Chapitre 31

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Nous sommes lundi, la matinée se termine et la plupart des étudiants n'ont pas cours cet après-midi... J'ai hâte d'y être. Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui je dois me rendre au circuit de karting pour un entraînement, et que comme vous le savez, c'est l'une des choses que je préfère faire.

Alors que je m'apprête à monter dans mon bus, Yann m'interpelle et trottine vers moi.

- Tu t'en vas sans dire au revoir ? lance-t-il sur le ton de la plaisanterie.

- Désolé, c'est un peu la course, aujourd'hui, je t'ai cherché, mais je t'ai pas vu, me justifié-je.

En réalité, je pense qu'inconsciemment je l'évite ce matin. Après la discussion par message que nous avons eu la veille et qui s'est terminée par un « Bisous » involontaire de ma part, je suppose que j'appréhendais un peu de le revoir. J'avais peur que l'on se sente gênés.

- La course ? me demande-t-il, tandis que je prie intérieurement pour qu'il ne fasse pas allusion à ce message.

- Ouais, j'ai un truc à faire en fin d'aprèm.

Il affiche une expression embêtée et un air hésitant. Je commence à le connaître, et si je ne lui force pas la main pour qu'il me dise ce qu'il y a, je ne le saurais jamais.

- Qu'est-ce qu'il y a ? l'interrogé-je.

- Rien t'inquiètes.

- Yann...

Il me regarde alors comme pour me dire « Ça devient vraiment chiant que tu commences à me connaître comme tu le fais ». Puis, il se décide et se lance.

- T'as quelque chose de prévu en début d'aprèm ?

- Pas vraiment, pourquoi ?

- Kév et moi on va se faire des tours de piste derrière chez moi, je me suis dit que tu voudrais peut-être venir, vu que t'aimes bien la vitesse tout ça, m'explique-t-il un peu timidement.

Je réfléchis brièvement. Bien sûr que j'en ai envie, mais il faut vraiment que je sois à l'heure au circuit. Yann remarque mon hésitation.

- Si ça te dit rien...

- Bien sûr que si, mais j'ai un entraînement important et faut que je sois à l'heure.

- T'y seras, t'inquiètes, j'me charge de ce détail.

- Alors OK, ça marche pour moi.

- J'passe te chercher chez toi vers treize heures trente, lance-t-il sans me demander mon avis.

J'acquiesce d'un mouvement de tête, puis monte dans mon bus, soulagée que l'on n'ait pas eu à parler du message. Apparemment, il n'en a rien à faire, ou tout du moins c'est comme s'il ne s'était rien passé. À croire qu'entre nous tout devient naturel.

Je suis surprise par l'initiative de Yann, jusque-là, à chaque fois que l'on s'est retrouvés quelque part, c'était plus sur une décision de groupe, ou parce que Nico organisait une sortie. Je souris intérieurement, cela me fait plaisir qu'il l'ait fait. J'ai hâte de les voir tourner sur la piste !

Une fois chez moi, je me fais un sandwich pour gagner du temps, il ne me reste plus qu'une demi-heure avant qu'il n'arrive. Le bus s'arrête à pas mal de station sur le chemin, le trajet me prend donc facilement trente minutes pour rentrer. J'enfile à la hâte une tenue plus adaptée en vue des activités qui m'attendent cet après-midi. Un jean slim, un sweat à capuche et mes converses iront très bien.

Alors que je suis à la salle de bain en train de vérifier dans le miroir que tout va bien, j'entends la moto de Yann se garer sur le parking devant chez moi. J'attrape mon téléphone pour vérifier l'heure : treize heures trente pétantes... Plus ponctuel tu meurs !

Je prends tout de même le temps de tresser mes cheveux, pour une question de sécurité, et cela me gêne moins pour piloter. Je descends ensuite et ferme la porte à doubles tours derrière moi. Je n'habite pas les Blocks ni même tout à fait à côté, mais le mieux ici, c'est de tout bien verrouiller quand personne n'est à la maison. Nous sommes bien loin de la maison de campagne que mes parents rénovent, et que l'on peut se permettre de laisser ouverte le temps d'une petite ballade.

Lorsque j'arrive enfin sur le parking avec un peu de retard, j'aperçois Yann, qui a pris le temps de descendre de moto. Il a enlevé son casque et c'est assis sur le petit muret se trouvant devant chez moi en bas de la fenêtre de ma chambre. Il a les yeux rivés sur son portable et ne voit pas que je suis en train d'approcher.

- Désolé je suis à la bourre ! m'exclamé-je une fois à son niveau.

Il quitte à ce moment son téléphone des yeux et me souris.

- Pas de souci princesse, t'inquiètes.

Ce petit surnom qu'il me donne est devenu une sorte d'habitude. Pas un jour ne passe sans qu'il ne m'appelle comme ça. C'est à la fois, touchant et perturbant. Mais, n'allez jamais dire à un Bad boy, que ce qu'il dit ou fait est mignon, et surtout, surtout au grand jamais lui dire qu'il est adorable ou chou... Un Bad boy n'est ni mignon ni chou, tout ce qu'il dit est cool et dire le contraire, c'est remettre en doute sa fierté et sa réputation... Comment je le sais ? Parce que je dis ce qui me passe par la tête, je suis comme ça... Et, que sans réfléchir, je m'apprête à lui balancer quelque chose auquel il ne s'attendait pas.

- T'es chou, lancé-je comme si j'étais en train de parler à Nico.

Il m'observe et lève un sourcil, ne comprenant apparemment pas à quoi je fais allusion.

- Pardon ? demande-t-il.

- Le surnom que tu me donnes, c'est mignon, précisé-je.

Il me regarde tout à coup sérieusement cette fois-ci.

- Je suis pas chou et c'que je dis c'est pas mignon, réplique-t-il comme si je venais d'atteindre de plein fouet son ego.

- Bah, moi j'trouve, insisté-je.

- T'es plus chieuse que princesse, me balance-t-il soudain, comme pour me convaincre que je me trompe à son sujet.

Je souris et secoue la tête, sa réaction m'amuse. Il remarque mon air un peu moqueur, puis pour changer de sujet me tend un casque.

- Aller, on y va, annonce-t-il avec empressement.

Je m'en saisis et remarque tout de suite que je ne l'ai encore jamais vu, il est flambant neuf.

- Je l'ai jamais vu celui-là, il est nouveau ?

- Ouais, j'me suis dit qu'un casque a ta taille serait mieux, c'est plus prudent.

Il monte alors sur sa moto, tandis que j'enfile le casque qu'il a acheté spécialement pour moi. Il avait juste à me demander d'en prévoir un, j'en ai deux pour le karting. Pourquoi m'en acheter un lui-même ? C'est de l'argent de perdu. Et, cela me gêne un peu, même si dans le fond son attention me touche.

- T'étais pas obligé, lancé-je.

- Je sais, mais c'est fait, et au moins maintenant t'en as un, se justifie-t-il.

Vu comme ça...

𝕋𝕠𝕘𝕖𝕥𝕙𝕖𝕣 𝔽𝕠𝕣𝕖𝕧𝕖𝕣 Tome 1 [En correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant