Chapitre 68

1.2K 84 16
                                    

Voilà trois jours que nous sommes rentrés et que nous enchaînons les soirées. Il faut bien que cette semaine de liberté serve à quelque chose et qu'elle soit animée. Je suis fatiguée, je n'ai dormi que quatre heures, soit une heure de plus que les deux jours précédents.

Toujours est-il que je me trouve en ce moment au fond d'un bus, sur la banquette arrière, en direction des Blocks où je dois retrouver Yann. Il est censé m'attendre à l'arrêt et nous rejoindrons Kévin au parc, à notre table habituelle.

Comme convenu, je lui envoie un message pour le prévenir que je suis en route et fourre mon téléphone dans mon sac à côté de moi.

Machinalement, je pose ma tête contre la vitre, mon regard se perdant sur les nombreuses façades d'immeubles et devantures de boutiques, qui défilent à mesure que le bus progresse. Ce spectacle devient rapidement hypnotique et je me résous à fermer les yeux... Juste quelques minutes, cela ne me fera pas de mal.

Le brouhaha des autres passagers s'évanouit, ne semblant plus qu'un murmure lointain, les secousses me bercent et me font vite oublier où je suis. Tandis que je somnole, je sombre cette fois dans un profond sommeil.

Soudain, je sursaute en entendant le klaxon d'un automobiliste impatient. Je mets quelques secondes à reprendre mes esprits, convaincue que je ne me suis assoupie qu'une dizaine de minutes, mais je déchante vite en regardant l'horloge digitale accrochée au-dessus du tableau de bord.

J'attrape mon sac à la hâte et me précipite vers le bouton pour demander au chauffeur de s'arrêter à la prochaine station. J'ai loupé celle où je devais descendre et je me retrouve cinq arrêts plus loin.

Et merde !

Lorsque les portes s'ouvrent et que je pose un pied à terre, je grimace en réalisant où je suis. Forcément, il fallait que j'aie la poisse jusqu'au bout, sinon ça n'aurait pas été drôle...

Je me trouve aux abords de ce que la plupart appellent le terrain vague. C'est le lieu le moins fréquenté des Blocks. Autant vous dire que ce n'est pas vraiment l'endroit où une fille devrait être, surtout seule. C'est ici que la plupart des dealers font leurs affaires, c'est aussi ici qu'on eut lieu la plupart des règlements de comptes qui ont mal tourné. Tout le monde sait que c'est LE coin à éviter.

Je reste plantée là, devant le vieux grillage qui délimite l'endroit, comme s'il s'agissait d'une frontière et l'observe hésitante. Je n'ai pas vraiment le choix, même si cela ne me plait pas, il va falloir que je le traverse.

Je passe la petite ouverture faite à travers la clôture et me voilà en terrain hostile. J'avance de quelques mètres, prudemment, puis attrape mon téléphone. J'affiche l'écran d'accueil et lâche un juron lorsque je vois que Yann a essayé de me joindre à plusieurs reprises et m'a envoyé de nombreux messages.

Je décide de consulter ma messagerie et elle me précise que j'en ai cinq sur mon répondeur.

Je les laisse défiler, me posant dans un endroit discret.

Message reçu à 13 h 35 : * Princesse, ton bus vient de passer, mais je t'ai pas vu descendre, t'as pris celui d'après ? Je t'attends, je bouge pas. *

La voix de Yann est calme, même s'il semble assez surpris et je passe vite au suivant lorsque la messagerie me le propose.

Message reçu à 13 h 48 : * L'autre bus vient de passer, t'es où ? Rappelle-moi. *

Cette fois, il paraît un peu plus tendu, mais reste relativement calme.

Message reçu a 14 h 51 : * Princesse, t'es où, j'ai pas de nouvelles, j'm'inquiète, rappel s'il te plait. *

𝕋𝕠𝕘𝕖𝕥𝕙𝕖𝕣 𝔽𝕠𝕣𝕖𝕧𝕖𝕣 Tome 1 [En correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant