Chapitre 9

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Depuis ce jour et cela tous les jours, il me raccompagne vers mon bus après chaque heure de colle et toujours en portant mon sac. Le fait que Yann soit à chaque fois avec moi, a le don d'agacer Raphaël, qui ne peut donc pas venir m'embêter comme il le voudrait.

Tous les jours, nous nous parlons et nous nous mettons à la même table à chaque heure de retenue, comme une habitude qui s'est installée seule, sans trop savoir comment. Raphaël continue de le chercher et essaye de le pousser à bout. Quant à moi, je fais de mon mieux pour ne pas que Yann tombe dans son piège. Il lui arrive même parfois à ma grande surprise, de me calmer moi, car j'avoue que Raphaël m'énerve pas mal aussi.

Il ne nous reste que quatre heures de colles, enfin non, il m'en reste quatre à moi. Yann lui, est en retenue jusqu'au mois janvier et cela déjà bien avant que cette histoire n'ait lieue. Mais je dois dire que le temps m'a paru court en sa compagnie.

Comme chaque jeudi pendant l'heure de colle son téléphone n'arrête pas de vibrer sur la table. Parfois, il répond agacé, parfois, avec le sourire. Et moi, je me demande à chaque fois de quoi il s'agit.
Entre lui et moi ce n'est pas non plus la grande amitié, mais c'est déjà beaucoup mieux qu'avant.
Son téléphone vibre une nouvelle fois.

- Qui c'est ? le questionné-je.

Il me regarde surpris, repose son téléphone face cachée sur la table et ne me répond pas. À la place, il attrape un de mes crayons de papier dans ma trousse, sans me le demander bien sûr et se met à griffonner sur sa feuille, tandis que Raphaël se retourne vers moi régulièrement en m'adressant soit un clin d'œil, soit un sourire. Chose que Yann ne manque pas de remarquer et qui commence à l'énerver.

Afin de passer le temps et surtout pour éviter de prêter attention à ce que Raphaël fait devant moi, je décide de dessiner comme le fait Yann et les traits d'un personnage de manga prennent alors forme sur l'une des pages de mon cahier. Yann le remarque, puis il se met à observer attentivement ce que je fais.

- Sympa... souligne-t-il.

- Merci, souris-je.

- Ça fait longtemps que tu dessines ? demande-t-il, l'air intéressé.

- J'ai commencé en primaire, c'est un des rares trucs qui me calme.

Voyant que nous discutons, Raphaël devient de plus en plus insistant à l'autre bout de la salle, m'appelant en chuchotant, en sifflant et j'en passe, pour attirer mon attention. En observant Yann un bref instant, je constate tout de suite qu'il a la main complètement crispée sur mon crayon de papier.

Soudain, Raphaël se lève afin d'aller ranger le livre qu'il avait pris en début d'heure sur l'étagère au fond de la salle.

En passant à côté de moi, il s'arrête un instant, puis m'adresse un clin d'œil tout en frôlant ma main de ses doigts et m'envoie un bisou de loin. Je sursaute en entendant tout à coup le bruit à côté de moi et lorsque je tourne la tête vers Yann pour voir de quoi il s'agit, je m'aperçois qu'il vient de casser mon crayon à papier en deux entre ses doigts.

Raphaël se met alors à rire, tandis que la sonnerie de la fin de l'heure retentit.
Yann m'observe brièvement, puis range mon crayon dans ma trousse.

- Désolé, lance-t-il, en grimaçant.

Je ne comprends pas très bien pourquoi il le remet dans ma trousse. Vu l'état du crayon, il ne me servirait plus à rien.

Comme à son habitude, il attrape mon sac après que j'ai fini de ranger mes affaires, puis nous marchons vers le bus. Cela me gêne un peu qu'il insiste pour le porter à chaque fois, mais il y tient, alors je le laisse faire.

Arrivée à la sortie de l'établissement, je remarque tout de suite Raphaël qui nous attend, dos appuyé contre le portail, un air de défis sur le visage. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai comme un mauvais pressentiment.

- Mec, faut vraiment que tu te calmes, j'lui ferrais rien à ta copine, lance-t-il à Yann.

Ce dernier lui adresse un regard noir, tandis que nous nous apprêtons a passer devant lui, puis, alors que je marche tranquillement, je sens quelque chose me frôler les fesses, au moment où je passe à côté de Raphaël.

- Quoi qu'elle a un beau petit cul en fait... lâche-t-il, fier de lui, alors que Yann comprend tout de suite en me regardant ce qu'il vient de se passer.

Je me retourne dans l'intention de lui en coller une bonne, mais je n'ai pas le temps de réagir. Yann prend les devants et le pousse violemment. Raphaël tombe à terre sur le dos et il se positionne déjà au-dessus, lui assénant coup sur coup au visage.

- Yann arrête ! laisse-le, il en vaut pas la peine, m'exclamé-je, dans l'espoir qu'il cesse de le frapper.

Yann m'ordonne alors de monter dans le bus, tandis qu'il continue de cogner l'autre abruti. J'hésite un instant à le laisser, quand il est comme ça, il fait vraiment peur. Sa colère a l'air de facilement prendre le dessus et il parait incontrôlable. Je suis totalement paniquée et ne sais pas quoi faire.

Voyant que je ne bouge pas, il me regarde une seconde fois.

- Putain, bordel, bouge de là ! crie-t-il a mon intention.

Au regard qu'il m'adresse, sévère et presque terrifiant, je recule dans un réflexe, puis hésitante, je finis par m'exécuter m'éloignant vers mon bus. Je me retourne tout de même une dernière fois avant d'y monter à contrecœur.

Cette bagarre est une nouvelle fois interrompue par deux surveillants qui surgissent en courant hors de l'établissement. Une fois Yann maîtrisé, ils les emmènent Raphaël et lui à l'intérieur, alors qu'impuissante, j'observe la scène depuis la fenêtre de mon bus qui s'éloigne lentement. Yann tourne la tête dans ma direction, tandis que l'un des surveillants lui saisit l'arrière de la nuque pour le faire avancer.

𝕋𝕠𝕘𝕖𝕥𝕙𝕖𝕣 𝔽𝕠𝕣𝕖𝕧𝕖𝕣 Tome 1 [En correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant