de moto, le karting fait l'affaire pour le moment. Cela fait trois fois que je le bas, et forcément se faire battre par une fille alors qu'il s'agit d'une activité plutôt masculine... les mecs ont du mal avec ça.
Je lui réponds que c'est d'accord et alors que je replie le morceau de papier afin de lui faire passer, un cri retentit dans la salle.
- Mademoiselle !
Oups, je pense que je viens de me faire griller en beauté. Le professeur de français, une femme d'une quarantaine d'années a l'air complètement coincée s'approche de moi.
- On peut savoir ce qui est plus intéressant que le cours ?
Je souris, c'est plus fort que moi je ne l'aime pas, et elle non plus... Elle a tendance a s'acharner sur moi depuis mon arrivée dans cet établissement. Comme à mon habitude, ni une ni deux je réplique.
- Une invitation pour course de karting, ça vous dit ? Ah non pardon vous êtes trop coincée pour ce genre de chose.
J'entends Nico exploser de rire derrière, et elle se poste alors en face de lui.
- Quelque chose a ajouter Nicolas ?
- Bah... juste qu'elle a raison, balance-t-il sérieusement.
Elle nous observe avec une rage indéchiffrable dans le regard. Je suis sûr qu'elle est à deux doigts de nous jeter ses talons aiguilles à la figure. Nico me suit toujours quand je pars dans des délires comme celui-ci. Il faut dire que nous deux, il ne nous faut pas grand chose pour que ça dérape pendant les cours.
- Parfait, vous avez gagné deux heures de colle tous les deux.
Alors qu'elle fait demi-tour, avec le plus de grâce possible, je ne peux m'empêcher de la ramener encore une fois.
- Ça va, c'est pas méchant, lâché-je.
Elle se retourne vers moi, à la limite de l'explosion, remarquant certainement dans mon regard un petit soupçon de provocation.
- Ce sera quatre heures ! s'exclame-t-elle.
Alors qu'elle pense que je ne vais rien ajouter, je réplique.
- C'est déjà mieux.
Nico pouffe de rire tandis que le professeur nous regarde l'air outré. Soudain, il lève la main, et elle lui fait signe du menton pour lui donner la parole.
- Pourquoi pas six ? lance-t-il en rigolant.
Je me retourne vers Nico, en souriant, voilà, c'est partit.
- J'aime pas le chiffre six, huit ce serait mieux, dis-je pour entrer dans son jeu.
- Ouais, j'avoue, réplique-t-il.
Hors d'elle, elle s'approche de la porte de la classe, en claquant des talons, puis l'ouvre en nous regardant sévèrement.
- Dehors ! Et ce ne sera pas huit, mais dix !
Nous rangeons nos affaires dans nos sacs et sortons sous le regard ahuris des autres élèves et de celui d'aurore, impuissante à nos conneries.
Dans le couloir, Nico et moi chahutons en rigolant, puis comme souvent, il passe son bras autour de mon cou et nous marchons ainsi vers la salle de colle. Arrivés devant la porte, nous toquons, et la voix du surveillant retentit.
- Entrez !
Nico pousse la porte, et nous entrons tandis qu'il a toujours son bras posé sur mes épaules.
- Encore vous ?! s'exclame-t-il.
Nous haussons les épaules, et faisons le tour de la salle du regard. Il n'y a pas grand monde, mais, mes yeux s'arrêtent sur la table tout au fond. Yann est là, je ne comprends pas, il est retenu en dernière heure normalement, pas en pleine journée... Nous sommes en plein milieu d'un jeudi après-midi... Pourquoi se trouve-t-il en heure de colle ? Yann lève la tête de la feuille qu'il griffonne et fronce les sourcils en m'apercevant. Nico, qui le remarque aussi, enlève son bras de mon cou à ce moment-là.
- Chacun a une table, ordonne le surveillant.
Je me dirige vers le fond de la salle et prends place à deux tables de distance de Yann, tandis que Nico s'assoit devant moi.
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𝕋𝕠𝕘𝕖𝕥𝕙𝕖𝕣 𝔽𝕠𝕣𝕖𝕧𝕖𝕣 Tome 1 [En correction]
RomanceLa vie laisse parfois de profondes cicatrices. Quoi que l'on fasse, elles sont là, présentes, à chaque instant. Yann fait partie de ses personnes dont les blessures encore à vifs le force à se protéger. À ériger des barrières. À porter chaque jour u...