1. Livaï

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– EREN POUR LA DERNIÈRE FOIS, LÈVE TOI !

Bien, il est à peine 7h30 du matin et je suis déjà obligé de crier. Mais si mon fainéant de fils ne se réveille pas dans la minute qui suit, je vais devoir employer les grands moyens et envoyer sa sœur Mikasa. Ils ont beau s'adorer, Eren en a la trouille, même à 16 ans.

– Tu veux que j'aille le chercher ? me demande Mikasa

– Étrangle le avec ton écharpe au passage, je lui réponds en me levant de table afin de déposer ma tasse de thé vide dans l'évier.

La jeune fille esquisse un sourire et se lève à son tour pour monter les escaliers en direction de la chambre qu'elle partage avec Eren.

Quand Mikasa avait 9 ans, sa mère, une cousine éloignée de ma famille, est décédée. Mikasa à alors été accueillie par une amie de sa maman qui était aussi une des miennes, la mère d'Eren, mais elle est morte un an après. Je me suis donc retrouvé à les prendre sous ma tutelle. J'avais seulement 26 ans à l'époque, j'étais assez loin de me douter de la tâche compliquée qu'allait être d'élever des enfants. J'ai dû d'urgence troquer mon petit appartement pour une maison à un prix abordable, et avec mes moyens, j'ai seulement pu trouver la maison dans laquelle nous vivons depuis maintenant 6 ans. Elle n'a que deux chambres. Au départ, je voulais que les deux gamins aient une chambre pour eux tous seuls, j'aurais investi dans un canapé convertible en lit pour moi, mais ils ont insisté pour partager leur chambre et donc m'en laisser une.

– B'jour, balance Eren avec une voix fatigué depuis les escaliers qu'il est en train de descendre, suivi de près par Mikasa.

– Si tu continues comme ça Eren, je te demanderai de mettre ton téléphone dans ma chambre tous les soirs pour éviter que tu ne reste trop tard dessus, le grondé-je. Te tirer du lit chaque matin pour que tu ailles au lycée commence à devenir franchement fatiguant.

– Je sais Livaï, pardon, c'est vrai que parfois j'abuse un peu du téléphone, mais j'ai aussi besoin de beaucoup de sommeil ! Je suis un ado après tout, tente-t-il de se défendre.

– Moi je me lève tous les jours à 6 heures du matin, réplique Mikasa.

– Argh arrête tu m'enfonce !

Je lève les yeux au ciel et lui sert un bol de céréales et un verre de jus d'orange alors qu'il s'assoit à table.

– Départ pour l'école dans 10 minutes, dépêche toi.

En attendant qu'Eren finisse son petit déjeuner, je fais un petit tour rapide des applications de type réseaux sociaux, les deux seules que j'ai installées en fait. Je ne poste jamais rien, mais je dois avouer que certaines de leurs fonctionnalités sont bien pratiques. Inutile de m'embêter à retenir les dates d'anniversaires car Facebook me notifie le jour même, et pas besoin de prendre des nouvelles régulièrement car mes proches ont tous l'air d'être des adeptes du concept de poster absolument tout de leur vie privée sur Instagram. Rien de bien intéressant dans l'onglet « story » de mes abonnements : quelques selfies, une photo de petit déjeuner et des vidéos du concert d'un chanteur oublié depuis longtemps auquel ma tante à assisté. Aujourd'hui ce n'est l'anniversaire de personne.

J'allais quitter l'application quand l'espace recommendation attira mon regard. En particulier la photo de profil d'un homme blond aux yeux bleu qui semble avoir à peu près mon âge — dans la trentaine donc. Il me dit vaguement quelque chose. Son profil est accompagné des mentions « vous le connaissez peut-être » et « vous avez 1 ami(e) en commun ». Intrigué, je m'apprête à cliquer sur la photo pour voir son nom et celui de notre ami(e?) en commun.

– Livaï c'est bon je suis prêt.

Concentré sur mon écran, l'intervention d'Eren me fit sursauter, mon doigt dérapa sur le smartphone, ce qui eut pour effet de rafraîchir la page.

– Bien, allons-y alors, je lui réponds.

Alors que Mikasa et Eren partent en courant en direction de la voiture, se battant comme à leur habitude pour savoir qui montera à l'avant, je jette un coup d'œil à mon téléphone. Le profil à disparu de mes recommandations.

Il est temps d'aller travailler. Je suis serveur dans un salon de thé. On ne peut pas dire que c'est le métier qui me correspond le plus, et j'aurais pu viser plus haut en terme de carrière, mais ce n'est pas le plus important. Le salaire est bon, temps que cela me permet de mettre un toit au dessus des têtes de Mikasa et Eren, je pourrais faire n'importe quoi comme boulot. Mon projet de quand j'étais adolescent de moi-même ouvrir un salon de thé est bien loin derrière moi. Et puis, ce travail n'est pas si horrible, voire limite même carrément supportable, et je pense que je ne suis pas mauvais dedans – ça fait un petit moment que je suis là et on ne m'a pas encore renvoyé en tout cas. Je sais faire le thé, servir les pâtisseries correctement, je sais bien nettoyer, mon comptoir est toujours niquel. Et en plus je peux boire du bon thé de qualité gratuitement. Le seul défaut qu'on pourrait me trouver, c'est que sourire aux clients n'est pas mon fort.

Je me dirige vers les vestiaires réservés aux employés pour me changer. Pour ce travail, l'uniforme est un t-shirt ainsi qu'un tablier aux couleurs du salon. Quand je commence à retirer ma chemise, j'entends un sifflement derrière moi. Cela ne peut être qu'une seule personne.

– Livaï, battit comme tu es, je ne comprends pas que tu sois encore célibataire.

– Tu es encore en retard Hange, je lance à ma collègue et amie.

– Roh ça va, je viens d'arriver et il me reste encore...

Elle jette un coup d'œil à une montre imaginaire à son poignet gauche.

–... Pas beaucoup de temps, mais ça va le faire, t'inquiètes, continue-t-elle. Mais je pense encore arriver en retard si je peux me faire remonter les bretelles par un beau jeune homme tous les jours.

Je choisis d'ignorer le clin d'œil que je distingues à travers les verres épais de ses lunettes.

– Continue comme ça et les autres vont commencer à penser que tu me harcèle au travail, lui dis-je en regardant rapidement notre autre collègue qui se change aussi à ma droite.
Dépêche toi de finir de te changer Hange.

Je prend la direction du comptoir après avoir noué mon tablier dans mon dos. Devant le salon, les clients les plus matinaux s'entassent. J'ai pitié d'eux, je n'attends pas l'arrivée de mes deux collègues et vais déverrouiller la porte, je retourne le panneau qui indiquait « désolés, nous sommes fermés » dans l'autre sens.

Parents - fanfiction Eruri Où les histoires vivent. Découvrez maintenant