Yann #3

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*Point de vue Yann*

Voilà plusieurs jours que je supporte ce connard de Raphaël, pendant les heures de retenues. Ses conneries me gavent et sa façon d'être avec elle me fout hors de moi. Pourtant, jusque là, j'arrive plus ou moins à prendre sur moi... La question est : Jusqu'à quand je vais encore y arriver ?

Parce qu'entre la fois, où pour éviter de lui en mettre une, il a fallu que je me tire avant la fin de l'heure et la fois où il lui a lancé le mot suggérant qu'ils se retrouvent après les cours, ce n'est pas passé loin pour qu'il se prenne encore une dérouillée. Sans oublier le moment où on était tous les trois dans le bureau du directeur, après que je lui ai mis sa raclée et où il lui a encore manqué de respect...

Étonnement, je n'ai pas encore cédé à la colère...Ce qui est, une grande première ! Même si je n'en connais pas la foutue raison.

Comme pour les dernières heures de colles, elle s'assoit à côté de moi et je la regarde faire avec curiosité. Je continue de me demander pourquoi ce jour là, elle est venue me parler et pourquoi depuis elle s'obstine à garder une certaine proximité. Tout le monde me fuit alors, bordel, pourquoi elle ne fait pas comme les autres !

Mon portable vibre sur la table, devant moi et me sort de mes pensées. Je regarde vite fait le message que je viens de recevoir et le repose. Dans la foulée, un deuxième SMS arrive et cette fois je grimace en le lisant, tandis que je sens son regard insistant sur moi.

- Qui c'est ? me demande-t-elle, alors que je ne m'y attend pas.

Je ne répond pas et repose mon téléphone face cachée, tandis qu'elle fronce les sourcils. Sans savoir pourquoi, j'attrape un crayon dans sa trousse, sans lui demander quoi que ce soit, puis fait genre de griffonner, pendant que l'autre débile lui adresse des sourires et des clins d'oeils. Ma parole que s'il continu, il va se bouffer mon poing dans la gueule ! Bordel, pourquoi je réagis comme ça ? C'est pas comme si je la connaissais vraiment après tout...

Après quelques secondes, elle détache son regard de moi, puis commence à dessiner sur l'une des pages de son cahier. Comme des putains d'aimants, mes yeux ne peuvent pas s'empêcher de regarder ce qu'elle fait. Et le fait est, qu'elle dessine plutôt pas mal... Un personnage de manga prend forme sous mes yeux, et je suis comme un con, en admiration.

- Sympa, lancé-je, tandis qu'elle me remercie dans la foulée.

Elle m'apprend ensuite qu'elle a commencé à dessiner en primaire et que c'est une des rare choses qui la calme. Intérieurement, je souris, on est loin de ce dont moi j'ai besoin pour me canaliser...

L'autre abrutis de devant recommence ses conneries et tente de l'appeler pour attirer son attention, allant même jusqu'à siffler. Il a vraiment cru que c'était un chien ou quoi ?

Inconsciemment, mes doigts se resserrent autour du crayon et ma mâchoire se crispe, puis Raphaël se lève pour ranger son bouquin sur les étagères au fond de la salle.

Je le surveille du coin de l'oeil, c'est plus fort que moi je ne peux pas m'en empêcher. En passant, il s'arrête à côté d'elle, lui fait un clin d'oeil, puis lui frôle la main, avant de lui envoyer un putain de baiser de loin. Bordel, j'vais me le faire !

Elle sursaute et je comprend en regardant ma main, que je viens de péter son crayon en deux, tandis que l'autre couillon est mort de rire et je me promet qu'il ne le sera plus encore très longtemps. La sonnerie nous libère de cet enfer et comme un con, je range son crayon dans sa trousse, alors qu'il est complètement foutu. Elle m'observe, en levant un sourcil et le seul truc débile que je trouve a dire c'est : « désolé ».

Je me redresse, jette mon sac sur mon épaule et attrape le sien pour le porter comme j'en ai pris l'habitude puis la raccompagner jusqu'à son bus. Une sorte de petite routine qui c'est installée, qui me plait et qui me permet surtout de garder un oeil sur elle jusqu'au dernier moment... Avec l'autre, on ne sait jamais, j'ai clairement pas confiance.

Je marche à côté d'elle, sans dire un mot, jusqu'à la sortie, puis repère Raphaël, qui nous attend adossé au portail, sentant le coup foireux arriver.

- Mec, faut vraiment que tu te calmes, j'lui ferais rien à ta copine, me provoque-t-il.

Je lui adresse un regard mauvais, lui suggérant de fermer sa gueule et au moment où elle passe à côté de lui, je la voit se figer et se raidir tout à coup.

- Quoi qu'elle a un beau petit cul, en fait... rigole-t-il, fier de lui, alors qu'en la regardant, je comprend ce qui vient de se passer.

Elle se retourne vers lui et son poing se crisper, prête à en mettre une à ce connard. En une fraction de seconde, je me place devant elle, pousse violemment Raph, qui s'étale par terre et me baisse sur lui rapidement, lui donnant coup sur coup au visage.

En bruit de fond, je l'entendant. Elle me crie d'arrêter, mais c'est trop tard, j'ai cédé à ce qui fait de moi celui que je suis ces derniers temps. Et j'ai vraiment pas envie qu'elle voit ça, vraiment pas...

Je me tourne vers elle, pour lui ordonner de bouger, de monter dans son bus et je vois presque un éclair de peur traverser ses iris vert clair. Je savais bien qu'elle finirait comme les autres par avoir peur.

Elle recule d'un pas, puis s'éloigne lentement, semblant pourtant hésiter, pour ensuite rejoindre son bus et y monter, alors que je me déchaîne toujours autant.

Deux pions nous rejoignent et nous séparent, pour nous traîner jusqu'à l'intérieur. Mes yeux ne peuvent s'empêcher de la chercher et je la remarque à l'arrière du bus. Elle m'observe tandis qu'elle s'éloigne et son expression est indéchiffrable. Je n'arrive jamais à deviner ce qu'elle pense. Bordel !

𝕋𝕠𝕘𝕖𝕥𝕙𝕖𝕣 𝔽𝕠𝕣𝕖𝕧𝕖𝕣 Tome 1 [En correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant