Les jours se suivent, mais contrairement aux précédents, ne se ressemblent pas.
Yann a maintenant pris l'habitude de me saluer lorsque l'on vient à se croiser. J'ai même eu le droit à un semblant de sourire ce matin, ce qui est, il faut le dire, un exploit.Mes amis ne comprennent pas vraiment pourquoi je m'obstine a le connaître mieux. De toute façon, ce n'est pas comme si j'avais à me justifier.
J'ai rendu le livre à Yann à la pause de midi hier et comme s'il avait prévu le coup, il en avait sorti le tome deux de son sac dans la foulée pour me le prêter. Là aussi, voilà une attention qui me laisse perplexe.
Raphaël quant à lui, continue de s'asseoir à côté de moi pendant les heures de colles, ce qui m'énerve au plus haut point... Surtout qu'il a décidé que ce serait une bonne idée que je sorte avec lui un de ces soirs et qu'il devient très lourd à ce sujet. Apparemment, je ne suis pas la seule que cela irrite.
Ce matin en me levant, j'ai donc décidé de changer de tactique. Jusque-là, j'entrais toujours la première dans la salle, ce qui donnait à Raphaël l'opportunité de se mettre à chaque fois à côté de moi. À partir d'aujourd'hui, j'allais donc me débrouiller pour arriver la dernière. Logiquement, Raphaël serait déjà assis et je n'aurais qu'à choisir une autre table.
Comme chaque jour, je salue mes amis qui eux quittent du coup plus tôt que moi, sauf que cette fois, au lieu de le faire devant la porte de la salle en attendant que le surveillant arrive, je les accompagne jusqu'au portail, histoire de ne pas arriver la première à l'heure de colle. Une fois Aurore et Nico partis, je me dirige tranquillement vers la salle et j'aperçois au loin Yann et Raphaël y entrer... Yes !
J'entre alors à mon tour, l'air de rien, repérant discrètement où Raphaël a pris place, puis me met à une table complètement à l'opposé ce qui fait sourire Yann, qui se doute immédiatement que tout est calculé de ma part.
Mais alors que je pose mon sac par terre et m'assois, je vois Raphaël saisir le sien et se diriger vers moi tranquillement.
Yann le remarque également et le suit du regard en fronçant les sourcils.Ni une ni deux, j'attrape mon sac et m'assois précipitamment sans réfléchir à côté de Yann qui ne s'y attendait pas.
- Désolée, lui chuchoté-je.
Il se contente à ce moment, de plonger sa tête sur sa feuille de cours sans rien dire.
Après plusieurs longues minutes pendant lesquelles il n'a même pas dénié m'adresser un seul regard, ni même un seul mot, je saisis à nouveau mon sac.- Si j'te dérange t'as juste à le dire je bouge, lâché-je, tout en me levant prête à quitter la table pour me poser ailleurs et le laisser tranquille.
Il m'attrape alors par le poignet et nos regards se croisent.
- J'ai dit ça ? lance-t-il.
- C'est tout comme, on dirait que j'te fais chier, répliqué-je.
Il tire sur mon bras gentiment, me faisant comprendre que je peux me rasseoir, tandis que Raphaël nous observe, amusé.
- T'es mieux ici qu'à côté de ce bouffon, précise-t-il alors.
Je reprends donc ma place sous le regard moins amusé de Raphaël cette fois, puis je sors le tome deux du livre que Yann m'a prêté, me mettant à lire tranquillement.
- T'aime bien ? me demande-t-il.
- J'adore !
- OK, j'te passerais le trois quand t'auras fini celui-là, me répond-t-il en souriant.
D'ailleurs, ce sourire... On en parle ou pas ? Yann, réunit à lui seul tout ce que j'aime chez un garçon...
Ses cheveux noir font ressortir ses yeux d'un bleu azur presque surréaliste et son sweat cache un corps sculpté à la perfection. Oui, oui... Comment je le sais ? Je suis très observatrice. Je l'ai surtout déjà croisé alors que sa classe quittait le gymnase et il portait un débardeur bien près du corps. Lequel d'ailleurs, il en avait attrapé l'extrémité du bas pour essuyer son front trempé de sueur, dévoilant des tablettes de chocolat divines...
OK, je m'égare, je retourne à ma lecture...Alors que je suis plongée dans les pages du manga, je reçois une boule de papier sur le haut de la tête, ce qui me tire d'un coup de mon occupation. En relevant le nez, je devine tout de suite que Raphaël l'a lancé à mon intention.
Yann lève alors les yeux de son téléphone, qui ne fait que vibrer aux nombreux messages qu'il reçoit depuis le début de l'heure de colle. Je me demande bien de qui ils proviennent car certains ont l'air de l'énerver plus que d'autres.Je saisis le morceau de papier qui a atterri sur la table devant moi, le déplie et grimace en lisant ce que Raphaël y a écrit. « Toi et moi ce soir ça te dit ? » Signé « Raph ».
Voyant ma réaction et sans me demander s'il peut, Yann attrape le morceau de papier et fronce à son tour les sourcils en lisant le message. Il sort un stylo de son sac, puis se met à écrire quelque chose qu'il me fait lire, avant de renvoyer le morceau de papier à son expéditeur.
« Oublis mec ! Elle est trop bien pour toi ». Signé « Ton pire cauchemar ».J'adore sa répartie et cette petite dose d'humour. Certes, il part au quart de tour et se bat facilement, enfin de ce que j'en ai vu, mais il sait aussi ce qu'il faut répondre.
Raphaël lui adresse un doigt d'honneur en guise de réponse, tandis que Yann prend à ce moment un air faussement vexé tout en posant sa main au niveau de son cœur, comme s'il venait de prendre un coup. Raphaël se retourne énervé, tandis que je me retient de rire.À la fin de l'heure, je me lève, salue Yann et quitte la salle comme je le fais à chaque fois pour rejoindre le dernier bus. Mais, cette fois, Yann me rattrape en trottinant, saisit mon sac sous mon regard surpris, puis se met à marcher à côté de moi. Il remarque soudain mon air interrogateur.
- J'te raccompagne, on sait jamais avec l'autre con, j'ai pas confiance, se justifie-t-il.
Et en plus de ça, il est gentleman...
Il marche donc à mes côtés, me redonnant mon sac une fois arrivés devant la porte du bus, puis je le remercie avant d'y monter. Il m'adresse un sourire suivi d'un clin d'œil avant de tourner le dos pour partir. Je l'observe rejoindre sa moto à travers la fenêtre du bus, puis démarrer sur les chapeaux de roues.
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𝕋𝕠𝕘𝕖𝕥𝕙𝕖𝕣 𝔽𝕠𝕣𝕖𝕧𝕖𝕣 Tome 1 [En correction]
DragosteLa vie laisse parfois de profondes cicatrices. Quoi que l'on fasse, elles sont là, présentes, à chaque instant. Yann fait partie de ses personnes dont les blessures encore à vifs le force à se protéger. À ériger des barrières. À porter chaque jour u...